Spectralia

05. I don't know

Le professeur et Érik fixaient Beth. Ils l'interrogeaient du regard se demandant si la jeune fille disait la vérité. Elle tourna la tête, un peu contrariée d'avoir dû avouer ce secret qu'elle espérait garder. Elle n'était pas fière de cette capacité. Toutes sa famille lui répétait que c'était un don mais elle continuait à le cacher. Le fait d'avouer au professeur ce qu'il en était, c'était s'avouer à elle même que tout était réel.

Elle tourna à nouveau sa tête pour regarder les deux hommes dans les yeux avec un regard plein de doutes. Charles voulut parler mais se résilia. Il n'était pas évident pour eux de croire les paroles de la jeune fille mais Beth n'ouvrirait pas son esprit de ci-tôt.

« Alors ? Qu'en disent-ils ? »

Ses grands-parents attendaient la réponse avec autant de hâte qu'elle.

« Tu mens, dit Erik en interrompant ce silence qui paraissait interminable.

- Comment aurais-je pu avoir ces informations sur vous ? Je ne mens pas, tout ceci est bien réel, j'en suis profondément désolée.

- Ramènes les à la vie si tu dis la vérité.

- Je n'ai pas cette capacité... Et quand bien même, l'équilibre naturel aurait été rompu. On ne peut rien y faire. »

Erik tapa sur le bureau et jeta un regard plein de haine à Beth. Elle fit un mouvement de recule, la faisant s'enfoncer dans la chaise. La peine pouvait se lire sur le visage de ce pauvre homme qui cherchait en vain sa famille. Beth savait ce qu'il en était, elle aussi était passé par là.

Il finit par sortir du bureau, mais cette fois-ci, le professeur ne le retint pas. Charles le regarda s'en aller. Il se retourna vers Beth, cherchant sûrement une explication à la présence de ce pouvoir.

« Je n'ai pas forcément envie d'en parler, professeur. C'était un simple accident. J'ai vu cette femme et cette petite fille marcher derrière votre ami. Quand sa fille a levé les yeux vers moi et qu'elle a remarqué que je la voyais, j'ai senti qu'elle était morte trop tôt. Mais je ne peux rien faire, sincèrement. Je suis désolée. »

Beth se leva et marcha jusqu'à la porte. Elle regarda le professeur avec un regard plein de regrets et sortit de la pièce. Elle marcha jusqu'à l'extérieur et s'assit dans l'herbe. Elle n'avait pas le cœur à dessiner. Elle jouait avec ses pouvoirs faisant pousser quelques variétés de fleurs. Elle aurait aimé faire autre chose que de rester dans cette école ; elle avait besoin d'oublier tout ce qu'il venait de ce passer.

Peter vint la rejoindre et s'assit à côté d'elle. Il l'a regarda quelques instants.

« J'ai entendu ce qu'il s'est passé, je suis pas venu ici pour t'embêter ou pour plaisanter.

- Je l'ai pas choisi, j'en veux plus, j'en ai marre. Pourquoi est ce que ce serait un don, je vois ça plus comme une malédiction. Ma famille me dit que c'est un héritage et ma récompense pour être montée sur le trône mais je ne pense pas.

- Attends Beth, de quel trône tu parles ? Tu es une princesse d'un quelconque royaume ?

- Reine, enfin ancienne... Je viens pas d'ici, de la Terre. Je suis une sorte d'extraterrestre. Mais je t'en supplie, ne dis rien. Je m'efforce de garder le secret, ce n'est pas pour que tu ailles tout raconter à la première personne venue.

- Je dirais rien, mais je veux quand même savoir ce que tu fais ici alors.

- Après mon couronnement, il y a eu un incident. Un homme a essayé de prendre ma place et il a bien réussi. A cette époque, j'étais faible, insouciante et je faisais tout ce qu'on me disait. Être assise sur un siège incrusté de pierres précieuses était tout nouveau et je n'avais aucune idée de comment m'y prendre pour gouverner. Alors un homme a essayé de m'aider. Je l'ai écouté parce que ses conseils me paraissaient juste mais ce n'était rien, il s'assurait que tout allait être en place pour lui. A la première occasion, il m'a fait partir du trône et a pris ma place. Ma famille m'avait mis en garde mais je ne les ai pas écouté... Je n'étais pas préparée... Il m'a exilé et a décimé des tas de familles pour son plaisir. Aujourd'hui il contrôle tout le pays en un claquement de doigt... Je ne peux plus rien faire... Si je rentre chez moi je pourrais bien mourrir... Mais si je reste, mon peuple pourrait être éteint... Je suis face à un horrible dilemme mais je ne sais pas quoi faire...

- Je suis désolé pour toi, mais je ne peux pas t'aider, je ne sais pas quoi faire... Tu devrais peut être rentrer chez toi et essayer de reprendre ta place qui te revient de droit. Mais tu pourrais aussi rester avec nous et essayer de vivre une vie d'humaine, enfin de mutante, parois des mutants et faire parti de notre famille.

- Je ne sais pas... »

Beth replia ses genoux sur sa poitrine et y enfouit sa tête. Elle commença à pleurer, silencieusement. Elle espérait sincèrement que tout s'arrange mais elle continuait à croire qu'elle n'avait pas les épaules pour continuer.