Pastime Paradise - Histoire Publiée le 14.01.2022 chez Le Lys Bleu Editions

Be an assistant

Je sautille sur un pied en enfilant la paire d'escarpins à talons que j'ai prévu avec ma tenue. Je me suis levée en retard, comme d'habitude. Et maintenant je cours partout pour rassembler mes affaires et les enfourner dans mon sac à main. Mon portable se met à sonner et je le colle distraitement à mon oreille.

"Sophia" j'entends ronchonner à l'autre bout du fil.

"Vous êtes un patron extrêmement exigeant Mr Bailey" je ricane en claquant la porte de mon appartement.

Mes clés ornées d'un pompon blanc pendent à ma serrure quand je m'efforce de me dépêcher.

"Je suis là dans 15 minutes!"

J'entends un vague grognement au bout du fil puis je me hâte de rejoindre la bouche de métro en bas de chez moi. C'est un luxe d'être si proche. C'est peut-être pour ça que la moitié de mon salaire part dans mon loyer alors que je vis dans le Queens. Mais j'imagine que c'est de ma faute, j'aurais dû quitter New York à la fin de mes études.

Quand j'arrive au bureau, je salue Sarah qui se marre en me tendant un café dans un gobelet éco-responsable marron. J'y jette un coup d'oeil et fonce dans le couloir en toquant à deux reprises avant de l'entendre m'indiquer que je peux entrer.

"Désolée Parker" je soupire en posant mon ordinateur portable sur son bureau "J'ai tout."

"Refais moi la présentation" marmonne-t-il en jetant un coup d'oeil vers la porte, toujours assis dans son fauteuil.

Il a l'air de mauvaise humeur alors j'élargis mon sourire. Je ne suis pas si en retard que ça, il exagère. Quand mon ordinateur s'allume en prenant son temps, je bois mon café en croisant et décroisant les jambes sur le siège en cuir en face de lui.

Au bout d'une vingtaine de minutes, j'ai terminé le power point et lâche la baguette en bambou que je tenais pour pointer les données importantes.

"Est-ce que ça te convient ?"

"Ça ira."

Trouvez un patron plus pointilleux que le mien et je vous paye une bière. Je me penche pour débrancher la prise de mon ordinateur. J'ai complètement oublié de le charger hier et me voilà prisonnière des prises qui ornent nos locaux pour au moins une heure.

"Tu vas assurer, boss." je lui lance dans un sourire malicieux en déposant un clé USB sur son bureau.

Il me fait un clin d'oeil et détaille rapidement ma tenue avant de me faire signe de sortir en levant les yeux au ciel.

Quand dans l'après midi, la porte de mon bureau s'ouvre je relève la tête et décoche un sourire.

"Comment s'est passée la présentation ?"

Il se penche sur mon bureau et tend sa main vers moi pour que je tape dedans. Visiblement, comme sur des roulettes.

"Ils ont adoré tes propositions." lance-t-il en se laissant tomber sur la chaise en plexiglass posée face à moi.

"Génial alors" je lance, ravie.

Je bosse dans cette agence de pub depuis huit mois. J'ai le poste d'assistante de Mr Bailey. Alors je passe mes journées avec lui et parfois même plusieurs soirées quand il s'agit d'un gros projet. J'ai réalisé des études en marketing et communication et être ici me permet non seulement de les utiliser mais également d'en apprendre davantage. Parker bosse dans le milieu depuis dix ans, a monté sa boîte il y a cinq ans et a ouvert une succursale sur la Côte Ouest il y a un an. Tout ça, sans foutre un pied dans une faculté. Autant dire que je bois ses paroles.

"Tu viens à la maison ce soir?" me propose-t-il à mi-voix.

Je jette un coup d'oeil vers la porte ouverte en faisant les gros yeux et il me répond par un sourire enjoué. J'articule un oui après avoir mordu ma lèvre inférieure pour lui montrer ma désapprobation.

Il se lève et je le détaille rapidement. Sa barbe est impeccable, tout comme ses cheveux châtains plus longs sur le dessus de son crâne et tirés en arrière. Il porte un costume bleu nuit dont la chemise blanche réhausse le tout. 

Je me liquéfie presque sur ma chaise quand il sort les mains dans les poches, nonchalant.