Cœur de fer

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Elle se creusa les méninges et essaya de cerner son adversaire. Elle voyait cette déclaration d'amour comme un défi, un bras de fer verbal. Elle regarda profondément dans ses yeux et trouva la meilleure façon d'y arriver.

"Et toi, comment oses-tu me donner ce que j'ai toujours attendu ? Toi qui mourrais plutôt que de rendre les gens heureux ? Comment oses-tu m'aimer ? C'est un piège ? Un jeu ? Non bien sûr, sinon tu rirais ! Comment peux tu..... Tu m'aimes toi qui n'aime personne qui ne doit aimer personne. Tu me fais cet affront de rendre cet amour réciproque alors que je n'étais destinée qu'à aimer en silence et à souffrir comme j'ai toujours su le faire. Toi qui n'a pas le droit d'aimer, toi qui t'es fixé cette règle comme étant la seule que tu respectes tu l'as enfreinte pour moi qui ne la méritais pas ? Ça ne fait que te rendre encore plus désirable. Il sembleraient que nous soyons condamnés à s'aimer, forcés par un mystère incompréhensible à être attirés par une chose détestable. J'en ai assez d'être parfaite. Pour une fois je serai stupide et je me donnerai corps et âme à toi."

À ces mots elle se laissa à son tour tomber à côtés de lui. Il lui semblait avoir vu juste mais pas avec la même précision ni la même énergie que lui. C'était comme si elle avait du appliquer tout son talent et dépenser le maximum de ses capacités théâtrales comme intellectuelles pour accomplir moins que ce que lui avait accompli en en utilisant qu'une partie. C'est totalement épuisée et confuse qu'elle regarda l'audience les applaudir vigoureusement. Ils avaient l'air impressionnés et sans doute Teddy voyait-il maintenant l'avantage de mettre ces deux-là en duo.

Messire J, lui, était beaucoup moins angoissé que la dame. Au contraire, il trouvait hilarant ce public désinvolte déjà tant émerveillé alors qu'il n'avait même pas saisi la scène ni ses enjeux. Ils étaient éblouis par la partie émergée de l'iceberg. Qu'est-ce que ça serait s'ils voyaient tout le reste de ce qu'il c'étaient passé entre eux et qu'ils n'avaient pu percevoir ? En dehors de cet état de fait cocasse, il était forcé d'admettre que la petite était maligne. Presque trop à son goût mais ça ne faisait que pimenter le défi. Et il restait tout de même le maître de la situation puisque le public n'avait rien compris et qu'elle n'avait cerné qu'une petite partie de son être tandis que lui pouvait la lire totalement et sans le moindre philtre.

Teddy mit un terme à l'atelier et laissa les patients partir tandis qu'il prit Candice Grows à part pour lui murmurer quelque chose qui attisa la curiosité d'Harleen particulièrement quand elle crut entendre son nom dans leurs messes basses. Mais elle décida de partir en réalisant qu'il était très malvenu de sa part d'espionner les autres. Ignorant que le Joker se tenait non loin de la porte, Teddy la retint.

"Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle.

- Il y a une chose dont nous devons vous parler, Miss Quinnzel, répondit-il. Vous savez, le Joker a toujours été excellemment doué pour le théâtre, mais il a fait bien plus qu'à l'ordinaire aujourd'hui. Et c'est parce qu'il l'a fait avec vous, il avait prévenu. Je crois que pour une raison obscure vous lui faîtes de l'effet. Vous avez sans le vouloir une influence sur lui. Et ça m'a tout l'air d'être très positif. Je crois que vous aider à soigner ce patient incurable. De plus, vous êtes une jeune psychiatre talentueuse, très prometteuse je dois dire. Peut-être que vous êtes celle qui réussira là où tant ont échoué. Le prendriez vous à l'essai ?"

Le cerveau d'Harleen tourbillonna à toute vitesse. Avoir cet homme pour patient ? Elle pourrait apprendre tant de choses, et aider un fou à réintégrer ce monde ! Un esprit criminel, un grand psychopathe infaillible. Tout ce qu'elle avait toujours adulé sans pouvoir s'en empêcher. C'est justement pour ça qu'elle ne devait certainement pas accepter. Qui sait ce qu'il adviendrait de sa propre santé mentale ? Créer un lien affectif avec le patient est formellement interdit, mais comment ne pas en créer avec un personnage aussi captivant ? Il ne fallait surtout pas céder à cette tentation puérile. Et il y avait tellement d'autres raisons de refuser. Tant mieux pour elle, ne pouvant avouer celle-ci, elle énonça les autres.

"Je regrette, mais je vous demanderais de m'autoriser à refuser. Je n'ai encore aucune forme d'expertise ici, essayer directement avec le cas le plus compliqué de tout l'asile. Par ailleurs, on dirait bien qu'il a un lien affectif avec moi et ça nuirait à sa guérison. Si personne avant moi n'a pu le faire parler je n'y arriverai pas non plus parce que ça veut tout bonnement dire qu'il ne veut pas qu'on l'aide. Je l'ai su quand je l'ai vu, ce type n'a aucune envie de guérir. Et je n'ai.....aucune envie de m'exposer à tous les risques d'un suivi avec lui.

-Détrompez-vous. Ce gars-là n'a de lien affectif avec personne. Vous avez simplement du l'amuser ou l'intéresser et c'est un grand atout pour nous. Il ne veut pas qu'on l'aide mais peut-être qu'il veut que vous  l'aidiez. Je ne parle que d'un essai, un simple test pour voir si on peut finalement tirer quelque chose de lui. Et je vous fais confiance pour outre passer ces risques. Bien sûr si après l'essai vous souhaitiez arrêter parce que c'est trop éprouvant psychologiquement pour vous je comprendrais. Mais vous ne pouvez pas savoir avant d'avoir essayé ! Imaginez toute la gloire à obtenir en soignant l'homme le plus dangereux qui soit ? Ce type saccage Gotham depuis toujours et malgré tous nos efforts, rien n'a pu le ramener à la raison. Et enfin, après tout ce temps, une personne qui ne le laisse pas indifférent débarque. C'est peut-être la clé ! S'il vous plaît, acceptez Miss Quinnzel, vous êtes notre seul espoir...."

Elle soupira et réfléchi. Elle avait bien compris qu'elle était plus faible que lui lors de leur affrontement mental. Elle savait bien qu'il ne l'épargnerait pas : il n'épargnait personne. Et d'un autre côté, ce Teddy était en train de la prendre par les sentiments, et elle avait beau savoir que c'était une technique de manipulation, c'était une corde très sensible chez elle. Elle pouvait sans doute demander plus de temps pour réfléchir mais à quoi bon ? Ça aurait été mentir puisqu'elle réfléchissait en direct et très rapidement. Était-ce trop risqué de faire un essai ? Était-elle prête  à se mettre elle-même en jeu pour en apprendre plus sur cet homme fascinant ? C'était une décision trop complexe à prendre dans le feu de l'action, il lui fallait plus de temps. Elle répondit alors :

"Laissez-moi y réfléchir je vous répond demain."

Et elle se dépêcha de rentrer chez elle et de se jeter dans une douche d'eau glacée pour peser le pour et le contre.




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Voilà mes chous le chapitre 4 sort du four ! Avec une journée de retard j'en suis navrée j'espère qu'il est assez bon pour se faire pardonner. La suite sort normalement demain. Les choses sérieuses commencent ! ^^

Les dossiers de Gotham, Harleen QuinnzelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant