Chapitre 2 : Au pays des merveilles [1/2]

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Le corps de Mia atterrit lourdement sur le sol. Avant même qu'elle n'ouvre les yeux, une sensation étrange s'empara d'elle. Déjà,elle était vivante. Ensuite, l'atmosphère avait complètement changé. Durant les quelques secondes pendant lesquelles l'adrénaline anesthésiait complètement son corps, elle constata avec scepticisme que les choses prenaient une tournure pour le moins étrange.

Elle pouvait sentir de l'herbe lui chatouiller les joues et les pieds, les rayons du soleil caresser son visage et l'air pur de la nature s'introduire dans ses narines. Ce n'était pas vraiment ce à quoi elle s'attendait en chutant d'un toit d'immeuble en pleine ville.

Après la stupeur passée, ses membres douloureux commençaient doucement à se réveiller. Son visage se tordit en une grimace de douleur et ses muscles se contractèrent sous l'assaut de ses blessures.

Quand ses yeux s'ouvrirent, des petits points noirs dansèrent au dessus de sa tête. Son pouls tambourinait dans son crâne. La moindre tentative de mouvement équivalait à une lente agonie. Elle referma les yeux, sentant peu à peu sa conscience la quitter.

– Lily, tu vois ce que je vois ? pouvait-elle entendre à travers le bourdonnement de ses oreilles.

– C'est qui ? Tu la reconnais ? demanda la deuxième voix.

– Aucune idée. Oz, tu sens quelque chose ?

Mia n'entendit pas la suite de la conversation. Son esprit sombra dans l'inconscience, épuisé par la douleur.

Quand elle reprit finalement ses esprits, la première chose qu'elle constata fut qu'elle était couchée dans un petit lit confortable et qu'elle ne ressentait plus aucune douleur : disparue, remplacée par une lourde fatigue et par la sensation de n'avoir pas dormi depuis des jours.

Ses paupières se soulevèrent lentement, bataillant pour rester closes. Une fine pellicule floue sur sa rétine rendait sa vision trouble.

Elle essaya de se relever machinalement afin de s'asseoir avant qu'on ne l'arrête brusquement, une main plaquant délicatement son épaule contre le matelas moelleux.

– Doucement, doucement. Ton corps a encore besoin de récupérer. Tu étais dans un sacré sale état, tu sais. Rien qu'on ne puisse pas soigner, bien sûr, mais ton corps a subi un lourd traumatisme.

Elle reconnut la voix féminine de la clairière avant même de pouvoir observer son visage. Quand ses globes oculaires s'adaptèrent à son état éveillé et à la lumière ambiante, elle dut cligner plusieurs fois des yeux pour assimiler ce qu'elle avait en face d'elle.

Ça y est, elle était belle et bien morte. C'était la seule explication plausible que son esprit arrivait à trouver. La jeune femme ressemblait à un humain tout ce qu'il y avait de plus normal au premier abord. Des cheveux bruns, des yeux marrons, un visage fin, une silhouette élancée, une allure féminine. Normal.

Si ce n'était qu'une énorme paire d'ailes scintillantes et aussi fines que de la soie se balançait à l'arrière de son dos, encadrant sa petite personne.

– C'est quoi ce bordel ? C'est ça la vie après la mort ? marmonna-t-elle, la bouche sèche.

– Oh pardon, tiens.

Elle lui tendit un verre d'eau qu'elle empoigna tant bien que mal de ses deux bras fatigués, se relevant juste assez pour pouvoir boire correctement. Une fois vide, la jeune femme le lui reprit pour le poser sur la commode à côté du lit.

– Bon. Tu devrais te reposer, mais tu dois avoir pas mal de questions, je suppose. Je vais t'expliquer deux trois trucs, puis tu vas te rendormir. Pour commencer, moi c'est Lily, et non, tu n'es pas morte, dit-elle en souriant, trouvant probablement son cheminement de pensées comique.

Sa seule explication logique venait d'être réfutée. Un déguisement, alors ? Elle soupira, bien trop crevée pour commencer à élaborer d'autres théories. Autant écouter ce que Lily avait à lui dire.

– Je ne sais pas trop comment tu t'es retrouvée dans cet état. Tes blessures ressemblaient à une mauvaise chute. De plusieurs mètres. Honnêtement, si on t'avait trouvé quelques instants plus tard, tu serais sans doute morte à l'heure qu'il est. Une chance qu'on passait justement par là pour ramasser quelques herbes et qu'Oz ait flairé quelque chose d'inhabituel... bref, c'est pas important.

Mia n'était manifestement pas assez à bout de force pour retenir ses yeux de rouler en l'air. Lily semblait être une de ces personnes qui débitent un flot de paroles incroyable en quelques secondes, tout en ponctuant son récit de nombreux gestes de main pour illustrer ses propos.

Elle allait finir par lui donner mal à la tête avec son énergie débordante. La jeune femme lui rappelait beaucoup Eva. Cette pensée fit naître un sourire attendri sur ses lèvres. Imperturbable, Lily continua sur sa lancée.

– Plusieurs os cassés, quelques hémorragies internes, un vilain traumatisme crânien, et, en bonus, une bonne gueule de bois, ria-t-elle en lui faisant un clin d'œil.

Dire qu'elle avait envie de se cacher sous les draps en cet instant était un euphémisme. Cette sensation passa bien vite quand quelque chose lui vint à l'esprit.

Comment pouvait-elle ne ressentir plus aucune douleur alors que, d'après ce que Lily lui disait, elle ne s'était pas ratée ?

– C'est... comment c'est possible ?

– Hm ? Comment quoi est possible ? répliqua Lily, un peu perdue.

– Morphine ? Je suis shootée aux anti-douleurs ? C'est pour ça que je suis hyper fatiguée et que je vois des... des hallucinations ?

C'était comme si une ampoule s'allumait dans son cerveau. Mais oui ! Tout s'expliquait, à présent. Pas de douleur, des ailes, le délire complet...

Lily explosa de rire. Mia déglutit difficilement, le doute s'insinuant dans son esprit.

– Oh, bien sûr, tu n'as jamais vu de fée au travail, excuse-moi ! On n'utilise plus d'anti-douleurs depuis... on en a jamais utilisé en fait. C'est un truc d'humains, expliqua-t-elle, sa voix tremblotante de son hilarité passée.

– Pardon ? On est où, au juste ?

– A l'Arena. C'est... on t'expliquera plus tard. Écoute, tout ce que tu dois savoir pour l'instant, c'est que tu es saine et sauve et que ce n'est pas ton monde d'origine, ici. Je sais que ça doit te paraître complètement dingue, mais Vassili viendra t'expliquer tout ça quand tu auras regagné des forces. En attendant, essaye de ne pas trop réfléchir et dors.

Elle lui sourit et se leva pour quitter la pièce. Mia ne la quitta pas du regard, obnubilée par ses ailes se mouvant au rythme de ses pas, filant l'air.

Quand elle se retrouva seule, elle se laissa tomber lourdement sur le matelas et ferma les yeux.

– Je nage en plein délire, se murmura-t-elle.

Après avoir décidé de ne pas y penser pour le moment, elle sombra rapidement dans un sommeil profond.

Arena - Tome 1 : Le lien [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant