CHAPITRE SIX

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Il n'y avait toujours qu'une seule femme à la table qui trônait au milieu de la salle à manger réservée à la famille. Lee Yoo-Jin était encadrée par son mari, en bout de table, et par son fils, à sa droite. La place en face d'elle était toujours vide. Jung Hoseok avait toujours été condamné à manger à côté de cette place vide, le regard irrémédiablement posé sur son demi-frère. Lee Yoo-Jin ne souriait que rarement, préférant présenter un visage glacial surplombé d'une couronne d'orgueil. Jimin avait souvent admiré sa mère pour sa force.

Toute sa vie, Jimin s'était sentis fils de député. Ce soir-là, il se sentait fils de Lee Yoo-Jin. Il en ignorait la raison. C'était une intuition qui lui soufflait à l'oreille qu'elle était en train de faire quelque chose qui imposait le respect.

- Bientôt, Kang Min-Ah rejoindra notre famille et embellira son nom en donnant naissance à notre héritier.

Jimin faillit avaler de travers le vin qui lui brûlait la gorge. Lee Yoo-Jin fit mine de ne pas avoir remarqué sa soudaine agitation. Elle avait autre chose qui lui torturait l'esprit ; quelque chose d'infiniment doux.

Elle avait à peine touché à son assiette quand elle se leva sous le regard indifférent de son époux.

- Du travail m'attend, déclara-t-elle avant de quitter la pièce.

La tension qui régnait toujours en sa présence disparue. Le député Park dinait toujours en silence. Il n'avait jamais ressenti pour elle qu'un profond mépris. Le jour où elle avait donné naissance à Jimin, il l'avait haï encore plus. Park Jimin était un être aimé mais il était aussi le fruit de l'union du devoir et de la haine. C'était ce qui le différenciait d'Hoseok. Le député Park avait profondément aimé la mère de son fils ainé. Pour cette raison, il avait tout fait pour que Lee Yoo-Jin soit malheureuse.

Cependant, Lee Yoo-Jin n'était pas le genre de femme à tenir son bonheur de l'approbation d'autrui. Elle tenait son bonheur des choses qu'elle aimait. Et elle aimait plus que tout la voix de son amant.

- Où allons-nous, Madame ? lui demanda Kim Seokjin en lui jetant un regard dans le rétroviseur.

- Au bureau, lui répondit-elle simplement.

Il se contenta de hocher la tête et démarra. Séoul défilait, lumineuse et éblouissante, derrière les vitres, mais c'est la minuscule lumière clignotante de la caméra embarquée collée au parebrise qui accaparait l'attention de Lee Yoo-Jin. Cet œil implacable la suivait partout et écoutait ses moindres murmures.

- Nous sommes arrivés, Madame.

Elle attendit que le chauffeur lui ouvre la portière. Elle descendit et resta quelques secondes immobiles devant l'immense bâtiment qui lui appartenait. Cet endroit était à elle. Mais elle ne parvenait pas à se sentir à l'aise. La voiture redémarra, sans elle, et s'éloigna. Elle soupira. Elle entra dans le bâtiment. Les caméras devaient la voir entrer pour que l'on puisse croire à ses mensonges.

Elle ressortit trente minutes plus tard. Le parking était vide. Elle rejoignit le trottoir et héla un taxi. Elle lui indiqua une adresse, un sourire aux lèvres.

Oui, Lee Yoo-Jin souriait rarement. Pourtant, elle souriait toujours quand elle se précipitait à la poursuite de son amant.

Le bâtiment devant lequel le taxi la déposa était loin du luxe de l'immeuble de son entreprise et bien loin du confort de l'immense demeure du député Park, mais c'était ici qu'elle souriait le plus. Elle monta rapidement les marches de cet édifice sans ascenseur. Elle était un peu essoufflée, un peu échevelée quand elle arriva en haut, mais son cœur battait délicieusement dans sa poitrine. Elle avait faim, aussi. Elle n'avait rien mangé de son assiette au diner parce que ce n'était pas de cette nourriture dont elle avait envie. Elle voulait manger quelque chose qu'on lui aurait préparé avec amour.

Her (Vkook et Yoonmin) BTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant