There were four of us

Terre nouvelle

Super. Je me retrouvais avec l'élément le plus pourri. Je m'en doutais, après  l'histoire de la falaise, mais quand même. J'avais encore le maigre espoir d'hériter du feu, le meilleur élément selon le grand fan des 4 fantastiques que j'étais. Ou de l'air pour voler, pouvoir on ne peut plus stylé. Mais non, il fallait que je me  retrouve avec la terre, et faire pousser des plantes n'était pas ma priorité. Ma déception devait se lire sur mon visage car Lukas intervint aussitôt.

-Ne néglige pas ton pouvoir, il a beaucoup plus d'influence que ce que tu peux penser.

-Les tremblements de terre, enchaîna Charity, les éruptions volcaniques, il y a beaucoup de puissance dans tout ça. En fait, la terre est toujours, d'après Paulo, l'élément qui se manifeste en dernier comme ça les trois autres ont le temps de se préparer à le maîtriser si nécessaire.

-Comment ça, toujours ?

L'information m'avait percuté de plein fouet. Nous n'étions pas les premiers. Et quelque part, c'était rassurant. D'autre part, pourquoi personne n'était au courant ? De nouveaux, une porte claqua et on pénétra dans la cuisine. C'était deux hommes  d'une quarantaine d'années, portant costume, cravate et chaussures vernies. Ils nous saluèrent d'un signe de tête et se servir de smoothie. Lukas s'éclaircit la gorge et fit les présentations.

-Matt, voici Andrew et Matthew. Les gars, Matt. Le dernier de la bande. 

Le même regard froid se leva en double sur moi, et la même coupe de cheveux courts et bruns se replongea avec indifférence vers la table.

-Pour répondre à ta question, tous les trois siècles à peu près les quatre éléments se révèlent dans quatre individus. En général, deux garçons et deux filles, même s'il est déjà arrivé que ce soient quatre filles ou quatre garçons. 

-Et pourquoi exactement ? 

Charity répondit à la place de Lukas. 

-Parce que tous les trois siècles à peu près, les élémentaux se réveillent et menacent de s'échapper. 

Lukas consulta sa montre.

-On va pouvoir aller réveiller Paulo. Ce gamin passe autant de temps à dormir qu'à manger. 

Charity rigola et se leva, me faisant signe de la suivre. Ce que je fis. J'en profitais pour noter la présence dans le salon d'un immense écran plat et d'un babyfoot, ainsi que celle sur la terrasse d'une piscine. Nous descendîmes les escaliers jusqu'au sous sol, une immense salle de sport dont le matériel avait été repoussé contre les murs, dégageant un vaste espace. Dans un coin, une montagne de tapis de sport avaient été empilée. Un câble d'alimentation slalomait le long de la pile et disparaissait au sommet. Lukas frappa dans ses mains plusieurs fois, et une tignasse ébouriffée apparut au sommet. Grommelant en espagnol, Paulo s'extirpa de son lit improvisé. Il avait un ordinateur à la main, un disque dur dans la poche et pianotait sur un smartphone en s'approchant de nous. Il était petit, métisse, et une tignasse noire de cheveux hirsutes formait comme une auréole autour de sa tête. Lukas lui adressa quelques mots dans un espagnol qui me sembla impeccable et il se dirigea en baillant vers une table que je n'avais pas vue dans un coin de la pièce. Il alluma rapidement ce qui se révéla être un projecteur et afficha une sorte de carte animée du continent américain sur le mur en face. Charity lança une injonction et la carte se modifia. 

-Ce que tu vois en rouge, ce sont les perturbations sismiques. Les endroits où la terre bouge plus que d'ordinaire. Il y a beaucoup d'agitation sous la côte ouest, comme tu peux le voir. C'est ce qui nous a permis de te retrouver.

Paulo changea une donnée et des mouvements bleus envahirent la carte.

-Là, ce sont les données concernant l'humidité. Elle se concentre là où je me déplace.

La carte dézooma et au niveau de l'Europe des traces jaunes et vertes apparurent.

-On pense que l'air et le feu sont ensemble, il y a trop de corrélations entre les températures et les vents. Et on pense aussi qu'ils sont en Europe. 

-Pourquoi vous n'êtes pas allé les retrouver avant ? 

-Parce que les signaux sismiques devenaient trop forts. On pense qu'il faut se concentrer sur toi avant qu'un tremblement de terre  énorme se déclenche. 

Lukas prit le relais. 

-Tant que tu ne sauras pas maîtriser ton élément et tes pouvoirs, on est à deux doigts du séisme le plus mortel de l'histoire de l'humanité moderne. La dernière fois qu'une catastrophe s'est produite sans pouvoir être contrôlée comme ça, c'était Pompei.