Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme
Cet oeil où nage encore la vision du sublime
Marcher au hasard et gravir les sentiers rudes
Aller devant soi grisé par l'air des solitudes
La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles
Et depuis j'ai sombré dans la mer des étoiles
Ô supplice muet, que ta force est terrible
Mais je me plains à tort de tes effets invisibles
Sous les lustres de bizarres musiques
Presque au deuil des rêves léthargiques
Ils prolongent indéfiniment des plaintes éternelles
Pour que nous puissions les voir de nos prunelles
Ce fruit d'automne aux saveurs souveraines
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines
A tout autre degré, moins malheureux peut-être
J'eusse été, mais je suis ce que je devais être
Qu'un autre, mariant de coupables couleurs
Soit le peintre du vice, et le pare de fleurs
Le jour succède au jour et ils glissent sans laisser de trace
C'est un dernier songe d'amour dans mon âme et rien ne t'efface
Escalader la roche aux nobles altitudes
Se libérer enfin des vieilles servitudes
Je rêve aux doux étés qui demeurent
Mais ici tous les amours meurent