Chapitre 4: Night of Fear

106 6 4
                                    

The silent night has turned into a night of fear
With windows howling wind into your ear
You listen to the spirits far behind
These things you hear are too much for your mind

***
En aval des alpes autrichiennes se découvre une forêt immensément vaste et dense. Ceux qui s'y perdent ont malencontreusement peu de chance d'y survivre. La plupart des aventuriers meurent gelés, d'autres se font chasser par des bêtes affamées et sans pitié. L'épuisement peut être un facteur aussi, à force de marcher et de s'enfoncer dans l'épaisse couche de neige.
Il y a toutefois quelques montagnards qui vivent chacun très isolés l'un de l'autre, d'un bout à l'autre de ce désert de sapins infini. Ils y vivent à l'année longue, ils n'ont (sans faire de jeu de mots) pas froid aux yeux. On pourrait dire que certains d'entre eux sont nés sur un bloc de glace, ou même qu'ils auraient pu être conçus dans un igloo, ou dans un palais givré, pour les plus aisés d'entre eux...
Cela faisait rêvasser une de ces coureurs des bois. Elle s'imaginait des scénarios qui pourrait faire grelotter les plus sensibles au froid. Elle rêvait de se marier dans un château de glace, ensevelie dans une robe manteau, faite avec la plus belle peau, la plus blanche, la plus propre. Puis ensuite, elle passerait sa lune de miel aux côtés de son futur compagnon dans une chambre froide, là où ils n'auraient aucun mal à se réchauffer...
Malgré ses airs de princesse, elle avait quand même un côté très téméraire. Elle n'avait qu'à préparer ses chiens, son traîneau, puis elle ne faisait que s'amuser. Même en pleine tempête.
On aurait pu croire qu'elle serait la fille du Père-Noël, et que l'on remplace ses rennes par des huskies.
Ce soir, elle avait envie de s'amuser. Il annonçait des rafales, mais pour elle, cela voulait dire beaucoup de sensations fortes, ce qu'elle raffolait. La jeune intrépide attacha ses cheveux en deux tresses bien serrées, enfila son jumpsuit et ses lunettes de skieuse, fit les derniers ajustements des harnais des bêtes, et elle partit vers une folle promenade hivernale.

~~~

Les pieds et les orteils congelés, les mains rouges, les lèvres bleues, Lennon et McCartney ressemblaient à deux bonshommes de neige. Ou deux Mister Freeze... Ces deux compositeurs frôlaient l'hypothermie, ils étaient à bout de souffle. Ils n'ont pas arrêté d'avancer dans ce qui pouvait être qu'un labyrinthe frigorifiant et sans sortie. Ils étaient prisonniers.

- John, souffla le bassiste, clairement anéanti, les larmes au yeux à cause du froid et de la fatigue, juste avant de s'écrouler comme une fan devant un concert de son groupe préféré.
- Paul, non! il le rattrapa de justesse, presque comme dans les films.
Les yeux marrons clair de Paul étaient vitreux, ses longs cils étaient maquillés de petits cristaux blancs et ses pommettes toutes rouges réchauffait les mains paralysées de John. Ce dernier avait du mal à regarder la douleur de son tendre ami, à qui il ferait tout pour le garder éveillé. Il ne pouvait pas se mettre à l'idée qu'il lui arrive malheur, il ne pouvait pas s'imaginer devoir le perdre.

- Paul, je t'en prie, reste avec moi, reste debout.
John qui avait l'habitude de garder son sang froid et de cacher ses émotions, dans cette situation, il n'était plus le même. Il était seul, dans la forêt sombre, tenait dans ses bras l'un de ses seuls amis, à qui il tenait plus que quiconque, ni même sa propre femme. Il avait déjà perdu un être cher dans le passé, mais il était trop tôt pour que ça se reproduise. Et puis les deux autres, où étaient-ils? Et s'ils y étaient restés? S'ils sont morts de froid? Ou dévorés par des loups, ou des ours? C'était un vrai cauchemar. Alors que dans quelques semaines il devait se rendre au Bahamas pour tourner les prochaines scènes du film, va-t-il pouvoir s'y rendre jusque là? Les Bahamas, bien le contraire de cet Enfer nordique...

John et Paul se réchauffaient ensemble du mieux qu'ils le pouvaient. Ils se tinrent les mains et soufflèrent dessus. De la fumée sortait de leur bouche, presque identique à celles de leur Marlboros qu'ils prenaient dans le train pour se rendre ici en Autriche. Parlant de cigarettes, ils en auraient bien pris une en ce moment, mais ce n'était pas le temps de penser à ça. Le vent hissait encore, il était puissant.

- J-John... réussit à dire Paul, auquel il regardait attentivement, droit dans les yeux.
- Paul, pitié j'peux pas te perdre...
- J-je veux pas mourir ici.

Ils avaient les larmes aux yeux, ça ne pouvait pas être la fin, non, impossible que leur vie ne se termine de cette manière.

- Merde, moi non plus, chuchota le guitariste d'une voix rauque. Avec un peu d'effort, il réussit à lever légèrement la tête.
- Hé, hé, mec!

Une lueur d'espoir éclairait le visage givré de John.

- Putain, regarde!

Impulsif, John prit la tête de son ami et le fit regarder au même endroit.

-Aïe! Merde, c'est quoi ton problème? cria Paul, mais il n'eut pas le temps de réagir. Ses grands yeux de petit chiot avaient repéré la meilleure chose qu'il aurait pu souhaiter pour le moment.

Il y avait à quelques mètres d'eux une crevasse entre deux ou trois grosses épinettes. Ça ressemblait beaucoup à un terrier.

- Thank god! Gémit Paul, satisfait et presque excité.
- Enfin, quelque chose de plus pour nous protéger de cette bloody tempête. Allez, suis moi!

Ils se mirent à ramper vers la tanière abandonnée. Toutefois, ils avaient beaucoup de difficulté. Les deux s'entraidaient, celui qui était plus en avant tirait sur l'autre, qui le poussait à son tour pour le faire aller plus loin. Avec énormément d'effort et de persévérance, ils se sont rendus, finalement K.O.

Au moins, de la chance qu'ils avaient, ils ont réussi à se trouver un abri.

Far From Help! (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant