Où toujours l'espérance abusant ma raison
Je laisse mon esprit libre d'inquiétude
La fête de la Vie ou quelque nouveau désir
Me montrait le bonheur dans un vague horizon
D'un facile bonheur faisant sa seule étude
Nous pousse-t-il, crédules, au sabbat du plaisir ?
Ô toi qui m'apparut dans ce désert du monde
Comment de nos soleils l'inégale clarté
Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Ô toi qui brilla dans cette nuit profonde
S'abrège dans l'hiver, se prolonge en été
Où l'Espoir vainement mire ses astres d'or
Ô toi à qui j'offris mes premiers sacrifices
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs
J'attends sur les sommets de ces rochers antiques
Muses, soyez toujours mes plus chères délices
Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs
Il attend sur les bords déserts des lacs mélancoliques
Que t'importe après tout que cet ordre barbare
Les lèvres effleurent sans rien laisser de leur velours
Elle a la couleur de ma vague chimère
Que t'importe en quels lieux le destin se prépare
Pourtant je rêve aux baisers qui demeurent toujours
Ô toute poésie, ô toute extase, ô Mère
Sous ses nuages dorés, l'aube n'a plus de zéphire
D'un chant très profond de tristesse
Aimez bien tes nouveaux amours, aimes l'amour qui rêve
Sur les flots décolorés, la pourpre du soir expire
Il va pleurant comme une âme en détresse