CHAPITRE UN

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L'appartement était immense, presque vide. De temps à autre, les rideaux étaient mal fermés et quelques rayons de soleil ou de lune venaient éclairer le désordre de la pièce à vivre. Il s'était toujours sentit minuscule au milieu de cette immensité que son aura n'arrivait pas à remplir. Il ne se souvenait même plus pourquoi il avait acheté cet endroit. Sans doute avait-il voulu se prouver quelque chose. Sans doute avait-il voulu prouver à tous ceux qui avaient regardé sa mère de haut qu'elle avait élevé un fils capable de s'offrir l'un des plus chers appartements de Gangnam sans que son compte en banque n'en soit réellement impacté. À l'instant même où il avait signé le bail, il avait renoncé à son nom. Le jour de sa naissance, ses parents lui avaient donnés un nom : Min Yoon-Gi. Acheter cet appartement signifiait qu'il renonçait à le porter au grand jour.

Dans le salon, il y avait un immense piano noir. L'instrument était entouré de feuilles, de centaines de feuilles couvertes de notes et de paroles qui ne verraient sans doute jamais le jour. Chaque chanson qu'il avait écrite avait rencontré le succès grâce à la voix et le visage d'un autre. Personne ne connaissait Min Yoon-Gi. Mais Min Yoon-Gi avait un immense appartement à Gangnam. Mais Min Yoon-Gi avait un immense piano noir au milieu de son salon.

— Enfoiré de Min Yoon-Gi !

Son poing s'abattit violemment sur les touches noires et blanches. Un son chaotique et plaintif emplit la pièce.

— Enfoiré de piano noir !

Cette fois, il se détourna du piano. Son regard balaya la pièce. Parmi toutes les feuilles, l'une d'elle attira son attention. La lettre de Jimin. Il la saisit d'un mouvement las et lu encore et encore les mots qui y figuraient. Que leur restait-il vraiment ? Leur amour ? Peut-être. L'impossible ? Sûrement. Il s'assit sur le sol. Tout ce qu'il restait de Min Yoon-Gi était sa mémoire, son passé, son enfance. Un crayon entre ses doigts, il noircit l'arrière de la lettre de Jimin. 

Dans un coin de mémoire

Il y a un piano brun sur le côté

Dans coin de la maison de mon enfance

Il y a un piano brun sur le côté

Yoon-Gi se leva, rejoignant sa chambre avant de se laisser tomber sur ce lit dont la largeur semblait le dévorer. Il se mit sur le côté, dos à la place toujours vide à côté de lui. Son regard embrassa la photo posée sur sa table de chevet. Un sourire amoureux releva ses lèvres. Jimin était beau quand il souriait ainsi, comme si le monde n'était qu'un ensemble de choses merveilleuses. Il tendit la main vers la photo mais son bras était trop court. Ses doigts échouèrent à effleurer la photo. Même ici, Jimin lui était inaccessible.

Je me souviens, quand j'étais à l'école

Et que je suis devenu plus grand que toi

J'ai commencé à te négliger, alors qu'avant je t'adorais

Mais malgré cela, je ne saisissais toujours pas ton importance

Partout où j'errais, toi, peu importe la situation

Tu me suivais

Mais je ne comprenais pas que l'on avait touché le fond

Quand la sonnette de la porte retentit, il fut incapable de dire s'il faisait nuit ou jour. Il se leva, s'éloignant un peu plus du sourire de Jimin. Ses pas résonnaient lourdement sur le carrelage. Dans ses souvenirs, les appartements aussi grands ne renvoyaient pas l'écho de ses pas. Peut-être que dans la maison des Park, la perfection étouffait les échos. Un instant, il espéra que ce soit Jimin derrière la porte. Mais il avait l'intime conviction qu'il ne s'agissait que de Jungkook. Il n'y avait que lui qui venait le voir. Le sourire de Jungkook n'était pas aussi beau, pas aussi lumineux que celui de Jimin. Il écrivait des chansons pour Jungkook mais il n'avait jamais réussi à en faire sa muse. Le jeune homme lui tendit un gobelet en carton remplis de café. C'était sans doute le matin. 

Her (Vkook et Yoonmin) BTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant