Chapitre 22

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Les jours passèrent, et Teresa ne put à aucun moment rencontrer le doyen. Elle se promena vers la tour Malgdiri, espérant l'y croiser, elle essaya même d'interroger Chani et Cosima lorsqu'elles passaient dans les couloirs, occupées à apporter un document ou à surveiller le réfectoire. Les fillettes restaient vagues sur le lieu où se trouvait le doyen, parce que c'était dans leur programmation de ne pas divulguer d'informations importantes ; en tout cas, du peu qu'elle avait pu en tirer, il n'était pas dans ses appartements. La jeune fille se demanda s'il ne faisait pas tout pour l'éviter, puis se dit que c'était absurde,qu'il devait être une personne très occupée alors qu'elle n'était qu'une étudiante parmi d'autres, étudiante à problèmes qui plus est. Mais le doute s'immisçait.

Cependant les cours continuaient, et Teresa dû s'en occuper plus que de jouer les détectives. Elle avait du mal à rester attentive, sa fatigue extrême lui valant de nombreux malaises que Mahalia et Taïr essayaient de cacher le plus possible afin de ne pas attirer l'attention, car ils étaient le signe d'un vol d'âme. Ses résultats en pâtissaient : lors des cours de metanimus, les méditations se transformaient toujours en siestes, comme lors des cours de projection ; elle arrivait à peine à dérober une épingle dans la paume ouverte de Mahalia pendant les cours de scappero ; elle avait confondu bons nombres de plantes pendant les cours d'herbologie, et n'arrivait pas à mémoriser les cartes environnementales en généobservance. Fort heureusement nombreux étaient les étudiants qui étaient dans le même cas qu'elle, mais cela ne lui plaisait pas de se retrouver dans cette situation par la faute de son corps ne suivait pas son esprit. Seuls les cours de généogéniologies ne faisaient pas totalement chuter son moral, car elle écoutait avec avidité l'Histoire de ce peuple dont elle faisait partie, cherchant désespéramment un lien entre eux et elle, un indice qui lui prouverait son lignage avec les Malgdiri, qui restait encore au stade de supposition.

-Au XI ème siècle, la famille Malgdiri fut nommée protectrice des génies, expliqua Mlle Asnaus ce jour-là, et en signe de respect, la famille reçu un titre honorifique utilisée seulement avec elle : Signore pour les hommes, Signora pour les femmes, Signorina pour les demoiselles. Ils seraient à jamais les gardiens de l'équilibre dont le nom perdurerait peu importe le sexe du descendant, avec l'aide des familles du cercle dont les capacités affiliées à deux éléments établissaient un ordre social : les Itnovsci à la force volcanique en faisait les meilleurs guerriers ; les Ervhona à l'énergie parfaite pour organiser notre défense et notre sécurité ; les Asobrug aux qualités de soin remarquables permettaient de veiller sur la santé de tous ; les Asnaus étendaient au rang mondial les arts et la culture ; les Dornateb sur les technologies et les Rosdniw sur les sciences théoriques et appliquées. Ce cercle se maintient encore maintenant, permettant à tous les génies d'occident de vivre tranquillement parmi les humains, tout en se mélangeant à leur quotidien. Il y eu cependant des conflits avec nos cousins orientaux, dont le système différait du notre : ils sont en effet des tribus reliées à un élément de la nature qui se rejoignent rarement, vivant de manière égalitaire loin des hommes. Ils ont un ambassadeur et des conseillers par tribu. Après plusieurs années de guerre civile, les deux peuples ont finalement signé un traité de non ingérence, tout en gardant chacun leur système. Tous les dix ans, la grande réunion,ou liqa', nous permet de nous retrouver et d'échanger, renouvelant ainsi notre déclaration d'amitié.

Teresa écoutait également dans une moindre mesure le récit des aventures de Sezni, le cousin de Taïr. Ce dernier rongeait son frein en l'entendant parler de ses multiples conquêtes et de ses visites dans les forêts du pays à la recherche des belles originelles, tandis que Mahalia buvait ses paroles. Cette situation n'était pas en faveur de leurs relations, et de nombreuses tensions régnaient entre eux. Taïr avait par exemple trouvé un stratagème pour faire enrager son amie, en allant jusqu'à aider Malvina dans ses devoirs. En effet, s'il y avait plus mauvaise élève que Teresa, c'était bien elle. La grande fille s'énervait facilement, n'arrivant à faire aucun des exercices proposés :elle était incapable de méditer, et encore moins d'être discrète.

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