Chapitre 4

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La folie. N'est-on pas tous fou au fond ? Qui peut prétendre être sain d'esprit ? Il y a toujours une part d'ombre en chacun de nous. Un endroit rempli d'envies inavouables. De délires. Entendre des voix ne veut pas dire être fou. L'imagination peut en être la cause. C'est cette imagination qui fait de nous des êtres à part, qui nous permet de planifier le futur, qui nous rend capable de nous projeter, de rêver tout simplement. C'est cette imagination là qui peut nous rendre fou. Nous faire peur. On réinvente la réalité. On pense voir ce qu'on ne voit pas.

Quand on marche dans la rue, seul le soir, on a parfois cette impression d'être suivi. Chaque ombre semble être quelqu'un qui s'apprête à nous sauter dessus, prêt à nous tuer. La nuit chaque bruit devient plus inquiétant. Une forme au loin, un son inconnu et c'est la panique. Ce n'est pas notre perception qui nous trompe, c'est notre trop plein d'imagination. Croire voir quelque chose qui n'a jamais été. S'inquiéter, se sentir menacé alors qu'on est en sécurité. La vue ne nous joue pas des tours. C'est la manière dont on interprète ce qu'on voit qui nous trompe. Cette voix que j'entends jour et nuit n'est pas réelle. Je l'invente. Sans doute la fatigue qui me fait perdre la raison. Ce qui est certain c'est que je ne suis pas folle. La folie est une maladie. Elle nous attaque de l'intérieur. Nous rend dangereux. Parano. La folie fait souffrir le malade et les proches de ce dernier. Je ne suis pas dangereuse pour les autres ou pour moi même. Donc je vais bien.

Pourtant je ne cesse de l'entendre. Cette voix me hante. Quand je crois enfin qu'elle a disparu elle revient. Telle une vague elle s'éloigne pour ensuite me frapper de plein fouet.

Cela fait une semaine maintenant qu'elle me parle. Pourtant j'ail'impression qu'elle est avec moi depuis toujours. Qu'elle ne m'a jamais quitté. J'essaye de l'ignorer mais c'est difficile. J'ai tendance à lui intimer l'ordre de se taire. Si je suis seule ça va. Mais quand je déambule dans les rues les gens me regardent de travers. Ils se demandent à qui je peux bien parler. J'aimerais tellement faire comme si je ne l'entendais pas. Faire comme si elle n'était pas là. Cependant, c'est impossible. Cette voix est en moi. Elle me vient de ma tête. De mon inconscient peut-être. L'ignorer c'est comme faire disparaître une part de moi-même. Au fur à mesure du temps, elle va probablement s'estomper pour enfin me laisser.

En allant en cours ce matin, ma tête me lance toujours mais ça va un peu mieux. Ma bonne nuit de sommeil devait y être pour quelque chose. Pour une fois j'ai bien dormi. Je n'ai pas fait de rêves étranges. Je n'ai même pas rêver. C'est une grande première. Ce rêve je le faisais chaque nuit. Avant de tomber dans les bras de Morphée, je savais de quoi j'allais rêver. Cette voix, ce rêve... Je ne crois pas au paranormal. À l'au-delà. Néanmoins, j'ai tendance à penser que ce sont des manifestations d'un autre monde. Une âme en peine.

Mes parents ont toujours eu des problèmes à avoir un enfant. Ma mère avait peu de chance de donner la vie. Ils se sont battus pour réaliser ce rêve qui semble si facile pour certains. Un beau jour, ma mère n'avait plus eu ses règles. Le test de grossesse lui avait confirmé ce qu'elle, ou plutôt, ce qu'ils attendaient depuis longtemps. Ils allaient être parents. Le jour de la naissance aurait dû être le plus jour de leur vie. Cela aurait dû être un instant magique. Intense. Du bonheur pur. Ça avait été un cauchemar. Le cordon ombilical s'était enroulé autour du cou du bébé. Il s'étouffait. Plus les secondes passaient moins de chance le bébé avait de s'en sortir. Ils n'ont rien pu faire. Ce qui aurait dû être ma grande sœur, Elena, est morte juste après être née. Mes parents étaient dévastés. Ils auraient pu abandonner mais ils ne l'ont pas fait. Ils gardaient espoir. Et ils ont eu raison de ne rien lâcher car quelques années après j'étais née. Ils m'ont appelé Hope pour leur rappeler que dans la vie il faut toujours espérer. Toujours persévérer.

Je me demande si cette voix est celle de ma sœur Elena. Ce n'était qu'un bébé quand elle a quitté ce monde mais elle veut peut être communiquer avec moi. Je ne sais pas.

Symbiose - Tome 1 : ConnexionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant