Chapitre 9 - L'étau se resserre

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Il y eu le bruit des mouches mais sans plus. Puis un reniflement, celui de Magané. Un grognement, venu de Skin et un toussotement, de la part de Le Bon. Seul Trou-de-Pique demeura là, inerte, un doigt sur la bouche à observer les alentours, comme si la solution était toute proche, inscrite dans les branches des arbres ou dans les nuages. Il pivota sur lui-même, vers le soleil déclinant puis se pencha pour toucher la terre. Skin eut bientôt assez de ces simagrées et déclara :

            « Bon, eh bien, les gars, ça m’a tout l’air qu’on va passer le reste de nos jours dans notre passé antique because notre lampion national n’a plus de flamme pour allumer sa mèche. »

            « Ferme-là, veux-tu. Je suis certain qu’il y aquelque chose qui m’échappe. Quelque chose qui a rapport avec la terre. Je suis sûr d’avoir lu ça en quelque part. »

            « Dans Les Petits Débrouilleux, peut-être? Ou dans le Sélection du Rideur Indigeste? Avoue-le donc que tu n’as plus d’idées, que tu as une panne de psynasme. J’en ai jusque là de tes poses à la euréka dégonflées. Tu as épuisé ton réservoir à idées, ne nous impose pas tes hallucinations de colle. Moi, je veux préparer mon avenir, peut-être me faire Grand Frère pour mon futur père en devenir. Qui sait, je vais peut-être me voir venir au monde. »

            Trou-de-Pique ne l’écoutait pas. Il marchait dans l’herbe, repoussant du bout du pied un bouquet de fleurs de la St-Jean. Il y avait ici, ou tout près, un signe qui le targuait. Tout comme sa mère, il avait en lui certaines intuitions qui lui arrivaient, comme ça, et il avait appris à s’y fier. Il n’en parlait jamais à ses amis parce qu’il ne comprendrait certainement pas et se moquerait sans se gêner. Mais cette fois, c’était tout à fait différent. L’heure n’était plus au jeu du masque, à jouer le rôle de bum et s’en tirer avec des tapes dans le dos et des commentaires qui l’encourageait à continuer dans cette carrière menant nulle part. Pour lui, l’expérience avait assez duré. S’il se sortait de cette impasse temporelle, il allait se remettre aux études et laisser Skin et Magané voguer vers l’abîme. Il rêvait déjà de se plonger dans les livres sur la physique quantique, l’astrophysique et la chimie des atomes. Il savait qu’il avait du chemin à faire pour rattraper ceux qui avaient choisi d’étudier plutôt que de chercher dees trésors au fond d’un poubelle ou des liasses de dollars dans un coffre-fort, mais il allait mettre plus que les bouchées doubles pour satisfaire sa faim. Et il se sentait un apétit à faire peur à ses parents.

            « Ok, que ceux qu’y m’haïssent me suivent! » lança Skin, paraphrasant piteusement l’expression contraire.

            Personne ne bougea, ni ne souffla mot. On observait Trou-de-Pique qui, malgré qu’il fut pris d’une série d’éternuements, poursuivait son brassage d’arbustes et de plantes sauvages. Des nuages de pollen flottaient autour de lui et des nuées de petites mouches virevoltaient autour de sa tête, formant une auréole aux allures d’atomnium. Les autres auraient voulu l’aider, mais ne sachant que chercher, leur regard se promenait sur le sol en quête d’un signe qui pourrait peut-être donner la clé à l’esprit tourmenté de Trou-de-Pique.

            « Est-ce que ça dérangerait quelqu’un de simplement me dire si je suis encore un être vivant, s’il vous plaît? Vous ne croyez sûrement pas que Troud va avoir un éclair de… »

            Ce dernier lâcha un cri qui fit sursauter tout le monde. Trou-de-Pique se penchant et déclara :

            « J’ai trouvé. Je crois que nous avons trouvé la clé de ce mystère. »

            Il exhibait une pierre plate de couleur rougeâtre en forme de triangle. Cette fois, ce fut Charles qui s’exclama à son tour.

L'armoire du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant