Je me suis toujours fié aux premières impressions. Les apparences sont parfois trompeuses, mais mon instinct ne m'a jamais fait défaut. Quand j'ai rencontré Cris, je savais qu'elle m'en demanderai beaucoup plus que je serai prêt à lui accorder. Par exemple, répondre à ce qu'elle pesait être des sous entendus en l'invitant au bal de promo de manière spectaculaire.
J'ai juste glissé les billets dans son casier, elle poussa un cri perçant pour signaler à tous que quelque chose de fou se produisait dans sa vie sociale et vint se jeter à mon cou avant de retourner planifier des séances de shopping avec ses copines. Pour trouver la robe. Pardon, LA robe.
Et pendant qu'elle planifiait, j'avais une autre première impression. J'avais juste rejoint mes potes. Ils étaient posés sur les marches du lycée, comme d'habitude. Tournés vers le parking, où les motards du coin parquaient leurs bécanes pour qu'elles soient à l'abri. Et au milieu des motos, il y avait un gros range rover kaki. Un gars était au volant, et un autre à l'arrière. Mais sur le siège passager, nous fixant du regard, il y avait cette fille.
Elle avait l'air plus âgée que nous, de six ou sept ans facilement, et je n'ai aucune idée de la couleur de ses cheveux ou de la forme de son visage. Je croisais juste son regard et ce fut comme si un pic de glace transperçait mon esprit, comme si une vague venait noyer le peu de neurones que j'avais réussi à développer. Une douche froide qui me liquéfiait sur place. La voiture démarra et quitta le parking dans un grondement feutré.
Mais elle resta gravée dans ma pensée. Et mon instinct me cria de la retrouver pendant toute la semaine suivante. Jusqu'à ce que la voiture kaki réapparaisse. Nous étions sur la plage, quelques gars faisaient semblant de surfer (non parce que le Pacifique en Californie, faut se calmer sur le fantasme des vagues). Les filles profitaient du soleil de fin d'après midi pour peaufiner leur bronzage, découvrant tellement de peau que c'en était lassant. Je faisais couler du sable entre mes doigts sur le bras de Cris qui se laissait faire, béate. Et le range rover se gara de l'autre côté de la crique, pile dans mon champ de vision. Quatre personnes en descendirent cette fois. La fille était avec eux, j'en fus immédiatement persuadé. Cris râla abondamment quand je l'abandonnai sans explications. Les quatre personnes s'étaient installées juste au bord de l'eau. La fille était en short et avait enlevé ses sandales pour étendre ses jambes là où les vagues venaient par séquence s'étaler sur sa peau.
Je la détaillais d'avantage du regard. Elle était plutôt grande, ses hanches étaient marquées et ses cheveux ramenés en queue de cheval brune. Ses yeux se posèrent sur moi tandis que je m'approchais, puis elle se retourna en riant vers l'homme le plus proche d'elle. Qui rit en retour et s'avança pour l'embrasser.
Elle se laissa faire, puis un des autres hommes lui dit quelque chose de sérieux et elle se retourna vers moi.
-Salut!
J'hésitais mais mes pieds prirent la décision pour moi.
-Salut.
-Tu veux venir t'asseoir?
Sans comprendre comment, je me retrouvais en tailleur en face de leur petit groupe.
-Voici Lachlan.
Elle désigna l'homme qui l'avait embrassée, qui leva la main pour me saluer.
-Lukas.
Celui qui lui avait parlé.
-Et Mercedes.
Et je réalisais que la quatrième personne était une femme. Facilement l'âge d'être ma mère, mais des yeux noirs et brillant, de longs cheveux balayant une silhouette sculptée plus que musclée, une peau lisse et bronzée. Elle m'adressa un simple signe de tête, le visage neutre.
-Et moi, c'est Charity.
-Matt.
-Salut, Matt. ça va ?
J'acquiesçai. La situation était vraiment bizarre. Enfin, c'est ce que je pensais sans avoir vu ce qui s'apprêtait à tomber sous mes yeux. Charity (en plus d'avoir un prénom bizarre) jouait à faire couler du sable entre ses doigts. Je regardais ses doigts quelques secondes avant de réaliser que ce n'étaient pas des grains de sables, mais des gouttes d'eau. Qui ne coulaient pas le long de ses doigts mais remontaient en sillon fin depuis la mer jusqu'à son poignet, dont elles faisaient le tour, créant comme un bracelet d'eau pure.
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There were four of us
ParanormalMatt & Charity. Non, ce n'est pas une histoire d'amour. En fait, c'est à cause d'elle que ma vie n'a plus rien de normal. Et que je suis devenu extraordinaire.