Chapitre 4 : L'Arena [1/2]

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–Mia ?

–Hm ? Répondit la concernée, perdue dans ses pensées.

Mia s'était allongée en attendant sa guide, les bras derrière la tête, et fixait le plafond depuis une bonne vingtaine de minutes à présent. Elle ne l'avait même pas entendue entrer.

En se relevant pour s'asseoir, elle put détailler la nouvelle arrivante : des cheveux roux mi-longs plaqués en queue de cheval, des yeux verts émeraudes, des petites taches de rousseur disséminées sur son visage, de fines lèvres souriantes et un petit mètre cinquante-cinq composaient sa personne.

Pas d'ailes, d'yeux rouges, de crocs ou autres bizarreries. Au contraire, tout en elle respirait la sécurité, la douceur et la confiance. Mia l'apprécia immédiatement.

– Je m'appelle Arry. Je vais te faire visiter les alentours et essayer de t'apprendre tout ce que tu as besoin de savoir pour vivre confortablement parmi nous le temps de ta présence ici.

Arry ponctua ses paroles d'un sourire accueillant et gesticula pour lui indiquer la sortie de la chambre.

Avant même que Mia ne puisse se lever, une énorme boule de poil bondit sur le lit et l'observa de toute sa hauteur en la reniflant. Elle eut immédiatement un mouvement de recul et déglutit difficilement en constatant qu'elle se trouvait devant un très gros chien qui ressemblait énormément à un loup. Autant dire qu'elle n'était pas très rassurée.

– Oz ! Descends, tu lui fais peur ! cria Arry en riant.

Après un dernier reniflement en bonne et due forme, il s'ébroua et ses pattes retrouvèrent le chemin du sol, à côté de la rousse. Celle-ci posa ses deux mains sur les joues de l'animal et les remua pour l'embêter. Il se dégagea rapidement de sa prise et éternua, l'air vexé.

– Excuse-moi. J'ai oublié de te présenter Oz. Il aime beaucoup être au centre de l'attention, n'est ce pas, Oz ? lança-t-elle à l'animal sur un ton moqueur.

– C'est un loup-garou ? s'enquit Mia, confuse, mais néanmoins rassurée qu'il ne soit pas venue spécialement pour l'attaquer.

– Oh non, pouffa-t-elle. C'est mon totem, affirma Arry comme si c'était la chose la plus logique au monde.

–Totem ? J'y connais rien à votre monde, je te rappelle... maugréa-t-elle.

– Excuse-moi, ton cas est un peu compliqué pour nous, puisque tout nous paraît parfaitement normal... Je suppose qu'on t'a déjà expliqué que nous sommes des êtres magiques. Cette magie touche également les animaux, apprivoisés ou sauvages. C'est un phénomène assez rare, mais cela arrive qu'un animal et qu'un être humanoïde se lient. C'est assez complexe à expliquer mais... imagine deux esprits ne faire plus qu'un. Bien sûr, nous posons des limites, sinon ce serait invivable. Si nous le voulons, nous pouvons communiquer à travers nos esprits, ressentir les sensations et émotions de l'autre, et notre espérance de vie est partagée. Nous sommes plus résistants et plus durs à tuer, mais quand l'un meurt, l'autre meurt également.

Mia opina du chef, réfléchissant à ce que la jeune femme venait de lui expliquer. Elle avait souvent vu ce genre de lien dans des livres ou des séries fantastiques, et avait souvent rêvé elle-même se lier avec un animal... Elle en était presque envieuse. Peut-être pourrait-elle également vivre cette expérience dans ce monde ?

– Bref, allons-y. Il est déjà dix heures, et j'aimerais te faire visiter les lieux avant que l'on puisse aller manger un morceau. Si tu as d'autres questions, nous en discuterons en chemin.

Les deux jeunes femmes quittèrent la chambre pour traverser un long couloir parsemé de portes en bois de chaque côté. Pour une école, elle était étonnée du nombre de chambres disponibles dans ce qui semblait être un mini-hôpital.

Cette observation lui laissa un arrière goût amer dans la bouche. L'offre et la demande. S'il y avait autant de pièces, c'était qu'il y avait beaucoup de blessés. Les tournois dont lui avait parlé Vassili ne lui paraissaient plus si inoffensifs et bons enfants que cela.

Elles dépassèrent rapidement le hall de l'infirmerie, qu'elle n'eut pas l'occasion d'observer outre mesure à cause du rythme pressé de la rousse. Tout ce qu'elle avait eu le temps d'apercevoir se résumait à une pièce en bois habillée de quelques tables et chaises du même matériaux, donnant une ambiance très cosy à la pièce qui semblait également servir de salle de repos puisque certaines fées, qu'elle reconnaissait à leurs ailes, discutaient tranquillement entre elles autour d'une tasse d'un quelconque breuvage qu'elle n'arriva pas à déterminer et de quelques biscuits. Celles-ci la contemplèrent discrètement lors de son passage, et certaines s'autorisèrent même à la saluer en souriant. Au moins, elles semblaient réagir de façon amicale à sa présence.

Les longs couloirs de briques grises étaient déserts. La structure ressemblait plus à un labyrinthe qu'à une école, pensa Mia en observant les alentours. Tous les couloirs et toutes les portes se ressemblaient, si bien qu'elle se serait rapidement perdue sans sa guide. Seuls des petits écriteaux à côté des lourdes portes en bois la renseignèrent sur l'utilité des pièces qu'elles dépassaient. Elles étaient pour la plupart de simples salles de classe.

– A cette heure-ci, la plupart des étudiants sont en cours, c'est pour ça que les lieux paraissent vides. Tu constateras rapidement que c'est une vraie fourmilière quand nous avons quartier libre, expliqua Arry en marchant.

– Vous êtes nombreux à... étudier ici ?

– Hm... Je ne pourrais pas te donner le nombre exact, mais ça doit avoisiner le petit millier.

– Tant que ça ? s'exclama Mia, stupéfaite.

– L'Arena est la seule université de ce genre à des centaines de kilomètres à la ronde. Comme elle regroupe toutes les populations, ça fait vite un paquet de monde.

Des frissons remontèrent le long de sa colonne vertébrale alors que la pensée d'être perdue au milieu d'un millier de créatures s'insinua dans son esprit. Allait-elle vraiment pouvoir vivre ici sans risquer la mort à chaque coin de rue ? Elle, la petite humaine sans défense, face à des êtres dotés de crocs, de griffes, et de magie ? Elle secoua la tête machinalement pour se débarrasser de ses craintes.

Ne montre jamais que tu as peur, se répéta-t-elle.

Arena - Tome 1 : Le lien [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant