Twenty-two • Le Chef

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Jefferson : Quand on est poli on se retourne vers son interlocuteur, j'parle évidemment de toi la gonzesse.

J'aperçois Elliot serrer les poings. Je prends une grande inspiration avant de finalement me retourner, la tête haute. Lorsque nos regards se croisent, une colère inattendue surgit, je le regarde avec toute la haine qu'on peut accumuler dans une vie entière.

? : Mains sur la tête.

Ses disciples nous fouillent et s'approprient nos armes, nous ôtant toute chance de nous enfuir. Ils exigent par la suite que nous nous agenouillons sur le sol encore trempé par la pluie.

Elliot comme moi avons décidé de faire vœu de silence.

Ma vision reste bloquée sur l'être que je déteste sûrement le plus au monde. Celui-ci remarque mon regard rempli de rage et se penche vers moi.

Jefferson : Dis moi tout, on dirait que tu te retiens de me dire quelque chose ma belle.

-Qu'est ce que vous nous voulez à la fin ?!

Il m'adresse un sourire avant de se redresser.

Jefferson : De base, notre but était de tous vous tuer. Mais ... Le chef veux te voir vivant fillette, va savoir pourquoi.

Elliot : Votre chef ?! C'est pas sensé être vous ?

Il lâche un rire mauvais.

Jefferson : C'est flatteur mais je ne suis que le dirigeant du huitième quartier.

Du huitième quartier ... Ça veut dire qu'ils sont encore huit fois plus nombreux que ce qu'on avait vu. Quelque chose se passe dans ma tête. Je me rends compte qu'il sera impossible de se battre face à sûrement plus de cinq cents soldats comme eux.

S'ils sont obligés de me ramener vivante et que ce chef veut me voir, je peux peut-être tenter quelque chose.

-Je viendrai seulement si vous libérez les autres.

Elliot : Quoi ?! C'est hors de quest-

Toute la troupe se met à rire, ce qui coupe Elliot. Jefferson m'observe comme si je venais de lâcher la chose la plus stupide qui puisse exister.

? : Tu te crois en position de négocier ?

Un des hommes s'est arrêté de rire à pleine dent pour me menacer. J'essaie alors de prendre l'air le plus convaincant possible.

-C'est ma condition.

Je donne l'impression d'être forte et confiante mais c'est tout l'inverse en réalité.

Jefferson : Tu crois avoir le pouvoir entre tes mains ? Très bien, je te montre.

Jefferson fait un signe à l'homme qui s'est foutu de moi. Il disparait quelques secondes derrière le bâtiment.

Lorsqu'il revient, accompagné, je me rends compte que j'aurai mieux fait de me taire, mais comme d'habitude je m'en rends compte trop tard.

Je n'ose plus parler.

Elliot : Lâchez-les !

L'homme oblige ses otages, c'est-à-dire Rachel, Ethan et Chloé à se mettre à terre. Je ne vois pas Jason, je prie pour qu'ils n'aient pas réussi à le trouver.

De son pantalon, Jefferson sort un revolver, c'est à ce moment là que mon cerveau passe en mode « danger ».

Il s'approche dangereusement d'Ethan, ce qui fait augmenter mon rythme cardiaque et me pousse à réagir.

-C'EST BON ! C'est bon ... j'ai compris !

Jefferson : Je ne crois pas non.

Je ferme les yeux lorsque je le vois appuyer sur la détente. Je peux entendre les autres crier mais ce sont des bruits faibles. Les sons que j'entends deviennent lourds et flous. C'est comme si on venait soudainement de me retirer l'ouïe.

Je n'ouvre toujours pas les yeux, ayant trop peur d'affronter la dure réalité ; j'ai tué Ethan et Elliot ne me le pardonnera jamais, même si nous allons tous finir mort aujourd'hui.

Mais une sensation de rage et de dégoût m'envahie. Ce monstre a osé poser sa main sur mon épaule, ce qui me force à ouvrir les yeux pour me dégager de son emprise.

Je me tourne alors vers le cadavre au sol, entouré d'une flaque de sang. Ce n'est pas le corps d'Ethan...


C'est Rachel, elle s'est prise une balle dans la tête, parce que j'ai essayé de faire ma maligne.


Son corps est sans vie.


J'ai une mort de plus sur la conscience.


Il ne reste que nous, quatre gosses qui n'ont pas la vingtaine, entouré d'homme de main.

Malgré que je souffre de la mort que je viens de causer, les larmes ne coulent pas. J'ai juste le regard vide, comme à cette époque où j'ai perdu ma mère.

Jefferson : Là je pense que tu as compris. Notre ordre a été de te ramener en vie toi, pas les autres.

Je ne fais pas attention à lui, même si je sais qu'il doit avoir son foutu sourire, plus grand que jamais aujourd'hui.

Je me contente de fixer le corps inerte de cette jeune femme que je viens de tuer, Rachel.

Jefferson : Allez emmenez-les, on les laisse tranquilles ... pour le moment.

Je sens des mains me forcez à me relever, je ne résiste pas.

J'entends Elliot essayer de me dire quelque chose mais mon esprit est déjà loin.


Je le savais.

Je n'aurais jamais dû.


Pourquoi je ne m'écoute pas moi-même ? Je savais ce que c'était de perdre son groupe, pourtant j'ai voulu réessayer avec ces gens là, qui n'étaient pas comme les autres.

Et ça finit comme toutes les autres fois.

Non seulement je vais perdre mon groupe, mais aussi le garçon dont je suis tombée amoureuse, en y laissant ma vie également.












À suivre...


♣ La Marche des Morts ♣Où les histoires vivent. Découvrez maintenant