Je n'étais quasiment jamais allé sur le toit de mon immeuble avant, à part quelques fois pour visiter. Il n'y a rien d'incoryable, pas de couché de soleil ou de ciel étoilé, juste des immeubles et un terrain de foot et de basket avec les paniers arrachés. A vrai dire, il n'y a pas grand-chose à faire ici, à part... rien.
Pourtant, ce soir, j'y suis allée, pour une fois. Je ne sais pas ce que je pensais y trouver, mais au bout de cinq minutes assise par terre à ne rien faire, je pensais sèrieusement à rentrer chez moi.
Mais au moment ou je me relevais, une silhouette est apparue.
- Ah, tu es déjà là.
Je n'avais aucun mal à la reconnaître vu sa réputation au lycée et son phyique plutôt reconnaissable : une silhouette plutôt... imposante et des cheveux bleu électrique coupés au carré. Vu sa phrase, on aurait pu penser que j'avais, je ne sais pas, un rendez-vous régulier avec elle, mais je n'avais aucune idée qu'elle allait arriver.
- Non, je... J'allais partir.
Je me lève et l'observe s'adosser à la cage d'escalier qui dépasse du toit.
- Tu veut rester ?
Comme je ne peut jamais m'empêcher de trop réfléchir, j'ai commencé un combat intérieur dans ma tête pour savoir si je devais rester ou pas.
- Tu t'appelles Amel, non ?
- Euh, ouais. Amel. C'est mon prénom.
- T'inquiète pas, rétorque-t-elle, je ne vais pas te sauter dessus. Tu sais, c'est pas parce que j'aime les filles que j'aime toute les filles. Tu peut me parler normalement.
- Bah ouais. Ouais. Je parle normalement.
Je suis restée quelques secondes, assise, sans savoir quoi faire.
- Toi, c'est Nadia, non ?
- Comme si tu ne le savais pas...
Bien-sûr, que je sais qui elle est. Au lycée, il y a les populaires, comme Yacine ou Zineb, les invisibles, comme moi ou Anna, et les autres ; ceux qui sont connus, mais pas pour les bonnes raisons ; Nadia la grosse lesbienne, Arthur le gay, Tabria la salope... La liste est longue.
Nous restons toute les deux immobiles, sans savoir quoi dire ; elle ne semble pas spécialement gênée, contrairement à moi qui ne peut pas m'empêcher de tordre mes doigts dans tous les sens.
Soudain, derrière la cage d'escalier qui mène au toit, retentit un bruit, comme si quelqu'un se cognait, suivit d'un « Aïe, putain ! »
- Il y a quelqu'un ?
Alors, une silhouette se dessine ; petite et mince. Au fur et à mesure qu'elle s'avance, je peut distinguer son sweat noir et ses cheveux blonds.
- Qu'est ce que tu fais là ? Demande Nadia, qui semble la connaître.
- Je voulais profiter du soir, derrière la cage d'escalier.
Voyant que son argument ne nous convainc pas vraiment, elle se reprends :
- Ok, c'est pas vrai. Je voulais juste voir pourquoi tu venais surement sur le toit.
Encore une fois, aucune de Nadia et moi ne réponds.
- Je peut partir, si vous voulez. Vous avez genre... Une relation cachée ?
- Quoi ? Je m'emballe immédiatement, non, je venais juste voir, et après elle est venue. On s'était jamais parlé avant.
- Décevant. Je peut rester, du coup ?
Nadia hoche la tête, et la fille vient s'asseoir à côté de moi.
- Mais du coup... je commence, tu es qui ?
- Moi ? Je m'appelle Sarah Vaudeleau, j'ai 16 ans, je suis en première, j'aime bien peindre sur les murs. Je n'habite plus avec mes parents depuis que j'ai 14 ans, et j'ai arrêté de leur répondre au téléphone. J'adore lire les pages Wikipédia des troubles mentaux. J'ai découvert ma bisexualité en arrivant ici parce que je ne savait même pas que ça existait avant. J'ai une obsession étrage pour Grigori Raspoutine, le conseiller du Tsar Nicolas II, qui pour anecdote, aurait sois-disant son pénis de 29 centimètre dans un musée en Russie. Le pénis de Raspoutine, pas de Nicolas II. Ah oui, et j'ai pas toujours été aussi bizarre, c'est assez récent. Deux ans, à peu près.
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Ta différence deviendra ta force ~ 1
General FictionYacine est populaire. Au lycée, les gens savent ce qu'il est et qui il est. Et il n'y a rien, absolument rien, qui pourrait faire tache à ce tableau. Surtout pas un amour beaucoup, beaucoup trop passionné. Amel est comme les autres filles. Elle aime...