Lindoria I

UN.

Lou

Clignant à de nombreuses reprises les paupières, je sentais que ma tête me faisait atrocement mal.
Sûrement dû au trop plein d'alcool d'hier soir. Je n'ai aucun souvenir de comment je suis rentrée chez moi hier soir, et d'ailleurs de la moitié de la soirée.
De toute évidence, je me doutais que le fait d'être rentrée saine et sauve était dû à mon meilleur ami gay, Camille.

Tentant de vaincre mon mal de crâne seule, je finis par me lever pour aller prendre un doliprane.
Rien que le fait de descendre les escaliers me donne le tournis, comme si à chaque mouvement que j'effectue mon cerveau venait frapper violemment contre mon crâne.

Une fois dans la salle de bain, j'entrepris de fouiner chaque tiroir, chaque meuble afin de trouver mon saint graal.
Après quelques instants à chercher, je finis par trouver la fameuse boîte jaune et avalais précipitamment le médicament comme si le fait de rapidement l'avaler aurait un quelconque effet plus rapide sur mes douleurs.

Puis, une fois le médicament avalé, je jetais mon premier coup d'oeil à mon téléphone pour constater qu'il était déjà quinze heure. En même temps, qu'est ce que j'aurais pu espérer en me couchant à sept heures du matin complètement saoûle ?
D'ailleurs, je ne connais toujours pas la raison qui me pousse à agir de la sorte.

Dans le miroir de la salle de bain, je voyais soudainement le visage rougi par la colère de ma mère, dans l'encadrement de la porte.

_ Où étais tu ?
_ Bonjour à toi aussi.
_ Je t'ai posé une question.
_ Oui et moi j'ai commencé poliment en te saluant. Tu m'agresses de si bon matin.
_ Ce n'est plus le matin.

Marmonant quelques paroles dans ma barbe, quelque chose du genre "c'est pareil" avant de passer à côté d'elle pour rejoindre la cuisine et me faire un café bien chaud. C'était sans compter sur le fait qu'elle n'allait pas lâcher le morceau aussi facilement et me poursuivit jusque dans la pièce.

_ LOU ! Je t'ai posé une question, j'aimerais que tu y répondes !
_ J'étais au boulot hier soir.
_ Ton boulot, tu m'en diras tant. Tu n'es pas censée servir des verres ? Non les boire ?

Touché.

_ Je pensais t'avoir demandé de démissionner, et de te trouver un boulot étudiant plus respectable.
_ Respectable... Répétais je comme absorbée par son discours.
_ Oui. Respectable. Tu n'es pas majeure et tu travailles dans un club. Quelle sorte d'image crois tu que tu donnes ?
_ Sûrement pas celle que tu espères de toute évidence.
_ Oui, parfaitement ! s'écria t-elle en secouant ses mains devant elle. C'est bien le problème avec toi Lou, tu ne m'écoutes jamais. Je suis quand même ta mère !
_ Ma mère ? Ma MERE ? Tu n'es pas une mère, tu es une dictatrice ! Et tu l'as toujours été ! Aussi loin que je me souvienne, je t'ai toujours écouté et fait ce que tu m'as ordonné !

Voici que la rage prend le dessus, comme toujours. Cette femme avait la fâcheuse manie de me mettre constamment hors de moi.

_ Lou ne t'habille pas comme ça, coiffe toi comme ça, fais des études de comptabilité, trouve toi un mari correct histoire de te changer... !! Je n'en peux plus ! Je ne supporte plus ces réflexions, surtout qu'elles ont pour but de me faire devenir exactement comme toi.

Tous mes mots, je les avais hurlé et elle me dévisagea avec de grands yeux arrondis par la surprise. Jamais je n'avais dit ce genre de choses auparavant, elle savait que je n'étais jamais d'accord avec elle mais jamais je ne lui avais exposé ce que je ressentais réellement.

_ Je vais te laisser une ultime chance de te racheter Lou. Démissionne de ce fichu job dégradant, trouve en un qui est plus à ta portée et reprends tes études de comptable. Sinon... commençait elle à dire tout en baissant le regard, entremêlant ses doigts entre eux tout en laissant sa phrase en suspens.
_ Sinon quoi. Hein ? Tu vas m'envoyer dans un pensionnant au fin fond de la France ? Tu vas faire quoi MAMAN ! criais je de nouveau tout en insistant sur le mot maternel tout en la regardant lever la tête vers moi.
_ Sinon je t'envoie chez ton père.