Pastime Paradise - Histoire Publiée le 14.01.2022 chez Le Lys Bleu Editions

Be terrified

Je m'arrête en bas de l'immeuble et salue le concierge.

Niel me voit désormais approximativement trois fois par semaine depuis six mois. On se connaît, il connaît très bien la nature de ma relation avec Parker et j'ai plaisir à discuter avec lui car il connaît New York comme sa poche. Petit plus, il côtoie Parker depuis bientôt plus de trois ans alors quand je sors en furie de l'immeuble après une prise de tête, cet homme âgé de la soixantaine m'attrape toujours avant que mes pieds touchent le trottoir et j'ai le droit à un conseiller conjugal gratuit. Nos disputes se finissent à chaque fois très bien grâce à lui.

« Il vient d'arriver » m'avertit-il en jetant un coup d'œil à l'ascenseur.

« Seulement ? »

Qu'avait-il à faire au bureau pour rester si tard ? Non pas qu'il me dise tout, mais cela devait être sacrément important car je n'en ai pas la moindre idée.

J'y grimpe, pose mon badge sur le boîtier électronique et presse le bouton du 24ème et dernier étage de l'immeuble. Il s'ouvre sur l'immense salon épuré et parfaitement rangé de Parker. Cet homme est maniaque. Il déteste que je laisse traîner mes affaires chez lui et pourtant, il adore m'y inviter.

Je retire mes escarpins et les pose près de l'entrée alors que les portes se referment dans mon dos. Seul le bruit de la douche retentit dans l'appartement et je comprends rapidement qu'il est en train de se rafraîchir avant que j'arrive. Pour une fois, il est en retard et ne m'a pas prévenu. Je pars vers les grandes baies qui bordent tout son salon. J'apprécie d'y découvrir comme toujours Central Park. Nous sommes au mois de Juin, Central Park est rempli de visiteurs, touristes et New Yorkais venus se détendre et apprécier le poumon vert de la grosse Pomme. J'ai découvert pour la première fois la vue de son appartement en Décembre. Il neigeait à cette époque et c'était absolument charmant. Mais voir Central Park si vivant durant les mois de l'été me fait esquisser un sourire. J'adore cette ville. Je l'aime de tout mon cœur et m'y sens chez moi. Il était hors de question que je rentre à Miami après mes études. Cette option était inenvisageable. Et aujourd'hui, je sais que j'ai pris la bonne décision : j'adore mon job, je suis dingue de mon patron et je suis dans la ville qui me fait me sentir vivante à chaque seconde.

« Salut toi » chuchote-t-il en se penchant à mon oreille, les mains sur mes hanches.

« Vous êtes en retard Mr Bailey » lui dis-je en me tournant vers lui, passant mes mains derrière sa nuque.

Il esquisse un sourire et je sais qu'il a envie de me faire remarquer que c'est l'hôpital qui se fout de la charité mais il n'en fait rien. Ses lèvres se pressent contre les miennes et j'apprécie le fait qu'il n'y ait personne pour nous déranger. Nous ne nous cachons pas au bureau. Enfin, presque pas. Parker s'en fout, mais j'aimerais éviter qu'on me fasse passer pour la fille qui a le poste car elle ne sait pas garder sa petite culotte en présence de son patron. Pourtant, je suis presque sûre que tout le monde est au courant. D'une part, parce que les regards ne mentent pas. D'autre part, parce que Parker est insatiable. Mon bureau est entièrement vitré, tout le monde passe devant dans le couloir et il ne peut pas s'empêcher de venir dans mon bureau tout le temps. La plupart du temps, il sait se modérer. Il n'empêche que mes collègues doivent se dire que soit je suis une idiote et qu'il a besoin de me surveiller tout le temps, soit qu'on flirte à longueur de journée. Pour ainsi dire, c'est un peu les deux.

« Qu'y avait-il de si important au bureau ? » je demande en penchant la tête, soucieuse.

« Je parlais avec Collin » commence-t-il en m'attirant sur ses genoux, confortablement installé sur son canapé qui peut accueillir plus de dix personnes « Je pense qu'il ne réalise pas qu'il est à Los Angeles et nous à New York. »