rencontre nuageuse

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Le pavé gris était humide sous ses pas. La pluie tombait. Alors, elle ferma son parapluie. Elle n'avait plus besoin de cacher ses larmes, ayant retrouvé l'ami avec lequel elle avait l'habitude pleurer. Engouffrée dans son sweatshirt chaud et un peu trop grand, elle s'assit sur un banc, et commença à jouer avec la flaque qui se trouvait sous ses pieds. Ses baskets étaient trempées. Elle savait qu'elle tomberait malade, et en était ravie. Elle n'aurait pas besoin de prétexter un exposé à finir ou un cours à rattraper, afin d'éviter de rencontrer quelconque personne le lendemain. Grâce aux nuages, elle aurait la merveilleuse chance de rester dans sa bulle.
Un arc-en-ciel se dessinait sur la flaque. Elle attrapa un bâton délaissé sous un arbre, et tenta d'entremêler les couleurs en vain. Elles refusaient de cohabiter. Les gouttes de pluie la joignirent dans son essaie, mais toujours rien. Celles-ci ne créaient que de simples ondes éphémères parcourant la flaque.

Un inconnu, devant avoir son âge, vint s'asseoir à sa gauche. Pourtant, les autres bancs étaient libres. Cela l'agaçait beaucoup. Que lui voulait-il ? Ne voyait-il pas qu'elle voulait être seule ?

« Tu n'as pas froid ? C'est tout de même dommage de sortir avec un parapluie et une capuche, et de les abandonner pour te laisser tomber malade sous la pluie. »

Elle le dévisagea, se demandant si elle devait lui répondre, avant de s'y résoudre.

« Ce qui est dommage est de se protéger de la pluie. C'est vrai, tous se plaignent d'être coincés sur Terre, incapables d'aller plus loin, mais lorsque l'occasion se présente, et que les nuages viennent à nous, tout le monde se protège, ou fuit à l'abri. À l'abri de la chance de pouvoir toucher les nuages. Et le soir, seuls dans leur lit, ils regardent le ciel et rêvent de pouvoir les atteindre. Ils ne comprennent pas que, depuis toujours, les nuages solitaires, inlassables, deviennent pluie, afin de nous rendre visite. »

Ce fut au tour de l'étranger de la dévisager. Il ne s'attendait sûrement pas à cette réponse. Puis, il sourit.

« Tu as raison, je n'avais jamais vu les choses de cette façon. Et bien, je suis décidé, ce soir, je jette tous mes parapluies ! »

« Ne fais pas ça, qu'est-ce qui protégera tes larmes d'être vues par le monde ? Garde-les, et utilise-les lorsque la pluie s'arrête et que tu te sens seul. Ils te rappelleront que les nuages seront toujours là, même lorsque que le soleil brille, pour te tenir compagnie. Ils attendent simplement le bon moment pour tomber dans tes bras. »

L'étranger, après cette réponse, regarda son parapluie, puis, tristement, réalisant que la pluie s'était tue, l'ouvrit à nouveau, d'un air sceptique.

« Es-tu sûre de toi ? »

Le regard baignant dans les yeux de l'inconnu était le regard d'un enfant, inquiet de ne pas être censé croire en la promesse qu'il venait d'entendre.

« Évidemment ! »

À ce mots, un sourire décora à nouveau son visage.

« Très bien, dans ce cas, soyons seuls ensemble. »

En réponse à l'étranger, qui n'en était plus un, elle ouvrit son parapluie, qui joignit le sien, sous le ciel désormais ensoleillé.


musique ~ Wish, BTS World soundtrack

paint me a storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant