Sous ta plume (BxB)

Livre n°32

Revenir chez moi, dans mon propre appartement me donne la vague impression de m'être absenté une éternité. C'est toujours agréable de retrouver son "chez soi", son petit coin, toutes les affaires qu'on y a laissés. Moi je retrouve ma bulle, je retrouve le cocon que j'ai mis 3 ans à développer pour m'y sentir bien.

Être de retour me permet de mettre de côté les récents événements et je dois dire qu'à part un vague SMS de Lucas dès que je suis arrivé, je n'ai pas eu de nouvelles plus que ça de sa part. Que suis-je censé faire maintenant ? Attendre que ma convention de stage prenne fin bien gentiment ? Ne plus me pointer au bureau ? Qu'y ferais-je alors ? Hugo n'y sera pas. Lucas non plus. Ils seront forcément ensemble. Je devrais alors profiter de ce temps qui m'est alloué pour écrire mon rapport de stage. Il est temps.

Je m'attendais à ce que ce stage prenne fin, mais je ne pensais pas que ça prendrait fin comme ça. De cette façon, je veux dire. Peut-être que secrètement je me voyais avoir mon diplôme et continuer à travailler avec eux, mais c'était seulement dans mes rêves les plus fous. J'ai eu ce stage par hasard, par chance. Je l'ai eu parce qu'il fallait boucher un trou. Chose que j'ai faite à merveille. Oui, c'est ça, j'ai rempli mon rôle. J'ai fait ce pour quoi j'ai été payé.

Est-ce que c'est ça qui me fait aussi mal ? Le fait de me rendre compte de ce qu'à toujours été la réalité m'entourant ? Me suis-je réellement permis de rêver, de croire que peut-être...Oui. Honnêtement, je me suis senti comme si j'étais le personnage principal d'un quelconque conte de fées, mais hé ! Surprise ! Dans les contes, le prince trouve la princesse et s'en vont ensuite en chevauchant jusqu'à l'horizon pour se marier, vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants. Aucun conte ne fait mention du crapaud qu'on a laissé de côté.

C'est fou comme en si peu de temps, en l'espace d'un mois et demi, j'ai su accordé une si grande importance à cette histoire. Mes journées, mes pensées, mes nuits, tout a été monopolisé, réquisitionné pour et par la simple présence d'Hugo, mais il faut que je me fasse à l'idée que peut-être...sûrement même, Hugo ne devienne un jour qu'un lointain souvenir. Arriverais-je à faire de lui un souvenir après tout ça ? Je veux dire...Hugo tout entier m'a fait me remettre en question et l'espace d'un court instant, j'ai vécu la plus belle des vies à ses côtés...Saurais-je tourner le dos à ce genre de souvenirs ? Un être humain normalement constitué ne pourrait certainement pas fermer les yeux sur les instants les plus merveilleux de sa minable petite vie. Pas même moi.

Prêt à partir en direction de l'appartement d'Hugo, mon téléphone se met subitement à sonner ce qui m'arrête net dans ma démarche quand apparaît alors le numéro de Lucas. Je décroche sans plus tarder.

- Allô, oui ?

- Oh génial tu décroches ! Grande nouvelle Léon. L'éditrice a adoré les derniers chapitres que je lui ai envoyés, les tiens et on aimerait bien que...tu continues.

- Pardon ?

Alors, euh...non ? Le plan c'était d'avancer le roman pour satisfaire le dragon qu'est l'éditrice d'H-Ley, pas d'écrire l'intégralité du roman à sa place.

- Léon ? Tu m'entends ?

- Oui...c'est juste que...Enfin...

- Je sais que je t'en demande beaucoup, mais tu sais la situation est compliquée et Hugo...Eh bien, ça fait une heure qu'il est devant sa bibliothèque à se demander pourquoi il a autant de livres de "H-Ley" sur une étagère. Ce n'est pas évident.

- Je comprends, mais...

- Léon, je t'en supplie.

Léon, bonne poire qui ne sait définitivement pas dire "non" aux gens.