Nos offenses pardonnées

VI

La serviette sur les épaules, il regagne la chambre. Il termine d'essuyer ses cheveux courts, déjà presque secs, puis abandonne la serviette sur le dossier de la chaise. Il jette un œil discret vers le lit. Le garçon est déjà sous la couette, il aperçoit à peine le haut de son crâne. Sa silhouette se distingue difficilement sous la couverture épaisse. Adam éteint la lumière et se dirige vers le lit. Il s'assoie doucement. Il murmure une prière de remerciement pour la journée passée et la nuit à venir. Puis il soulève la couette et se glisse dessous. Il se tient droit et immobile, les bras le long du torse par-dessus la couverture. Il ose à peine respirer. L'ange lui tourne le dos, impossible pour lui de savoir s'il dort vraiment. Il s'en remet au ronronnement régulier de ses expirations. Il ferme les yeux. Il écoute le picotement aiguë de la pluie contre la fenêtre. Il sent les battements profonds de son cœur au milieu de sa poitrine. Il tourne discrètement la tête vers le jeune homme. Il est douloureusement conscient de sa proximité. L'espace entre eux n'est que de quelques centimètres, il sent sa chaleur irradier de son corps endormi. C'est électrique, enivrant, effrayant. Il observe, subjugué, ses épaules qui se soulèvent au rythme lent de sa respiration, sa nuque couverte d'un très fin duvet, ses cheveux qui paraissent presque blancs à la lueur de la lune. Il soupire.

-Bonne nuit, Ange, chuchote-t-il doucement.

Il se détourne et ferme résolument ses paupières, attendant avec impatience de sombrer dans l'assoupissement. Il sent soudain s'agiter à côté de lui. Il rouvre les yeux d'un coup. Ange s'est tourné dans sa direction. Il émerge doucement d'entre les draps et se rapproche avec une lenteur exagérée. Adam tourne imperceptiblement son visage vers lui. Son cœur s'arrête puis se lance dans une chamade infernale, Ange est si près de lui qu'il perçoit son souffle chaud qui chatouille son oreille, il hume son odeur fraîche et sucrée. Pétrifié, il sent le bout de son nez effleurer subtilement son visage. Son poing se sert nerveusement. Soudain, les lèvres tendres et chaudes se pressent sur sa joue. Ces neurones sont comme court-circuités. Les lèvres entrouvertes et les yeux écarquillés, il ne bouge pas d'un millimètre. L'avant de ses bras se couvrent de chair de poule. Il déglutit.

-Bonne nuit, Adam, murmure l'ange dans un souffle.

Il se rallonge lentement, Adam le suit du regard, le visage tourné vers lui. Dans l'obscurité, il perçoit sans vraiment le voir son sourire malicieux. Le ciel d'encre est soudain zébré d'un violent éclair. Les yeux ouverts du garçon sont rivés dans les siens. Ils l'ensorcellent, l'étreignent comme les serres d'un aigle royale. Son corps remue sans consulter sa raison, se tournant dans sa direction et se penchant lentement vers lui. Puis il s'immobilise, luttant avec sa lucidité, l'empoignant fermement alors qu'elle ne cherche qu'à lui glisser entre les doigts. Il entend un froissement de tissus. Le garçon tend le bras vers lui. Il sent ses doigts chauds s'enrouler autour de son poignet et tirer sa main à lui. D'un geste lent, il la fait glisser sous son t-shirt et presse ses doigts contre son cœur. Adam sent sous leur pulpe la peau brûlante de son torse. Son petit doigt frôle son téton gauche. Ses muscles se contractent, Il n'ose plus bouger, ses membres sont aussi raides que ceux d'une statue de pierre. Il prend alors conscience de la pulsation effrénée, sous sa paume. Son souffle se bloque dans sa trachée. La paume du garçon glisse ensuite le long de son bras. Ses poumons sont entravés par une force invisible. Il frissonne lorsqu'il sent le bout de ses ongles effleurer son bas ventre. Ses doigts s'immiscent sous son t-shirt et se pressent contre sa propre poitrine. Ses joies rosissent de gêne. Le garçon sait maintenant dans quel triple galop frénétique s'est lancé l'organe. Il s'approche, sans rien dire. Leurs torses se frôlent, leurs visages sont à une affolante proximité. Adam déglutit difficilement, il sent sur son visage l'haleine chaude et légèrement chocolatée. Il baisse les yeux sur la bouche entrouverte, accessible, si proche qu'il lui suffirait d'un mouvement du cou pour l'atteindre et la dévorer avidement, comme il en rêve depuis déjà des heures. Il ferme les yeux, les sourcils légèrement froncés en une expression torturée. Le désir le ronge, l'assaille, lui tord les entrailles et le ravage. Il se sent à deux doigts de défaillir, de capituler et de s'offrir en pâture au pêché de luxure. Alors, enfin, sans qu'il ne l'ai vu venir, le jeune homme pose sa bouche contre la sienne. Son cœur cesse de battre, son ventre se soulève, se noue, se retourne. Le baiser est tendre et brûlant, surnaturel, bouleversant. Il pousse un soupir ému, les lèvres entrouvertes et tremblantes. Il ouvre lentement les yeux. Ange pose sur lui un regard pénétrant. Il sort le bout de sa langue et lèche furtivement sa lèvre supérieure, lui donnant un aspect légèrement brillant. Les pupilles d'Adam se dilatent. Leurs bouches se rejoignent alors de nouveau, se heurtant dans un véritable baiser fougueux. Ils s'embrassent fiévreusement, Ange pose sa main sur la joue piquante du jeune homme, celui-ci attrape sa taille. Il mord sa bouche, la lèche comme un bonbon. Il sent la langue du jeune homme s'enfoncer entre ses dents, explorer sa cavité bouillante et mouillée. Il le goûte avec gourmandise, gémissant silencieusement. Leurs langues dansent un tango envoûtant. Ils se découvrent, s'explorent, leurs bouches s'accordent, se caressent sensuellement. Ange se presse contre lui, les bras accrochés à son cou. Il ondule doucement, Adam sent sous ses doigts ses reins se cambrer légèrement. Le jeune homme passe sa jambe par-dessus lui et le chevauche. Adam pose ses mains sur son dos, touche sa peau douce, agrippe ses fesses tendres comme de moelleuses pâtisseries. Il glisse ses doigts sous son pantalon de pyjama. Il est comme électrifié : effectivement, il est nu, dessous. Adam pousse un soupir lascif en levant les yeux au ciel. Il est possédé, habité par son désir.