Huit agitait nerveusement sa jambe. Elle jeta un rapide coup d'oeil au plafond et soupira. Son père n'essayait pas d'améliorer ses souvenirs liés à cet endroit. Venait s'ajouter aux entrainements et aux tortures quotidiennes, une aiguille qui rentrait et sortait dans sa peau, perforant sa chair tendre pour graver à l'encre indélébile un parapluie sur son poignet. Quatre était déjà passé et il enlaçait Allison qui essuyait ses larmes de douleur. Deux était assis dans le fauteuil noir et ses yeux plissés sous la peur accentuait celle de la jeune fille. Il faisait tout pour oublier l'aiguille mais il ne pensait qu'à ça, elle ne remarqua bien lorsque Grace posa sa main sur le bras de Deux et qu'il sursauta violemment la faisant reculer. Qu'il ne s'excuse pas montrait l'intensité de son trouble. Huit remit une mèche de cheveux échappée de ses tresses derrière son oreille en se mordant les lèvres. Elle était la suivante et sa peur avait un goût amer, elle s'efforça de déglutir pour en faire passer le goût, sans succès. Un retroussa sa manche et frotta son poignet encore vierge, puis en s'apercevant du malaise de sa soeur, il posa sa main sur son bras et lui adressa un sourire encourageant. La brune le lui rendit en le remerciant tout bas, sa gorge nouée l'empêchait de parler. Le tatoueur annonça enfin qu'il avait fini avec Deux qui se releva en chancelant de soulagement.
La jeune fille se leva et se dirigea vers le siège en tremblant. L'homme lui passa un tissu humide sur le bras et attrapa son engin de torture. Il essaya de la rassurer mais aucune parole n'aurait pu apaiser Huit. Son coeur battait si fort qu'elle croyait presque qu'il allait jaillir de sa poitrine et venir s'écraser sur la tête du tatoueur qui se penchait sur son poignet. Dès que l'aiguille entra en contact avec sa peau, la métisse trouva la sensation si désagréable qu'une bile amère lui remontait le long de l'oesophage. Incapable de supporter cela sans broncher, son poignet perdit sa consistance et le bruit de sa pointe s'enfonçant dans le bois était l'un des plus satisfaisant qu'il lui avait été donné d'entendre. Le tatoueur recula brusquement, choqué et la jeune fille en profita pour se dégager tout aussi brusquement. Seul la rotation de l'engin de torture brisait le silence irréel qui s'était abattu dans la pièce. Huit baissa les épaules, sachant très bien ce qui l'attendait.
— Numéro Huit ! hurla le Monocle, qu'est-ce donc cette attitude inconcevable !
La main de son paternel s'abattit sur sa fine épaule et elle grimaça. L'adolescente se retourna et présenta son bras à Hargreeves qui enroula un bracelet de fer en dessous de son coude. La froideur du métal la fit frissonner et, en regardant ses pieds, elle partit se rassoir. Tous la regardait avec incompréhension. Le tatoueur haussa un sourcil et réessaya d'effectuer ce pourquoi on l'avait payé. Huit appela désespérément son pouvoir qui ne répondit pas. La douleur la transperça en même tant que l'aiguille et la métisse gémit. Cédant peu à peu à la panique, elle rappela son don et une autre décharge la foudroya. À moitié groggy, elle s'avachit sur le dossier et serra les dents. Dieu savait qu'elle détestait l'invention machiavélique de son père. Depuis qu'il avait vu qu'il n'avait aucune note se rapportant aux électrodes sur la numéro Huit, il avait bricolé un bracelet qui bloquait ses pouvoirs en lui envoyant une décharge électrique. La première fois qu'elle avait essayé, un hurlement de surprise et de douleur avait déchiré la nuit, faisant croire à l'académie que Huit avait été attaqué. Ils en avaient conclu qu'elle avait fait un cauchemar et elle avait trop honte pour leur dire la vérité.
Son tatouage passa bien vite et elle put se relever et elle boitilla vers le Monocle et agita son bras sous son nez. Certes, elle n'aimait pas utiliser son pouvoir, mais elle haïssait encore plus se sentir impuissante. Il ne lui adressa pas un regard et elle comprit que sa punition pour avoir défié, bien involontairement, un des plans de son paternel serait d'arborer son foutu bracelet toute la journée. Voire même plus.
Huit n'avait pas vu Un, Six et Cinq passer, trop occupé à ruminer. Ils se rassemblèrent autour d'elle et Trois osa poser la question qui les agitait tous,
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Numéro 8 "Spectre" •TUA•
Fanfiction1 octobre 1989. 43 naissances miraculeuses. 8 adoptions par Sir Reginald Hargreeves. "- Spectre ! Hurla le Monocle La jeune fille plaqua ses mains sur ses oreilles. Elle ne pouvait plus supporter ce nom, son cœur menaçait de se déchirer, ses yeux...