10h47 - YACINE

42 4 2
                                    

- C'est pas la pote de ma cousine, Anna ?

Mohamed parcours Instagram pour découvrir l'identité de la dernière fille qui m'a demandé de sortir avec elle ; je ne pourrai pas dire qu'il y en a des tonnes, mais quand même un nombre largement supèrieur a celui des lycéens lambda. Ma sœur m'a dit que c'était parce que j'étais vraiment super beau ; Mohamed a dit que j'avais ma part de mystère. Je ne sais pas lequel est le plus absurde ; je ne pense pas que l'on sort avec quelqu'un juste parce qu'il est vraiment super beau ou qu'il a une part de mystère.

- Je sais pas, pourquoi ?

- Elles sont ensembles sur presque toutes les photos, regarde : celle la, Anna et Amel, celle la, pareil, et encore une, avec une autre fille, mais elles sont toujours toutes les deux.

Je hausse les épaules ; mon meilleur ami a cette manie de chercher le plus d'informations possibles sur les filles qui veulent sortir avec moi, afin d'avoir un vrai dossier pour peut-être pouvoir les pécho ensuite, je ne sais pas vraiment, à vrai dire.

Nawfel et Riad arrivent, et je ne peut réprimer un soupir ; je les aime bien, mais je n'irai pas jusqu'à dire que ce sont des amis ; en fait, seul Mohamed est un véritable ami. J'ai beau être à peu près connu de tous au lycée – pour une raison que je n'arrives pas vraiment à définir, peut être parce que je suis vraiment trop beau, que j'ai ma part de mystère, ou que je suis bien parti pour me qualifier au final du tournoi de foot – mais je n'ai pas beaucoup de vrais amis, a qui me confier. Les filles viennent pour espérer quelque chose avec moi et les garçon pour que les filles espèrent quelque chose avec eux. Mais personne parce que j'ai l'air sympa, drôle ou je ne sais quoi.

Un garçon passe devant nous, la tête rentrée sous ses épaules et sous sa capuche, accompagné des ricanements moqueur et les regards de mes amis. Si ce ne sont pas ces grands yeux verts ou ses cheveux en bataille qui me permet de le reconnaître à chaque fois, c'est bien ça : le ricanement des gens, et parfois, les remarques. Je ne peut pas imagniner à quel point cela doit être dur de vivre ça tout le temps ; l'isolement, les moqueries, les regards. Cela ne m'est jamais arrivé, évidemment. Pourtant, je sais qu'à quelques évènements près, ce serait moi qui serait à sa place. On a tous quelque chose qui ferai de nous quelqu'un de trop différent ; seulement, seuls ceux qui osent l'avouer se retrouvent à la place des boucs-émissaires et des têtes de turcs.

- C'est dingue qu'il ai pas honte, Nathan.

- Il s'appelle Arthur, je ne peut m'enpécher de répliuer.

- C'est vrai, enchaine Mohamed, il s'appelle pas Nathan.

- On s'en bat les couilles, de toute façon, non ? Ricane-t-ils en coeur.

Moi, je ne peut qu'esquisser un sourire contrit ; je n'ai pas vraiment le coeur à me moquer de ce que fait un autre dans sa vie privée.

Rapidement, Riad et Nawfel s'en vont, me laissant de nouveau seul avec mon meilleur ami.

- Ca va, mec ? Tu as pas l'air top.

- Si, si, tranquille.

- Tu sais que si il y a un truc, tu peut m'en parler, hein ?

Bien-sûr. Comme si je pouvais vraiment lui parler de ce truc et qu'il le prenne bien, me soutienne et reste toujours mon pote. Comme si ça ne changerai rien entre nous, absolument rien. La vérité, c'est qu'on ne sait jamais comment on réagira avant de vraiment faire face.

Ta différence deviendra ta force  ~ 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant