Chapitre III

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Akihito ? C'est plutôt mignon. Tout son contraire quand j'y pense.

- Viens avec moi, lui dis-je.

Sans un mot, il me suit jusqu'à la cuisine où Hana mange tranquillement ses tartines.

- Hana, c'est ton nouveau baby-sitter. Akihito.
- C'était pas une madame ?
- Dis-lui bonjour Hana.
- Bonjour...

Akihito lui fait un sourire, un vrai sourire. A-t-il déjà été baby-sitter auparavant ?

- T'as fini de manger ? demande-t-il.
- Non, dit-elle tout bas.

Vu son regard, elle n'a plus faim. À voir s'il arrive à comprendre ça.

- Je te demande pas si t'as fini ce que ton père t'a fait, répond-t-il en souriant, je te demande si tu vas encore manger après.
- C'est pas grave ?
- De quoi ?
- Si je mange pas tout.
- Bien sûr que non. Si t'en as mangé plus de la moitié c'est suffisant.

Bien, il ne la force pas. J'ai horreur des gens qui forcent les autres à manger. Certes, elle doit avoir quelque chose dans le ventre et éviter le gaspillage mais si elle a fait un effort et qu'elle n'a vraiment plus faim, ça ne sert à rien de forcer.

- Akihito ? demande ma fille de sa petite voix.
- Oui ?
- On peut jouer aux Legos ?
- Ça joue pas aux poupées les filles ?

Je vais le frapper. Il était si bien parti.

- Aujourd'hui je veux pas jouer à la poupée ! boude Hana.
- Alors on va chercher les Legos, rit le jeune homme.

Et c'est en courant, qu'elle part prendre sa boîte de cubes colorés.

En résumé, c'était la partie de Legos avec le moins de sens au monde. On a construit une ville entièrement dans le ciel, posée sur les nuages, pour qu'elle soit finalement submergée par les flammes, crachées par un dragon antique.

Maintenant, je suis en train de tout ranger avec Hana tandis que Akihito fait à manger.

- Je reviens, dis-je en me levant.
- Tu vas l'espionner ?
- Un peu oui.

Elle me connaît si bien. Sur la pointe des pieds, je pars dans la cuisine. Par chance, la porte est entre ouverte. Il est de dos, en train de cuisiner sur le plan de travail. Il est vraiment grand, il doit bien atteindre le mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux blancs lui arrivent tout juste au dessus de la nuque, on commence à voir très légèrement la démarcation avec ses racines noires.

Il aurait pu avoir un charme fou. S'il n'était pas drogué et arrogant. Oui, la drogue est un véritable tue l'amour à mes yeux.

- Tu veux pas surveiller ta fille au lieu de me fixer ?

Je soupire, pris en flagrant délit. Je m'avance à sa hauteur, en espérant voir ce qu'il cuisine.

- Du japchae ?
- Tu connais ? s'étonne-t-il.
- J'ai souvent voyagé en Corée.
- Vers où ?
- J'allais toujours à Séoul pourquoi ?
- Ma mère était coréenne. Je suis né et j'ai grandi là bas. Je viens de Busan.
- Pourtant tu as un nom japonais.
- Mon...

Il marque une pause.

- Mon père, dit-il amèrement, est japonais. C'est lui qui a insisté. Mais je peux te faire la même remarque, tu as un nom coréen alors que tu es japonais.
- C'est une belle coïncidence non ? ris-je.

Il hausse les épaules.

- Tu vis vers où ? dis-je en voulant changer de sujet.
- Loin.
- Comment ça loin ?
- Funabashi.

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