Chapitre 9

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De retour dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit. Dur. C'est le seul mot capable de le décrire. Ma tête repose sur le matelas. J'aurais tellement aimé avoir un oreiller mais c'est interdit à cause des nombreux suicides. C'est vrai, quelle est la meilleure façon de mettre fin à ses jours ? La réponse est simple : en s'étouffant avec un oreiller. Les gens d'ici sont stupides. Ce n'est probablement pas de leur faute, moi aussi je commence à m'abrutir de jour en jour en restant cloîtrée ici. Je ne fais rien de mes journées. L'ennui est devenu mon seul compagnon de cellule. La solitude, elle, ma meilleure amie. J'avais une meilleure amie avant. Avant qu'elle ne me trahisse. Avant qu'elle ne m'abandonne. Mais tout ça, c'était avant. Avant d'entrer dans ce présent, si horrible, si terrifiant. Je regrette le passé.

Mes yeux virevoltent dans la pièce, cherchant un peu de luminosité, mais tout est noir. Ils ont pour ordre de couper toute source de lumière après 21h pour être sûr que tout le monde sache que c'est l'heure de dormir. Comme si nous étions stupides à ce point.

Il y a cette petite fenêtre qui m'aide à me repérer dans le temps. J'essaye de savoir l'heure en regardant le soleil se déplacer dans le ciel. C'est mon seul point de repère. J'aime regarder dehors, et en même temps je déteste ça. Ces barreaux à la fenêtre sont un rappel incessant que je ne suis pas libre. Je suis prisonnière. Ils auraient pu mettre une fenêtre sans ces barres de fer. Cependant, c'est trop dangereux. On ne sait jamais, si un jour je décidais de sauter...

Tout est trop dangereux ici. Une ceinture, des lacets, des draps et bien sûr les oreillers. Au moins j'ai quand même le droit à un matelas. Mais pour combien de temps ? Ils seraient bien capable de tout m'enlever, de peur que je commette l'irréparable avec le peu de choses que j'ai sous la main. Les autres malades ne sont pas traités comme moi. Ils ont plus de liberté. Moi non. Je n'ai pas le droit d'être mélangée avec les autres. Je n'ai pas le droit de manger au réfectoire avec les autres. Je n'ai pas le droit de parler avec les autres. Je dois rester seule. Je dois être isolée parce que je suis soi-disant dangereuse.

Je secoue la tête. Non, je ne suis pas comme ce qu'ils disent. Je ne suis pas dangereuse. C'est ce que je me dis chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Et je commence à douter de cette affirmation. Si je suis ici, c'est bien pour une raison. Je suis une menace pour autrui. Mais le suis-je réellement ? Avant j'aurais sûrement nié mais maintenant c'est différent.

Avant j'aurais clamé haut et fort que je suis inoffensive. Que si je suis ici, c'est parce qu'ils ont manipulé tout le monde. Ils m'ont fait enfermer pour me faire taire. Ou du moins, pour taire mes propos. Personne ne croit une folle. Ils ont réussi à me faire passer pour ce que je ne suis pas. Ils ont réussi à se débarrasser de moi sans me tuer. Je suis toujours en vie, du moins en apparence. Je suis vide à l'intérieur. Ils ont réussi à duper tout le monde. Même mes parents.

Ils croient désormais que la menace est éliminée. Ils croient ça car je suis enfermée entre ces quatre murs mais ils ont tort. Un jour, je sortirai. Oui, et je me vengerai.

Je pense à Noan. À son sourire, à sa voix, à ses yeux. Même lui m'a abandonné. Je me mets en boule sur mon matelas et laisse libre court à mes larmes. Ils ont finalement réussi à me briser. Bien joué. 

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Chapitre en italique donc c'est normal qu'il soit court (extrêmement court même haha) :) la suite devrait arriver en fin de semaine mais en attendant j'attends vos retours !

Symbiose - Tome 1 : ConnexionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant