Révélations

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Robin se tenait devant un immense immeuble. Le froid lui mordait les joues, et elle essayait tant bien que mal de se réchauffer à l'aide de son écharpe. L'hiver semblait vouloir tomber beaucoup plus tôt que prévu.
Elle expira une petite bouffée d'air, et observa une fine fumée blanche s'échapper de ses lèvres. Ces même lèvres avec lesquelles elle avait embrassé Zoro. Un petit sourire vint embellir son beau visage, alors qu'elle pensait à cet instant hors du commun. Elle ferma ses paupières, profita encore un peu de l'air frais, et enfonça ses mains frigorifiées dans ses poches.
Son visage se crispa. Dans quelques minutes, malheureusement, elle reverrait Julian. Mais elle comptait aussi faire en sorte que ce soit la dernière fois, et pour ce, prélever un maximum d'informations sur ces activités illégales.
Elle rouvrit ses yeux, et allait appuyer sur la sonnette de son appartement. C'est alors qu'elle entendit le grognement d'un moteur, puis le bruit caractéristique d'un dérapage. Une énorme moto s'arrêta à quelques centimètres de Robin.
Cette dernière, l'expression perplexe, reconnut son petit ami sur l'engin. Elle remarqua alors que Julian portait un sac à dos, et un vieux portable à la main. Le jeune homme sourit jusqu'aux oreilles, dévoilant des dents d'une subtile lueur jaunâtre. Robin s'approcha de lui, feignant l'admiration et la joie.
Il la ramena contre lui, voulut l'embrasser sur la bouche, mais l'adolescente esquiva et lui fit la bise. Julian fit comme s'il n'avait rien essayé, et se contenta de faire la même chose, affreusement déçu.
« - Hey ! Salut, bébé ! dit-il avec enjouement.
- Salut ! Dis-moi, t'as une sacré moto ! T'as l'air d'un vrai rebelle, j'aime ça, répondit Robin.
- Ow ! Vraiment ? Je suis beaucoup plus rebelle que tu ne le crois, susurra-t-il sensuellement à son oreille. »
Ça je n'en doute pas, pensa Robin.
« - Ah... prouve-le moi, alors ! Qu'est-ce que tu peux bien faire pour réellement être considéré comme un badboy ?
- Je fais un tas de choses, ma belle, fanfaronna Julian. Si tu savais...
- Dis-le moi !! C'est tellement cool d'être en couple avec un thug ! continua Robin en triturant une de ses longues mèches noires.
- Non, c'est un secret, bébé. »
La jeune fille fit semblant de bouder, croisa les bras sur poitrine et se tut pendant une longue minute, tandis que son petit ami vérifiait quelque chose sur son engin. Une discrète expression carnassière métamorphosa le visage de Robin, durant l'espace de deux secondes. Elle appela alors Nami sur Skype, lui fit clairement comprendre de ne faire aucun bruit, et replaça l'IPhone dans sa poche. Ainsi, sa meilleure amie pourrait suivre la discussion en direct, et noter les détails importants. Julian n'avait rien remarqué.
« - T'étais où, avant de venir ici ? l'interrogea-t-elle innocemment.
- Heu... au parc avec mes potes...
- Je te signale qu'il est fermé à cause de nouveaux travaux depuis hier après-midi. »
Julian pâli. Robin sourit. De plus, l'histoire de la fermeture était totalement fausse, mais le jeune homme tombait dans le panneau.
« - Heu... et bien... je suis partit faire des courses à Lidl.
- Impossible. On est dimanche.
- Je suis partit rendre visite à ma grande sœur ! Et là, je dis la vérité, car tu SAIS que j'en ai une !
- Pourtant, tu m'as dis qu'elle était partie faire ses études il y a une semaine à Singapour, mon cher.
- Je... je... je voulais faire une petite balade ! tenta désespérément Julian.
- Par ce froid ? Alors que tu m'as raconté que tu détestait l'hiver ? contra Robin, implacable.
- Je suis partit rendre visite à ma grand-mère à l'hôpital !
- Tu te chuttes. Arrête de me mentir, tu as perdu. Et pourquoi tu refuses de le dire la vérité ? Tu ne me fais pas confiance ? Tu ne m'aimes plus ? »
La jeune fille avait pris un air désespéré, et fit mine de partir, dos à son petit ami. Ce dernier lui attrapa le poignet.
« - Je... non ! Bien sûr que non, je t'aime toujours ! Si je ne t'ai rien dis, c'était pour te protéger, dit-il d'un ton héroïque. »
C'était tellement cliché que Robin eut envie d'éclater de rire. Mais elle joua le jeu, s'arrêta, et regarda Julian droit dans les yeux, avec un air toujours aussi triste.
« - Personne ne saura rien. Je sais garder un secret, comptes sur moi, dit-elle en fixant le sol.
- Ok, céda l'autre en soupirant. Tu vois, ce sac, là...
- Oui ?
- Il contenait de la drogue. De la cocaïne, plus précisément. »
Robin n'en fut guère surprise, mais joua la comédie. Elle écarquilla ses yeux au maximum, et posa une main sur sa bouche.
« - Non ?! C'est... vrai ?! balbutia-t-elle avec incrédulité.
- Yep. Je suis au fait au service d'un trafiquant de drogue et chef de mafia, connu sous le nom de Michael Rosinski. Mon boss, quoi. Moi, je suis livreur, et j'amène les commandes de cocaïne à différents clients vivants dans la ville. Mon métier est dangereux, plein de retournements, de combats et tout le bazar. Il faut être un vrai professionnel, là-dedans. Seul les plus forts survivent... »
Robin trouvait le final exagéré, mais était très satisfaite qu'il s'était confié. À présent, elle pourrait lui poser des questions sur ses collègues, l'organisation, et Rosinski. Tout marchait à merveille. Julian était un idiot.
« - Waah !!! Et tu connais qui, qui fais la même chose que toi ? s'enquit avec avidité la jolie brune.
- Chais pas. Y'en a pas mal que je connais...
- Y'en à qui sont en première à mon lycée ?
- Oui. Par exemple Ain, Grount, Coby, Léo, Kid et un nouveau dont j'me rappelle plus son nom. »
Robin se figea.
Non, c'était impossible.
Kid au service de Rosinski ? Elle chancela légèrement, se reprit et essaya de faire perdurer la conversation.
« - C'est qui, ce nouveau ? demanda-t-elle sans conviction.
- Il est grand, assez baraqué, les cheveux verts et courts. Trois boucles d'oreilles à l'oreille gauche. »
Robin faillit s'étouffer avec sa salive.
Non, non, non. Pas lui. Pas Zoro.
Elle ne savait plus quoi en penser. Son visage, déjà blanchi par le froid, perdit encore plus sa couleur. Son petit ami, fidèle à l'imbécile qu'il était, ne se rendit compte de rien. Robin souffla du nez, tenta de se calmer et jeta un coup d'œil à son portable, vérifiant qu'il était toujours bien allumé. C'était le cas. Elle soupira une dernière fois, proposa à Julian de continua à parler dans son appartement, lui rappelant qu'il faisait un froid polaire, dehors.
Ils s'installèrent dans le salon du livreur, profitant de la chaleur apaisante de la pièce.
« - Tu sais, il y a pas longtemps, Rosinski avait organisé une fête à sa maison, et chacun de ses employés pouvait amener une partenaire. J'avais pensé à toi. Mais je me suis dit que non. Je ne pouvait mettre en danger l'amour de ma vie, Robin. »
La concernée le trouvait ridicule, mais le regardait avec admiration et passion.
« - Ooh... Julian... il ne fallait pas, mon amour ! Mais c'est pas un peu imprudent de la part de votre patron de tous vous inviter chez lui ?
- Au fait, c'est pas sa vraie maison. C'est plutôt une belle baraque et un ancien club de boxe. Mais à présent, c'est là que les fêtes ont lieues, les réunions importantes, et tout le tralala...
- Je vois. Et c'est où ? tenta Robin sans vraiment espérer une réponse.
- 12 Allée du Cachotier. »
Mais qu'il est con ! se dit la jeune fille. Il venait, sans même s'en rendre compte, de lui donner une information capitale. Cela ne dérangeait pas du tout Robin, au contraire même. Mais qu'il lui ai avoué autant d'infos sans une seule fois se méfier d'elle était digne du pire des abrutis. Il descendait de plus en plus dans son estime.
« - Et comment vous faites pour communiquer et vous passer la drogue ? continua Robin, prolongeant encore et toujours l'interrogatoire.
- Grâce à ces vieux portables. Y'a une dame qui nous donne les adresses, l'heure, et l'endroit où trouver la coc, pour la livraison. C'est assez simple, quoi. Par exemple, ils cachent la drogue dans un paquet de kinder bueno vide, à côté d'une poubelle, nous le signalent, et on va simplement la chercher.
- Oh ! C'est curieux comme façon de faire ! Et qu'est-ce que tu sais de plus sur Rosinski et toute l'organisation ?
- Rien. Strictement rien d'autre. On est seulement tenu au courant de ce qui nous concerne, et le reste, on oublie. »
Robin fut légèrement déçue. Ils arrêtèrent tous les deux de parler.

Elle sentit alors le regard porcin que Julian lançait à sa poitrine. Un vrai pervers. L'adolescente tenta de garder son calme et fit comme si elle n'avait rien remarqué. Puis soudain, elle sentit un poids lourd la plaquer contre le canapé. Son petit ami était à califourchon sur elle, un sourire dégueulasse aux lèvres. Puis il commença à passer sa grosse main pleine de doigts en dessous du T-shirt de la jeune fille.
Robin ne bougeait pas, en état de choc. Mais dès qu'elle le sentit malaxer son sein, elle se redressa d'un coup, le visage sombre. Puis d'un geste magistrale, elle lui envoya sa main à la figure. Un claquement sonore retentit. Julian tomba sur le sol, la joue droite totalement déformée et rouge. Robin haletait, furieuse. Puis elle fonça vers la porte, avant de se retourner vers Julian.
« - Toi et moi, c'est fini, gros porc ! » cracha-t-elle.
Puis, elle disparut dans le couloir de l'immeuble.

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Zoro caressait Charlie, qui s'était confortablement installé sur ses genoux. Les ronronnements sonores de l'animal retentissaient dans toute la pièce. Le jeune homme était assis sur son bureau, et naviguait sur Instagram, espérant trouver celui de Robin. Peine perdue.
Puis il repensa alors à l'amie de cette dernière. Une certaine Nami.
10 minutes plus tard, il tomba sur une certaine Orange_Nami. Il sût avec certitude que c'était bel et bien la bonne personne. Et comble de chance, son compte était public. Il parcouru rapidement ses publications, espérant reconnaître Robin sur l'une des nombreuses photos postées.
Son doigt arrêta alors de glisser sur l'écran, tandis qu'un fin sourire démontrait sa satisfaction. Là, souriante et heureuse, Robin faisait un selfie avec Nami, devant une plage magnifique un soir d'été. Zoro détailla longuement l'image, se laissant apaiser par les traits harmonieux de la belle jeune fille. Puis, il s'abonna immédiatement à Nami, et chercha alors dans ses contacts. Mais il lui fut bientôt évident que Robin n'avait pas insta. Lui-même venait de l'installer seulement une demi-heure plus tôt.
Il entreprit alors de s'abonner également à ses autres connaissances, comme Kid, Perona et même Saga, Johny et Yosaku. Il sourit discrètement, heureux d'avoir retrouver un moyen de contact avec ses anciens amis. Tous étaient cependant en privé, et il devait encore être accepté avant de pouvoir communiquer avec eux. Sa sœur, par contre, l'étonna au plus haut point. Elle avait 5000 abonnés !
Elle était très aimée, apparemment. Trainant donc sur le profil de Perona, il constata qu'elle était vraiment douée pour les photos. Et à son plus grand soulagement, Zoro n'apparaissait sur aucune publication.

Mais alors, il s'aperçut que quelqu'un voulait le suivre. Une certaine Sarah.The.Queen. Elle aussi en public.
Le jeune homme sût alors immédiatement de qui il s'agissait. C'était LA Sarah. Celle à qui il avait livré pour la première fois de la drogue. Celle qui comptait absolument sortir avec lui, et qui l'avait dragué sans relâche. Sans aucune hésitation, il la bloqua.
Puis il reçu alors un appel d'un numéro inconnu.
« - Hallo ?
- Mmh ? grommela Zoro. C'est qui ?
- Sarah ! Tu te rappelles, la fille super sexy avec qui tu voulais absolument sortir ?
- Non... ça me dit rien. Sauf le prénom... peut-être...
- Et bien moi, Pascal, je m'en souviens. Pourquoi tu m'as bloquée ? Tu devrais te sentir honoré, beau gosse.
- Je t'ai bloqué car je ne te connais pas. Et parce que j'ai pas envie de te connaître. Lâche-moi.
- Pourquoi est-ce ton pseudo, c'est Zoro_ronoa ? l'interrogea Sarah sans se décourager.
- Peut-être parce que c'est mon nom ?
- Mais... tu t'appelles Pascal, non ? s'étonna l'adolescente.
- Non, moi c'est Zoro. »
À l'autre bout du file, Sarah eut un sourire carnassier. Quel prénom viril !
« - Ah..., j'aime bien...
- Mais je m'en fiche !!! Fous-moi juste la paix !
- Non, Zoro. Je vais continuer à te harceler. Et puis si tu résistes, je viendrais te voir en personne, te prendrait en photo à poil, et ferait du chantage avec.
- T'es pas crédible. Et explique-moi comment tu comptes me mettre à poil ?
- En te déshabillant. »
Zoro frappa sa main sur son front, désespéré.
« - Ouais mais non, au fait, dit-il. Ça risque vraiment pas d'arriver. Oh ! Et puis merde, j'en ai marre de toi !! J'raccroche !!
- Hein ?! Attends !! Tu vas le regrett... »
Zoro venait d'éteindre son portable.


Voilà un chapitre assez simple, avec cependant quelques informations capitales pour Robin.
Malheureusement pas d'interactions entre elle et Zoro, mais pas d'inquiétude, ça viendra ; )
Bref, je pense que j'aurais pu faire mieux, pour ce chapitre. J'ai la flemme de le réécrire, donc on va faire avec, hein !!
J'espère qu'il vous aura quand même plu ^^

Trafic  [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant