le paradis à deux

Partie 8

Le bateau entama un demi-tour maîtrisé, puis il se dirigea à une vitesse modérée vers la sortie du port. Ils passèrent entre les digues et une fois que le bateau les eut dépassé, il s'élança sur la mer. La française regarda peu à peu le port s'éloigner. Le soleil brillait haut dans le ciel et il n'y avait de nouveau aucun nuage. Juste le bleu des cieux.

Le vent fouettait le visage de Théodora et elle se cramponnait aux bancs du bateau pour ne pas glisser lorsque l'embarcation rencontrait des vagues. L'écume lui mouillait le visage et déposait des minuscules morceaux de sel sur sa peau. Pendant ce temps-là, Marvin discutait tranquillement avec Zach qui se tenait debout en équilibre au milieu du bateau, sans aucun appui. Iris manœuvrait avec aisance le navire, de la même façon qu'elle conduisait sa voiture, au seul détail près qu'elle glissait actuellement sur l'eau et non sur les routes.

Bientôt le bateau s'arrêta.Marvin jeta l'ancre, Zach bricola les bouteilles d'oxygène et Iris monta sur le rebord du bateau pour atteindre le toit de l'embarcation et déployer le drapeau de plongée. Ils commencèrent tous à s'occuper du matériel avec un air habitué. L'échelle fut abaissée,Les bonbonnes libérées...

-Zach, appela Iris, qui commence ?

-Dora et moi, répondit ce dernier.

A l'appel de son nom, Théodora sentit l'adrénaline se déverser dans ses veines. Elle était impatiente de plonger. Elle se dévêtit, se retrouvant en maillot de bain, puis enfila une combinaison de plongée que Marvin lui avait apportée. Zach s'installa à côté d'elle et commença à lui dicter les consignes. Sous l'eau, on ne parlait pas, si bien qu'il y avait des signes à faire. Pour dire que tout allait bien, il fallait faire un rond en collant son pouce et son index. Pour dire plus ou moins, c'était un mouvement de la main. Dans ces cas-là, c'était souvent parce qu'il y avait de la buée ou de l'eau dans le masque. Zach lui donna donc une technique pour évacuer l'eau de son masque,en appuyant fort sur le haut, au niveau de son front, et en expirant avec le nez. Pour le problème de la buée, il lui ordonna tout simplement de cracher dans son masque et de frotter avant d'aller le rincer. Habituellement, il fallait faire ça avec du dentifrice, mais la salive fonctionnait aussi.

Théodora obéit donc à Zach et plongea dans l'eau pour s'équiper de ses palmes et nettoyer son masque. L'eau était translucide, d'une transparence impressionnante et magique, ainsi qu'agréablement rafraîchissante. La française mit un instant la tête sous l'eau pour regarder les fonds marins.Des coraux, des couleurs, des poissons.

Quand elle releva sa tête hors de l'eau, Zach était entré dans l'eau, armé de deux gilets stabilisateur qui portaient chacune une bouteille d'oxygène. Elle en enfila un, imitant les mouvements du guadeloupéen, puis quand tout fut en place, elle lui donna son feu vert après avoir mis le détendeur dans sa bouche. Zach tira sur un objet sur son gilet, puis Théodora sentit qu'elle s'enfonçait peu à peu sous l'eau. Elle était tellement excitée qu'elle en avait du mal à respirer correctement. L'expérience en valait la peine, c'était fantastique.

Zach lui tenait le bras, la guidant vers les profondeurs de la mer. Quand elle entendait ses oreilles siffler à cause de la pression de l'eau, elle déglutissait,comme lui avait conseillée le guadeloupéen avant de plonger. Ils se rapprochèrent des coraux, tout en prenant bien soin de ne pas les abîmer. Théodora adorait regarder les poissons nager, nullement gênés par sa présence. Zach lui montra un murène qui lui fit la peur de sa vie. Elle observa des anémones, qui agitaient paresseusement leurs tentacules au gré du courant. Elle vit un diodon, qui se gonfla de pics quand Zach l'approcha, savant ce qu'il faisait. Elle admira un poisson-lion, si dangereux mais pourtant si majestueux. Son ami lui mit un oursin blanc dans les mains, lui désigna des oursins noirs. Elle toucha une étoile de mer et eut même le privilège de contempler des petits hippocampes, près d'un récif corallien.