Chapitre I : Le faux pas

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C'est lorsqu'il ouvrit les yeux que NNeko comprit que cette journée ne serait pas comme les autres. Il n'était pas seul dans sa chambre, trois ombres se manifestaient au bout de son lit, toutes trois armées.

L'une d'entre elle s'avança, c'est en le dévisageant qu'il reconnut Bellamy, un des trois hommes de mains de Libe. Il supposa donc à raison que les deux autres figures étaient GRQ et Gogos, le "club des noisettes", comme ils aiment se faire appeler, au complet. Une mauvaise nouvelle allait-elle être annoncée ? 

Si seulement ce n'était que ça. Il n'eut pas le temps de plus y réfléchir que Bellamy déclara d'un ton sec : « Libe t'a convoqué, bouge toi de là et met tes fringues. »
En un instant, NNeko s'exécuta, si Libe avait demandé à ses trois "limiers" de le chercher si tôt dans la journée, cela devait être d'une extrême importance. Une attaque de la rébellion ? Il ne savait pas, mais il allait très vite le découvrir.

C'est avec surprise qu'il fût amené dans la salle de conférence du conseil. Tout le monde était déjà présent, Guill et Freebios, assis, et Libe, debout, devant un écran holographique. Lorsqu'il entra, il remarqua que tout le monde le regardait d'un air dédaigneux. Sans aucune idée de la situation, le malheureux s'avança vers la première étape d'un long calvaire. Personne n'avait encore pris la parole, l'écran holographique affichait des chiffres et des graphes en baisse, rien de bon pour la capitale. NNeko vit que son trône avait été déplacé, autrefois à leur côté, celui-ci faisait désormais face à ses trois compères. Une lourde question se soulevait, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit. « Prends place. », cracha le plus âgé qui continuait de lui lancer des regards noirs. Confus, il lui obéit au doigt et à l'oeil.
Libe n'attendit pas plus et enchaîna avec le sujet de sa convocation :

« Mon TRÈS cher ami, je suis désolé de cette soudaine interruption dans votre cycle de sommeil, mais tâches plus importantes requéraient votre présence. En effet, nous fûmes informés de certaines activités assez troublantes qui me laissent perplexe. »


Guill hocha la tête sans rien dire, les mains croisées sous son menton pendant que le convocateur énonça les faits. Pendant ce temps, Freebios s'occupait de l'écran, s'arrêtant à un graphique précis.

« Comme tu peux le constater il y a une baisse anormale dans nos chiffres, mais là n'est pas le réel problème. Le RÉEL problème, venons-en, c'est l'origine de cette anomalie.

Effectivement, il se pourrait que l'un de nous ait détourné des fonds IMPORTANTS dans le but de financer certains groupes rebelles. Et vu ta position actuelle, tu dois te douter des soupçons.
- Qu'est-ce que je dois comprendre, que vous tous vous retournez contre moi SANS preuves ? Jusqu'à dernière nouvelle mes transactions...
- Sont les plus étranges de nous quatre », coupa Freebios tout en pointant le graphique affiché à l'écran devant lui.

Le convoqué fut pris de stupeur, toutes ses transactions figuraient sur l'image, mais s'y ajoutaient des données qu'il n'avait jamais vues auparavant. Des données qui l'accusaient et le condamnaient mais il en était certain, il n'avait rien avoir avec ceci.

« Un problème ? Tu n'en étais peut-être pas au courant ? lui lança Guill, d'un air méprisant, tu pensais que tout cela resterait hors de notre vue ?

- Mais c'est quoi ce bordel, j'ai jamais fait ça, vous pensez vraiment que j'aurais pu faire un truc pareil ? Vous êtes vraiment cons les gars.

- Réaction typique d'un coupable, je le vois sur ta façon de parler, t'es trop prévisible, idiot. Si vous aviez encore des doutes, j'espère qu'ils sont dissipés. Virez-le moi », termina Libe, plus formel que jamais.

Il tapa trois fois sur la table, et ses hommes de mains, qui attendaient à la porte, surgirent dans la pièce puis s'emparèrent de NNeko. « Dégagez-moi ce singe. Hors de ma vue, il est banni de la cité, Freebios retire-lui tous ses accès, tous ses droits, si jamais je le revois, je lui ferai regretter d'être né. »

Le pauvre homme fut traîné hors de la pièce par les gros bras de Bellamy, il se débattait et criait, mais rien de ce qu'il avait dit n'avait pu altérer la décision de Libe. Elle était finale.

