Livre n°24

5.9K 588 61
                                    

Assis l'un à côté de l'autre sur un canapé dans le hall de l'hôtel, Hugo et moi attirons tous les regards des touristes et membres du personnel tandis que l'on est en train de se faire disputer par un écran d'ordinateur.

- Vous me décevez. Je vous laisse vingt-quatre heures tout seuls et vous n'êtes même pas foutu de faire la seule et unique chose que je vous ai demandé de faire avant de partir ! Alors ? Quelle est votre excuse ? J'espère que vous en avez une bonne tous les deux !

Ça fait vingt minutes que l'on est assis, sans pouvoir ouvrir la bouche et caser un mot d'explication et maintenant que Lucas nous demande de nous justifier, aucun de nous deux n'est capable de venir avec quelque chose. Par où commencer ? Doit-on lui dire tous les détails ? Les moindres détails ?

- Léon a été victime d'un vol. Il n'a plus son ordi ou son téléphone, lance alors Hugo, les bras croisés contre lui en regardant l'écran avec attention.

- Quelle genre de poisse est-ce là ? Dès le premier jour du séjour ?

- Il n'a pas eu de chance, c'est tout. C'est sa première fois à l'étranger.

Théoriquement non, j'ai déjà voyagé quand j'étais plus petit avec mes parents pour aller passer des vacances ailleurs, mais c'est vrai que "Zarbina" si c'est bien son vrai prénom, m'a complètement bluffé. Une actrice hors du commun !

- Et d'ailleurs, quand tu auras fini de nous passer un savon, on pourra peut-être aller au commissariat du coin porter plainte.

- Dis le Hugo si je vous dérange.

- Disons que nous sommes pressés par le temps.

Et pourtant, nous avons bien pris le temps de prendre le déjeuner dans la chambre ce matin. D'ailleurs, à peine Hugo a-t-il fini qu'il referme l'écran de l'ordi ce qui raccroche automatiquement au nez de Lucas. Il se lève, s'étire et lâche un soupir en me regardant.

- Fais-moi penser à envoyer un email à mon éditrice quand on reviendra. J'ai apporté quelques corrections sur le dernier chapitre que j'ai écrit et je veux lui en parler.

- Très bien.

Bizarrement, ni lui, ni moi n'avons parlé de ce qu'il s'est passé précédemment dans la chambre. Hugo fait comme si tout était normal, comme avant et moi dès que j'ai le malheur de poser mes yeux sur lui, toutes les images me reviennent subitement en tête. Comment suis-je censé aborder la question ? Déjà vais-je lui poser la question ? Je n'en sais rien. Je ne sais pas ce que lui ressent. Je ne sais pas ce qu'il pense. Je ne sais pas...Comme je le craignais, je ne sais absolument rien. Hugo reste une énigme dans sa grande majorité.

- Léon ? Ça ne va pas ?

- Non, non, je réfléchissais c'est tout. Bon, on y va ?

Je suppose que dans le monde des "adultes" ce genre de chose est plutôt anodine et que cela ne signifie rien. Peut-être suis-je supposé attendre son feu vert ? Un quelconque signal de sa part ? Le problème étant que je ne sais pas si je suis prédisposé à attendre Hugo maintenant. Je veux dire, Gros Minet a eu Titi, non ? Il a eu ce qu'il voulait et cela ne semble pas l'avoir marqué plus que ça.

Honnêtement c'est...

- Frustrant.

- Je te demande pardon ?

- Je veux que l'on parle de ce qu'il s'est passé dans la chambre et de ce qu'il va se passer à compter de maintenant. Je veux savoir. Je veux être prêt.

Il me regarde avec cet habituel petit sourire amusé, mais tendre à la fois. Ce même sourire que j'ai si longtemps voulu effacer ces dernières semaines de son visage satisfait. J'en rêvais secrètement.

Sous ta plume (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant