petit prince | vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖔𝖎𝖘

    Jungkook n'était pas allé en cours. 

    Il avait fait un crochet par sa chambre étudiante pour déposer ses affaires et pour prendre son sac de sport. Le sang dans ses veines bouillait. Il était loin d'être calmé, même avec le souvenir du regard déçu de Seokjin. Au contraire, cela raviva sa rage, et il se dirigea d'un pas rapide vers le gymnase. 

    Le bâtiment était énorme. Une partie était utilisée par les étudiants qui avaient pris l'option sport, et l'autre simplement par des sportifs. Le brun avait de la chance, l'université avait mis en place un côté dédié aux sacs de frappe. Ils n'étaient pas beaucoup utilisés, simplement par deux-trois types voulant impressionner leurs amis ou leur copine. 

    Lorsqu'il arriva, le lieu était désert. Il se changea dans les vestiaires, sa langue appuyant nerveusement contre sa joue. C'était un réflexe qu'il avait attrapé au fil des années, au grand dam de Seokjin qui lui frappait la nuque à chaque fois qu'il le faisait. 

    Cette fois-ci, il prit le soin d'enrouler des bandes autour de ses phalanges puis enfila des gants, pour protéger ses poings abîmés un maximum. Il était au courant qu'il finirait par se blesser beaucoup plus sérieusement, mais il ne pouvait s'en empêcher. Frapper était devenu une sorte d'échappatoire, un moyen de se défouler. Il pouvait passer ses journées à taper contre un sac de sable suspendu au plafond, plongé dans ses pensées. Il réfléchissait beaucoup mieux quand il boxait. 

    Le regard de Jungkook rencontra celui de son reflet dans le miroir, et il s'arrêta un instant. Ses émotions étaient confuses. Un sentiment de dégoût monta en lui et il détourna ses yeux larmoyants. S'il devait dire franchement ce qu'il pensait de lui, le jeune homme dirait sûrement qu'il était déçu de ce qu'il était devenu. Un étudiant défiguré, incapable de gérer sa colère, qui n'avait confiance qu'en deux personnes, lui-même et Seokjin. 

    Un éclair bleu traversa son esprit, la couleur des cheveux de Taehyung. Il lui avait semblé gentil au premier abord, mais il était certain qu'il virerait connard comme les autres, comme ils finissaient tous par le faire. Toutefois, ce regard qu'il lui avait lancé lorsqu'il l'avait redressé de force le faisait douter. C'est comme s'il s'était inquiété pour lui. 

    Deux heures passèrent de cette façon, Jungkook perdu dans ses pensées. Quand ce dernier s'arrêta, il mourrait de chaud et ses habits étaient trempés de sueur. Il ôta ses gants avec difficulté à cause de la douleur dans ses poings et les laissa tomber sur le sol, puis il enleva son t-shirt. Il le jeta négligemment au sol et se dirigea vers les vestiaires. Le brun se rafraîchît un peu, essoufflé par sa performance. 

    De retour dans la salle, Seokjin l'attendait, appuyé contre une colonne, les bras croisés sur son torse, sa trousse de soins à ses pieds. Son visage n'exprimait rien ; ses yeux, en revanche, étaient gorgés de tristesse.

    « Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda le plus jeune sans le regarder. 

    « J'ai plus le droit de venir voir comment tu vas ? »

    « Je vais très bien. »

    Mais les deux hommes savaient très bien qu'il s'agissait d'un mensonge, si bien que le blond posa fermement sa main sur son épaule. Même si Jungkook faisait du sport depuis tout petit, la morphologie de Jin faisait en sorte qu'il était plus grand et carré d'épaules que lui. 

    « Fais-moi voir tes phalanges tout de suite. » ordonna-t-il d'une voix dure.

    Le cadet ne protesta pas et déroula ses bandes pleines de sang, mordillant sa lèvre inférieure. Même avec les protections, le fait de frapper avait rouvert ses blessures. Avec un long soupir, l'infirmier le fit asseoir sur un banc proche d'eux, et s'occupa de soigner ses plaies.