En l'espace de quelques minutes, tout son monde venait de s'écrouler. Sa position, ses amis, tout venait de lui être arraché, et il ne savait pas pourquoi.

Il était toujours en état de choc lorsqu'il réalisa qu'il était en dehors de la ville, une petite valise à ses pieds. Il ne savait ce qu'il allait faire à présent, il était complètement perdu. Il commença à errer sans but, juste en dehors de l'enceinte de la capitale. Qu'avait-il fait de mal ? Comment avait-il pu tout ruiner en l'espace d'un instant ? Il secoua sa tête en tentant de se ressasser tous les évènements des derniers mois. Où avait-il fauté ? NNeko sentait en lui un énorme sentiment d'incompréhension doublé de culpabilité.

Mais une douleur au ventre le rappela vite à la réalité. Il avait faim. En effet, l'exclu aurait maintenant besoin de survivre, en dehors de son confort de dirigeant. Il lui faudrait trouver où dormir, de quoi se nourrir, bref, il fallait s'activer. Il se mit en route, s'éloignant enfin de la ville qui l'avait rejeté. Il avait toujours ses sentiments en lui, mais il devait les mettre de côté s'il voulait vivre. La nature était quelque chose d'inconnu pour lui. Il savait cependant qu'il aurait besoin d'un abri et d'un feu, il se mit en quête de ces deux choses.

Ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'il trouva enfin quelque chose de prometteur : l'entrée d'une grotte. Il posa ses affaires et se mit à la deuxième étape : le feu. Mais pour ce dernier, il faudrait trouver du bois. Cela ne lui prendrait qu'un petit instant, il se mit au travail et alla ramasser un maximum de branches mortes qu'il trouverait dans la forêt alentour. En revenant quelques minutes plus tard à l'entrée de la caverne, il remarqua quelque chose d'alarmant : sa valise n'était pas où il l'avait laissée. Il regarda partout autour de lui, mais pas assez rapidement, car un coup soudain derrière la tête l'envoya directement dans un profond sommeil.


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Quelque chose clochait et Freebios le savait. Bien que les chiffres parlaient d'eux mêmes, le procès en lui-même avait été trop court, bien trop court. Son ami, LEUR ami, venait d'être éjecté sans avoir pu toucher un mot. De plus... financer un groupe de rebels, ça n'était pas du NNeko tout craché, loin de là. Le jeune homme était certes à l'écoute du peuple mais de là à aider des gens voulant sa mort et détruire tout ce qu'ils avaient construit ensemble, le pas était trop grand. La jalousie ? Non, NNeko n'était pas ce genre de personnes. Un problème avec Libe ou Guill ? Non plus, il aurait ouvert sa gueule devant eux et exposé son point de vue afin de régler la situation. Même s'il lui arrivait d'être bête, il n'aurait jamais commis de telles idioties. En bref, rien de logique, et une expulsion trop rapide, il fallait enquêter.

Mais ses devoirs de dirigeant et de conseiller le rappelaient à la tâche, il n'avait pas le temps de se pencher sur ça pour le moment. Il savait que l'affaire pourrait attendre, rien ne pressait, lui et Guill avaient déjà réussi à convaincre Libe de ne pas tuer NNeko sur le champ et de le laisser vivre en dehors de la ville.

C'est quand il s'apprêtait à se remettre au travail que quelque chose alla éveiller ses soupçons. C'était sur le chemin de son bureau qu'il surprit une conversation entre Bellamy et GRQ. Ces derniers parlaient de NNeko. Freebios se cacha derrière un mur et tendit l'oreille.

« T'as vu la gueule de ce con quand on l'a dégagé ? Il avait l'air aussi paumé qu'un poisson rouge en dehors de son bocal.

- Carrément. Quel débile, depuis le temps qu'on attendait ça. Bref c'est pas tout ça mais ça m'a donné les crocs, on va graille ?

- Ouais vas-y mec. »

Il ne pouvait pas croire ce qu'il venait d'entendre, même venant de ces deux brutes. Ils avaient toujours eu tendance à mal parler des gens, mais cela semblait abusif pour quelqu'un qui jusqu'à peu était censé être leur ami, leur chef. Il en était maintenant persuadé, quelque chose n'allait pas. Il FALLAIT mener cette enquête.

Le sort d'un Empire : StelerioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant