Point de vue de Marquand
Il doit être au moins quatre heures du matin et je ne dors toujours pas. Fatigué de remuer dans le lit sans trouver le sommeil, je décide de quitter la chambre et de m'asseoir dans le canapé avec mon téléphone.
Brémond, brémond, brémond... je n'arrive pas à penser à autre chose. Je reste persuadé, bien qu'il dise le contraire, qu'il nous cache quelque chose et je suis bien décidé à trouver ce que c'est.
« Fred? »
Dans l'ombre du couloir apparaît la silhouette d'Alice, portant l'une de mes chemises sur elle. Elle me sourit et s'installe à côté de moi.
Alice: T'arrives pas à dormir?
Moi: Non...
Alice (d'un air taquin): Moi non plus... Reviens dans la chambre avec moi.
Je n'ai pas la tête à ça mais mon corps réagit de suite aux caresses de ma belle et à ses tendres baisers. Sentant que je n'allais pas tenir si elle continuait plus longtemps, je l'arrêta d'un geste de la main et elle fronça les sourcils.
Alice (étonnée): Tu me repousse?
Moi: Il faut qu'on parle, ça me préoccupe trop.
Alice: Attends, tu parles de Mathieu c'est ça?
Moi (hochant la tête): Ouais.
Alice soupira et se releva presque aussitôt.
Moi: Tu vas pas retourner avec lui? Hein?
C'est stupide je sais mais c'est le genre de question que je me pose et qui m'empêche de fermer l'œil. J'ai tellement peur de la perdre, je l'ai attendu si longtemps... Mathieu a toujours eu une emprise sur Alice que je ne comprenais pas et j'ai de quoi m'en faire après ses deux retours surprises ou elle est retombée dans ses bras en me laissant pour compte.
Alice (les yeux écarquillés): Qu'est-ce que tu viens de dire Fred?
Je crois que je l'ai un peu énervé. Merde. Même si elle reste très belle quand elle s'énerve, je préfère éviter l'incident diplomatique. Sans réfléchir, je la prends par la taille et la colle contre moi.
Alice: Tu crois vraiment que pourrais retourner avec lui? C'est toi que j'aime et tu le sais.
Moi: J'adore vous entendre dire ça madame le procureur.
Je suis fou d'elle, vraiment fou.
Alice (un sourire aux coins des lèvres): Allez, viens te recoucher.Point de vue d'Alice
Sept heures du matin, les enfants se réveillent. Comme d'habitude je me lève la première, je donne le petit déjeuner aux enfants et Fred s'occupe de les emmener à l'école. Alors que je rangeais la vaisselle, mon téléphone vibra sur le plan de travail. J'y jeta un coup d'œil: numéro masqué. Le numéro m'appelle une deuxième et je décide finalement d'y répondre.
« Alice?»
Pas besoin de réfléchir bien longtemps, je reconnais presque immédiatement la voix de Mathieu.
Moi: Comment t'as eu mon numéro?
Mathieu: Je l'ai trouvé sur l'annuaire. Écoute j'aimerais qu'on se voit, qu'on reparle de ce que je t'ai dis l'autre jour.
Moi (froide): J'ai beaucoup de travail.
Mathieu: Alice... s'il te plaît.
Moi: Je suis pas prête à discuter avec toi, laisse-moi du temps Mathieu.
Mathieu: Ça fait déjà une semaine... Je le reverrais quand mon fils?
Moi: Tu l'as abandonné pendant six ans, tu peux attendre encore un peu.
Ses derniers mots me donne un goût âmer et cela durant toute la journée.
En arrivant au bureau je n'ai qu'une envie: ne plus entendre parler de Mathieu. Je me plonge directement dans la paperasse et enchaîne les auditions des témoins. À la pause de midi je reçois un SMS du commandant qui me prévient qu'il m'attend sur les quais pour notre déjeuner. Sans attendre, j'attrape mon manteau et m'apprête à sortir mais la main de Victor m'attrape au vol.
Victor: Alice qu'est-ce qu'il se passe? Vous n'êtes pas comme d'habitude.
Moi (souriant timidement): Je vais bien Victor, je vous assure.
Victor: Bon d'accord... je ne vous embête pas plus.
Je le rassure en lui faisant un dernier sourire et quitte la pièce.
Le déjeuner avec Fred se passe tranquillement mais voilà qu'à quatorze heures, quand je rentre au palais, mon téléphone affiche à nouveau un numéro masqué. Un appel, deux appels... puis trois.
Victor me regarde de façon étrange et je me sens obligé de le mettre au courant de la situation.
Moi (me levant pour rejoindre le bureau de Victor): Vous aviez raison tout à l'heure, je... Voila, Mathieu est de retour.
Victor (bégayant): Q-quoi? Attendez.. v-votre Mathieu?
Moi: Il a débarqué à la maison il y a quelques jours... il voulait revoir Paul et pour le reste c'est un peu compliqué à expliquer.
Victor: Le commandant est au courant?
Moi (soupirant): Oui...
Victor: Comment il a réagit?
Moi: Je sais pas trop... il a l'air très perturbé, je crois qu'il a peur que je retombe dans les bras de Mathieu.
Victor se leva d'un bond et s'approcha de moi.
Victor: Vous n'allez quand même pas...
Moi: Pas quoi?
Victor (gênée): Bah euh... Vous remettre avec lui.
J'ai bien faillis m'étouffer en entendant ça.
Moi (d'un ton ironique): Vous savez quoi Victor? On va dire que je n'ai rien entendu. On bosse?
Bosser, je n'ai fais que ça pendant des heures. L'enquête se compliquait avec la présence d'un juge dans la liste des suspects potentiels. En pleine audition du juge LeBlanc, le téléphone fixe du bureau sonne.
Moi: Ou étiez-vous le soir où Nathalie Blanchard a été tuée monsieur le juge?
Victor (à voix basse): Madame le procureur, c'est important.
Victor me passa le téléphone et c'est un homme de la police qui se trouvait au bout du fil. D'une voix grave, il m'annonça:« Madame le procureur, je viens vous informer qu'Éric Solanas a été retrouvé mort ce matin. »