La sueur coulait le long de mes temps, ruisselait dans mon dos. Je sentais mon tshirt coller à ma peau moite. Mes muscles contractés me cuisaient. Je maintenais avec peine mes paupières entrouvertes. Mes yeux me brûlaient. Je regrettais presque d'avoir laissé mes cheveux pousser, maintenant qu'ils se plaquaient contre ma nuque, laissant passer un filet de transpiration pour tenter de me rafraîchir. Mes mains étaient en feu.
Mais je continuais de jouer. Mes ongles raclaient les cordes dures. La courroie de cuir s'enfonçait un peu plus à chaque accord dans la peau de mon épaule, coinçant le lin bleu et rouge du tissu dans mes cellules.
Les spots s'illuminèrent une dernière fois, m'aveuglant totalement, puis plus rien. Je portais mes mains à mes oreilles et ôtais les boules quiès qui m'avait cette fois encore sauvé de la surdité la plus totale. Autour de moi, les clameurs et battements de mains retentissaient. Je portais mon regard un peu plus loin. La mer continuait son va et vient incessant sur le sable fin. Le soleil était couché depuis bien longtemps, et la plage était encore pleine. Mes potes s'approchèrent, se congratulant mutuellement. Je tendis ma main gauche, frappant du plat de la paume puis du poing fermé. Anthony m'attira contre son épaule, visiblement euphorique de notre performance.
Nous descendîmes enfin de la scène et je me délestais de ma guitare. Aussitôt, une tornade déboucha et se jeta dans mes bras avant de happer mes lèvres de manière incontrôlable. Je me laissais faire quelques instants avant de me détacher de la blonde enfant. Blonde, elle l'était certainement grâce à une coloration, si j'en croyais le haut de sa tête (que j'apercevais plutôt bien maintenant que le sable et la danse lui avait fait abandonner les talons qu'elle affectionnait).
-Désolé, chou, je suis épuisé...
Je n'écoutais même pas la réponse fleuve qui jaillit de sa bouche, une flopée d'inepties sur le talent dont nous avions fait la démonstration ce soir. Je me gardais bien de relever les dérapages variés qu'elle n'avait pas entendu ou les trois premières harmonies manquées par Anthony. Lequel serrait dans ses bras une autre blondinette (vraie, cette fois), que j'alpaguais de loin.
-Amy! Je rentre vite.
-Tony va me ramener, me lança-t-elle quand elle se fut un peu décollé.
-Tony n'a plus de voiture pour la semaine, grognasse.
-Tu me déposes ? Mijaura Cristina.
-Bien sûr, chou.
Je pressais rapidement mes lèvres sur son front. Un signe de main en direction du barman qui nous laissait squatter sa terrasse et sa sono en bord de plage deux soirs par semaine dont le samedi, et j'entraînais ma soeur et ma copine vers le parking. Guitare dans le coffre, soeur à l'arrière, copine à l'avant, j'attachais ma ceinture et mis le contact. Cristina négocia encore une fois sa langue dans ma bouche avant de disparaître dans la maison de ses parents. Amy en profita pour s'installer à l'avant à côté de moi.
-ça se passe bien avec Cristina, non ?
-En quoi ça t'intéresse ?
-Ben rien, je voulais savoir!
Quelque chose dans sa voix me fit tilter. Je mis les warnings et posais la voiture sur le côté de la route.
-Parle, grognasse.
Amy étais franche, très franche. Et nous n'avions pas de secret l'un pour l'autre.
-Vous avez déjà fait l'amour ?
Mais ça, je ne l'avais pas vu venir. Et la conclusion sauta immédiatement à mon esprit.
-Je t'interdis de coucher avec Anthony.
-C'est pas ce que... et tu ne me donnes pas d'ordre!
-A toi non, mais lui j'irai lui pété la gueule sans hésitation si il te touche. En plus je suis sûr qu'il a choppé une crasse avec Helen.
La mention de l'ex de mon pote suffit à calmer ma petite soeur.
-14 ans c'est trop tôt, grognasse.
Je remis le moteur en marche. Il nous restait près de 10 minutes de route jusqu'à la maison.
-Et toi, tu l'as fait ?
Je lui lançais un regard en biais.
-Ouais.
-Et alors ?
-Je regrette.
Le silence dura jusqu'au bisou sur la joue devant sa chambre. Je continuais le couloir jusque la salle de bain et tentais de me noyer sous le jet de la douche. Avant de m'affaler sur mon lit et de m'endormir, ignorant les chiffres rouges du réveil m'informant que je ne dormirai pas plus de quatre heures.
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There were four of us
ParanormalMatt & Charity. Non, ce n'est pas une histoire d'amour. En fait, c'est à cause d'elle que ma vie n'a plus rien de normal. Et que je suis devenu extraordinaire.