La Dynastie

Chapitre 15

Taïr avait obstinément gardé le silence depuis leur rencontre avec son cousin Sezni. Teresa avait tenté de s'informer, mais elle avait fini par abandonner, se doutant d'un conflit qui s'était creusé au fil du temps comme elle et sa soeur Camille. 

Elle l'avait retrouvée toujours aussi silencieuse à son encontre, l'ignorant royalement, malgré les deux semaines passées chacune de leur côté. Leurs parents ne s'étaient pas rendus compte de la situation et cela valait pour le mieux, car Teresa ne souhaitait pas que sa soeur se mette à poser des questions auxquelles elle ne pourrait pas répondre sauf par des mensonges. Plus elle en dirait, plus il serait difficile de maintenir une histoire tangible. La jeune fille avait décidé de dire que sa faculté enseignait toutes sortes de matières artistiques, afin de justifier l'allure de certains étudiants que le couple avait pu croiser en venant la chercher ce week-end là. Sa mère détestait l'originalité dans les lieux publics sans une raison légitime telle que mardi gras ou Halloween.

-Je suis sure que ce sont tous une bande de drogués, avait-elle dit dans la voiture, la vitre grande ouverte. Deux étudiants s'étaient retournés, ce qui fit rougir la jeune fille.

-Je t'assure que non, maman, tenta de répondre Teresa, mais sa mère ne l'écoutait pas.

-Dans l'université de Camille, ils sont bien mieux habillés. Tu devrais prendre exemple, Teresa, et choisir une garde-robe plus professionnelle, cela montrerait que tu es une personne sérieuse. En plus là-bas, ils ont mis le wifi immédiatement et ils n'ont aucun problème de réseau ! Je m'étais fait un sang d'encre !

La jeune fille soupira, tandis que Camille arborait un sourire victorieux. Elle n'avait pas envie de commencer une dispute en décrétant que ceux qui faisaient primer l'apparence avant l'intelligence feraient mieux d'ouvrir leur esprit, et décida de rester muette, tandis qu'Olivia félicitait Camille pour avoir démarré de bonnes relations avec un cercle d'amis influents. Le trajet du retour se passa ainsi, dans les caquètements de sa soeur et de sa mère alors qu'elle gardait le silence. Son père lui se concentrait sur la route. Arrivés à la maison, Camille s'enferma dans sa chambre en décrétant avoir du travail à fournir, et Teresa dû aider au ménage seule, ce qu'elle avait craint, car sa mère se mettrait à l'interroger, ce qui ne manqua pas.

-Alors Terry, tu ne m'as pas parlé de ce que tu avais fait pendant ton absence. Comment c'est ?

-Oh, plutôt bien. Les cours sont assez prenants, je suis souvent fatiguée.

-Tu ne t'es pas fait d'amis je suppose, et tu ferais mieux, quand on voit qui fréquente cet endroit.

-Figure-toi que j'ai des amis, et quelques connaissances, répondit-elle du tac-au-tac, piquée par ces remarques acerbes. Ils viennent de familles importantes, tu sais.

-Ah oui, lesquelles ? L'intérêt de sa mère s'était réveillé, et Teresa regretta d'avoir ouvert la bouche.

-Ce sont des familles étrangères pour la plupart... Mais toi, qu'est-ce que tu as fait de ta semaine ?

Il n'en fallut heureusement pas plus pour qu'Olivia s'orientât sur ce sujet et raconte ses petits malheurs quotidien pendant une heure, et Teresa put enfin regagner sa chambre. En haut de l'escalier elle croisa sa soeur, qui guignait derrière sa porte. Elle lui jeta un regard dédaigneux et ferma sa porte au nez alors que la jeune fille s'était approchée. Poussant un nouveau soupir, elle alla s'affaler sur son lit et s'endormit aussitôt. Le reste du week-end se passa sans encombre, et Teresa put même apercevoir Oswald transformé une fois encore en félin pour voir si tout allait bien.

-Allez voir votre fils plutôt que moi, lui murmura-t-elle. Il a besoin de son père.

-Il s'est passé quelque chose de grave ? Demanda le chat dont les yeux se mirent à briller.