20h34 - SARAH

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Comme d'habitude, je suis seule. Avec le temps, je m'y suis habituée. La vérité, c'est que je préfère rester seule qu'avec des gens qui me fatiguent et me jugent à longueur de journée ; à vrai dire, c'est déjà mon quotidien.

Depuis mon arrivée au foyer, la disposition de ma chambre n'a pas changé d'un poil. En théorie, les meubles restent au même endroit dans toutes les chambres, mais au bout de cinq ans ici, je ne pense pas que quelqu'un s'en inquiéterait réellement. Mais si les meubles n'ont pas changé, les murs, eux, n'ont fait que ça. Ce n'est pas ma faute, je ne peut pas m'en empêcher. Avant, mes murs étaient ceux de n'importe qui : quelques photos et deux ou trois posters. Sauf que depuis que je suis arrivée en foyer,je n'arrive pas à m'empêcher de couvrir chacun de leurs recoins. Entre les photos, la peinture, le scotch et les collages jusqu'au plafond, un inconnu ne devinerai même pas la couleur du papier peint. C'est plus fort que moi, je ne peut pas m'empêcher de toujours les peindre, les colorer et les décorer ; comme si tout ce que je ne pouvais pas exprimer avec les autre se retrouvait ici, projeté sur mes murs.

Mon étagère déborde de livres ; je les connais tous par cœur à force de les relire. Avant, j'en achetais de nouveaux très souvent ; maintenant, je ne fais que relire les mêmes en boucle jusqu'à n'en plus pouvoir.

Mon placard lui, est entièrement noir ; pas a cause de la couleur du meuble, mais à cause de ce qu'il contient. En effet, aucune autre couleur n'apparaît. En réalité, tous mes vêtements sont pratiquement identiques ; des sweats larges noirs, les jeans noirs et des bonnets noir. Je ne veut absolument pas me faire remarques, pour pas que des gens ne viennent me parler.

Je ne suis pas timide maladive, je ne suis pas une rebelle du système qui ne parle qu'aux gens qui en valent la peine, non ; je veut juste être épargnée des discussions avec les autres qui ne génèrent que de l'ennui en moi.

Pourtant, avant, j'étais la fille la plus sociable du monde ; des tonnes d'amis et un talent

exceptionnel pour que les inconnus m'aiment immédiatement.

Pourtant, aujourd'hui, tout à changé. Vraiment tout. Fini les villas sur la Côte d'Azur, les après-midi dans la piscine et les concerts de violoncelle aux fêtes du collège.

J'ai continué de jouer du violoncelle et mon niveau n'a fait que se perfectionner ; par contre, j'ai totalement arrêté de chanter. Les murs du foyer sont fins comme du papier et je n'ai pas vraiment envie que quelqu'un m'entende.

Au début, je pensais que je ne serai plus jamais heureuse. Que parce que maintenant, je vivais dans un foyer de banlieue, ma vie resterai de la merde pour toujours.

J'avais tord.

Alors bien sûr, la vie n'est pas entièrement rose, et je ne pense pas qu'elle le soit pour un seul des ados qui habitent ici.

Si mon arrivée ici m'a bouleversé, elle m'a surtout ouvert les yeux ; je me suis rendue compte de plein de choses, sur moi, sur le monde, sur les autres. Je n'arrive pas à comprendre comment j'ai pu rester aussi longtemps ignorante et fermée au monde.

Ta différence deviendra ta force  ~ 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant