*ZÉRO TROIS*

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  Depuis ce jour, le caporal-chef n'est plus revenu à la taverne. Tout comme mon agresseur, ni ses amis, à mon grand bonheur.

  Je n'ai rien dit à mon père, comme prévue.

  Lui, m'a raconté sa soirée. Il est enfin prêt à accueillir une nouvelle personne dans son cœur. Il a rencontré une dame de son âge, et m'a informé de son passage dans la semaine.

  C'est une femme sublime. Je me suis même surprise à penser qu'elle ressemblait à ma mère, elles ont la même chevelure rousse semblable à un coucher de soleil. La seule différence est que ceux de ma mère étaient très ondulés. Je tiens mes boucles d'elle.

  Mon père aime encore éperdument ma mère, je me suis alors dis qu'inconsciemment, il fut séduit par une femme qu'il lui rappelle Mariya.
J'espère juste qu'il finira par voir seulement Charlotte dans un futur proche.

  Je n'ai pas eu de soucis particulier d'entente avec elle, j'ai appris qu'elle était boulangère dans le village d'à côté. Elle a même proposé de fournir la taverne en pain. Un bon moyen de rester en contact avec mon père, je suppose.

  C'est également ce soir que j'ai appris que le bataillon s'apprêtait à repartir en expédition alors que j'espionnais d'une oreille la discussion de quelques soldats à l'une des tables, un verre de bière à la main.

  Et aujourd'hui, leur expédition a fait scandale, des titans se sont battus à l'intérieur du mur Sina et ont semé la terreur chez les bourgeois.
Il y a eu plus d'une centaine de morts.

  Une nouvelle tragédie qui s'abat sur l'humanité.

.·:*¨༺ ༻¨*:·.

  J'arrive à la taverne un peu tardivement ce soir, je suis allée faire quelques courses pour moi et mon père en ce jour de congé.

  J'ai eu l'occasion de faire connaissance avec une jeune femme, Annie, dont la gentillesse est égale à la beauté d'une fleur. Sa beauté n'est pas moindre, des cheveux noirs qui contrastent joliment avec son teint pâle, un coup de crayon noir autour des yeux mettant en valeur ses iris clair. J'en serais presque jalouse.

  Ce contraste de couleurs me fait penser au caporal-chef, je me demande s'il se porte bien avec toutes ses péripéties.

  Nous avons discuté pendant des heures avant que je la laisse partir puisqu'elle est mère de deux enfants.

  À peine ai-je pénétré dans l'établissement que mon attention se focalise sur lui. Il est assis là. Il semble regarder l'extérieur, mais une fois plus près, son regard est aussi vide que les verres de la table voisine. J'aimerais penser comme à son habitude, mais ça ne l'est pas. Sa tasse n'est même pas entamée.

  Je rejoins mon père pour le prévenir de mon retour puis monte à l'étage une dizaine de minutes pour ranger les courses.

  Une fois cette tâche faite, je suis de retour en bas. Lors de mes congés, je me mêle souvent aux beuveries des clients.

  Habituellement, j'aurais rejoint ce groupe de jeunes qui chantent joyeusement dans un coin ou dans ces vieux hommes qui font une partie de cartes. Je les aurais tous battus, car ils ne sont pas assez sobres pour réfléchir, et ils m'accuseront de tricheuse, déclenchant un long débat bruyant.

  Non, pas aujourd'hui. J'ai du mal à me rapprocher des clients depuis mon agression.

  Je me sers un verre d'alcool léger, et me dirige vers la table du fameux Levi. Je tire la chaise en face de lui, le bruit l'aide à revenir sur terre et il me jette un coup d'œil alors que je m'assois, d'un air inquiet que je tente de camoufler.

L'homme à la tasse de thé | LEVI ACKERMANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant