Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)

Chapitre 30 : Peter

Il ne m'aime pas. La façon dont il s'est reculé le prouve clairement. Même si j'ai vu un éclat dans ses yeux...

Will semble rassuré après ce qui s'est passé avec son père. Il est sympa son père. Tout le contraire du mien...

Je ravale mes pensées et le silence dans la voiture règne. Je me sens trop honteux de ce qui vient de se passer pour dire quelque chose. Comment j'ai pu croire une seule seconde que Will était homo ? Ou peut-être qu'il ne m'aime pas, tout simplement. Je suis tellement naïf.

Will met la radio mais la musique est nul, alors il finit par l'éteindre. Je me souviens soudainement de mon CD. J'ouvre la boîte à gants et sors le CD de Robert Tepper. 

Les chansons passent et Will ne dit rien. Je ne sais même pas si il aime.

J'adore No easy way out. Quand je sors de la maison et que mon père recommence, j'écoute toujours cette chanson. Elle me calme presque.

Je me gare enfin sur le parking. J'allais sortir, quand Will m'attrape le bras.

- Peter, merci. Sincèrement.

Je hausse les épaules et sors. J'attends qu'il ferme la portière pour fermer la voiture à clé.

Je me dirige vers l'entrée, sans attendre Will, quand je le vois. Je me fige net. Qu'est-ce qu'il fout ici ?

En me voyant tendu, Will s'arrête à côté de moi. Il suit mon regard et commence :

- Cet homme c'est...

Je ne le laisse pas terminer sa phrase et marche droit vers l'entrée. En passant devant, l'homme m'arrête.

- Tu te fous de nous ? Tu fais du mal à ta mère et maintenant tu fais comme si tu ne me voyais pas ?

Quand je vois Will tressaillir, je comprends qu'il a hurlé.

- Tu n'es rien pour moi. 

J'allais passer devant quand je lis ses lèvres.

- Et lui c'est qui ? 

Je me tourne pour voir Will signer :

- Je suis son ami.

- Son ami ? (il se tourne vers moi :) T'en a pas marre d'être un sale pédé ? Il faut que tu te tape encore tout ce qui bouge ? Les coups que je t'ai donnés ne t'ont pas suffit ? Hein ? Répond, sale bâtard ! Réponds, sale pédé !

J'en ai assez. J'ai déjà subit ça pendant trois ans. Trois putain d'années où j'ai dû subir ses insultes homophobes et ses coups de ceinture.

Je lui balance mon poing dans sa figure. Ça fait tellement longtemps que j'avais envie de faire ça. La satisfaction de voir le sang couler à flot de son nez pointu et son craquement.

Mon père se tient le nez. Je crois qu'il hurle. Tant mieux. Je continue de le frapper, je n'arrive pas à m'arrêter. Je veux qu'il ait mal autant que j'ai eu mal. Je veux qu'il souffre autant que j'ai souffert. Je veux voir son visage décomposé.

Je sens quelqu'un m'attraper par derrière et me retenir les bras. Je crois que c'est Will.

Je hurle moi aussi. J'ai jamais entendu ma voix, personne ne l'a jamais entendu. Elle doit être grave.

Je veux lui péter la gueule. Je veux qu'il sache que c'est un monstre.

Puis je vois Lucas arriver. Celui-ci fait une tête bizarre à Will mais agit aussitôt. Il se tourne vers mon père, et je ne vois pas ce qu'il dit.

Mon père me regarde, un air féroce sur le visage. Mais il écoute Lucas. Lucas qui l'attrape par le col, prêt à le cogner si il essaie de me frapper. Je vois ses traits se décomposer, il crie, sans doute une menace, mais il se calme aussitôt. Il se tourne vers moi, me lance une menace que je ne retiens pas, et part.

Puis Will me lâche et se met juste devant moi. Il m'attrape les deux joues par les mains et parle.

Une minute... Il parle ? Will parle ? Oui ! Je vois ses lèvres bouger.

- Ne l'écoute pas. Ne le laisse pas gagner, tu m'entends ? Cet enfoiré ne reviendra pas. Jamais. Il t'a fait du mal, il ne t'en refera pas. 

Me voyant encore furieux, prêt à bondir, il fait la chose que j'ai envie de faire depuis longtemps.

Il m'embrasse.