Les dossiers de Gotham, Harleen Quinnzel

Bataille

Par on ne sait quel miracle, Harleen s'était retrouvée devant la porte de la fameuse salle de consultation. Tout avait un air d'irréel comme si ce n'était pas sa vraie vie. Elle se demandait comment elle avait pu en arriver là. Comme un automate agissant pour elle, elle avait récité par cœur les règles à connaître au garde se tenant devant la porte blindée. Dans sa tête tournait encore dans un pêle-mêle incompréhensible un mélange de ce qu'elle avait lu sur son patient et de ce qu'elle comptait lui dire aujourd'hui.

Elle vérifia que tout était en ordre (de la racine de ses cheveux jusqu'à la pointe de ses bottes en passant par son carnet de notes et son stylo plume), pris une profonde inspiration, chassant sa peur intérieure et oubliant ce qu'il y avait autour grâce à son prisme de réflexion intense et se décida enfin à pousser la porte.

L'intérieur était assez froid et humide. C'était une salle lugubre et délabrée cachée au sous-sol de l'asile. Les murs d'un gris virant soit au blanc soit au noir par endroits donnaient un aspect de mansarde à la pièce. On ne distinguait aucune ouverture vers l'extérieur hormis la lourde porte de métal blindé qui s'était aussitôt refermée sur le passage de la jeune femme. Du plafond pendaient des néons blancs qui renforçaient la sensation de froid et étaient la seule source de lumière, ainsi que quelques toiles d' araignées. Le seul mobilier disponible se constituait d'une table toute simple et de deux chaises de part et d'autre, trônant au centre de la salle. Et bien sûr, un Joker ni attaché ni menotté -vraiment étrange de leur part, pensa Harleen- sur l'une d'elles, attendant sagement sa psychiatre, ses grands yeux noirs égarés au plafond.

Harleen força un sourire aimable (très peu à l'aise dans cet endroit dans lequel son patient devait certainement se sentir tout-à-fait chez lui, contrairement à elle) et alla s assoir en face de lui en disant avec un calme feint "Bonjour, vous me connaissez déjà, je suis Harleen Quinzel, votre psychiatre pour l'essai d'aujourd'hui."

Le Joker, comme secoué d'une décharge électrique, décrocha soudainement son regard et son attention de son araignée au plafond pour observer attentivement la femme qui lui faisait face.

- Bonjour, vous me connaissez déjà, je suis le Joker, votre nouveau patient. Je vais patienter avec vous pour cette séance et celles qui suivront. Un patient c'est ce qu'il fait, il attend. Mais la différence entre les patients normaux et les patients un peu dingues comme nous, c'est que eux savent ce qu'ils attendent. Nous, on attend mais on ne sait pas après quoi. Alors dans le doute j'attends après les médecins. Jusqu'à présent j'ai attendu mais rien ne s'est passé, enfin je crois. Sauf pour ceux qui ont mis fin à leurs tristes jours, là il se passe quelque chose mais je suis le seul à trouver ça marrant et  à quoi bon attendre quelque chose qui n'est pas drôle ? Alors allez-y, Miss Quinzel, je vous attends.

- Et la guérison, vous trouvez ça marrant ? Car si des séances suivent à celle-ci, répondit-elle en souhaitant intérieurement le contraire , c'est bien là que je compte vous mener. Mais il faut que vous soyez d'accord, si vous ne voulez pas guérir, il est évident que personne n'a réussi ni ne réussira à vous soigner.

- Me soigner de quelle maladie ? De la folie ? Je m'en tire très bien comme ça je n'ai pas l'impression d'avoir besoin d'aide....D'ailleurs souvent les docs qu'on m'envoie en ont bien plus besoin et c'est moi qui finis par les aider...enfin ça dépend des points de vue et les gens normaux considèrent sûrement que se tuer ou devenir un peu....frappa dingue ! n'est pas une nette amélioration de sa condition...Pourtant la folie ou la mort restent de belles échappatoires au monde dans lequel on vit....et vous...qu'en pensez-vous...? Avez-vous déjà essayé ? Quoi qu'il en soit, essayez de me guérir si vous êtes sûre de n'avoir rien à perdre après tout je pourrai m'amuser un bon coup ! Et puis...qui sait...peut-être que vous, vous y arriverez ?"