J'enfile un col roulé et un pull par au-dessus, et ferme mon jean slim. Je tresse rapidement mes cheveux noirs et en attrapant mon sac au passage, je quitte ma chambre et dévale les escaliers.
Je suis si impatiente de retrouver mes amis, mon collège et ma vie. J'embrasse tendrement ma mère et mon père ainsi que mon petit frère. L'ambiance est encore inquiète et tendue. Je ne suis rentrée qu'il y a deux jours. Je ne sais pas où j'étais, ni combien de temps je suis partie et malgré mes efforts, je n'arrive pas à avoir des souvenirs. Tout ce que je me souviens c'est qu'avant mon black-out, je me baladais dans une bibliothèque et qu'après j'étais sur la route pour rentrer chez moi. Et quand je me suis réveillée, j'étais allongée sur un lit aux draps rouge sang avec une fenêtre ouverte - par laquelle je me suis échappée -. Je l'ai répété au moins une dizaine de fois à mes parents mais soit selon eux, j'invente une histoire insensée pour ne pas leur raconter ce que je faisais vraiment comme fuguer par exemple, ou soit, je deviens complètement folle. En bref, j'ai beau leur dire ma vérité, je passe pour une timbrée et ils insistent que je leur dise leur vérité. Donc hier soir j'ai fini par leur dire ce qu'ils voulaient entendre: j'ai fugué. Comme ça ils me fichent la paix, je revis normalement même s'ils sont en colère puisque je leur ai menti et que j'ai fugué.
Alors que je n'ai fais aucune des deux choses qu'ils m'ont reproché. Mes parents sont coriaces.
Je ne prends donc pas vraiment le temps de rester avec eux déjeuner et attrape une briquette de jus de pomme dans le frigidaire ainsi qu'un Kiri.
Je leur fais signe de la main et m'éclipse de la maison.
Dans le bus, je suis seule sur les deux places qu'il y a. Je sirote ma briquette et ai déjà englouti mon fromage. Je ne fais rien de spécial et regarde mes chaussures. Les messes basses se font entendre et je sens tous les regards sur moi.
Je n'y prête pas vraiment attention, ce ne sont pas mes amis et ils m'ont toujours jugée. Parce que je suis vraiment mince et que mes yeux sont particuliers. Ils sont presque orange. Moi, je les adore. Ils sont merveilleux. Et au fond, je me dis qu'ils sont jaloux de ne pas avoir d'aussi beaux yeux, des yeux uniques. Ils sont jaloux d'avoir des yeux que presque toute la Terre possède.J'observe sur le banc au loin, Kora, Hyuna et Mao. Mes meilleurs amis. Depuis le CM1 nous sommes inséparables. Un sourire s'empare alors de mes lèvres et je presse mon pas pour les retrouver.
J'arrive devant eux, Mao relève la tête et me toise un long moment, entre-temps rejoint par Kora et Hyuna. Ils n'ont pas l'air ravi. Mince alors.
— Salut, osé-je.
Kora balance ses cheveux blonds derrière son épaule et se lève du banc. Les deux autres coulent un dernier regard sur moi et ne tardent pas à la suivre. Je fronce les sourcils, une moue déçue et triste prend forme sur mon visage et mon cœur par en miettes, un peu plus à chaque fois que je prends conscience de ce qu'il se passe.
Je broie ma briquette et la jette dans la poubelle à côté du banc. Qu'est-ce qui leur prend ?! Je suis devenue Fiona, la peste du collège ? Pas à ce que je sache, ce matin en me levant, c'était la même personne que j'étais en début de troisième.
La sonnerie retentit, je me mets en rang, au fond de préférence. On se met toujours au fond avec Mao, Kora et Hyuna. Sauf qu'ils restent devant moi, enfin, pas totalement. Thomas sert de barre sécurité entre moi et eux. Je soupire, essayant de réprimer un énième fragmant de mon cœur.À l'inter-cours, entre le français et les mathématiques, j'ai le droit aux regards de toute ma classe. À présent, je sais qu'il faudra que j'ai une conversation avec Hyuna, Kora et Mao. Je ne pourrais pas supporter une journée entière comme ça. Déjà une heure m'est insupportable.
Mr Frangh annonce la fin du cours - cinq minutes après la sonnerie - je sors alors en vitesse, je me casse à moitié la figure dans les escaliers pour arriver en première au banc. Et si ils esquivent, je vais sortir ma fameuse endurance. Non je plaisante, j'ai horreur de courir et surtout je ne sais pas courir. Bref.
Je vois une tête brune aux cheveux courts sortir du hall, Mao. Je cherche quoi leur dire. Mince. C'est vrai quoi, qu'est-ce que je vais leur dire ? « Eh salut pourquoi vous n'êtes plus mes amis ? ». Nan, trop pathétique. « C'est quoi votre problème ? Vous vous croyez supérieur et qu'une fille comme moi c'est pas pour vous c'est ça ? ». Non plus, trop cash.
Je relève les yeux, ils passent juste devant moi. Je me lève aussitôt et crie:
— Hé ! Attendez !
Aucun ne se retourne. Rah !
— Je vous parle ! C'est quoi votre problème à la fin ?!
Aucune réaction. Bon. Andréa, il va falloir utiliser la manière forte. J'accélère le pas et retourne sèchement Huyna puisque c'était la plus proche de ma main. Elle ouvre grand ses yeux, saisie. Mao et Kora se retournent automatiquement et me fusillent du regard.
— C'est quoi votre problème ?
Mao éclate d'un rire froid.
— C'est quoi ton problème plutôt ?
Je fronce les sourcils, je ne comprends pas. Il se fiche de moi. Mon problème ? Mais je n'ai pas de problème !
— C'est vous qui m'ignorez depuis ce matin ! J'ai fait quoi pour cette méchanceté gratuite ?
Kora siffle longuement avant de poser les mains sur ses hanches.
— Trois mois.
— Quoi ?
— Tu nous as lâchés pendant trois mois, sans nouvelle. Et c'est toi qui nous rejette la faute ?
Maintenant c'est Hyuna et Mao qui croisent leurs bras contre leur torse. Ils me fixent d'un regard indescriptible, mais qui souligne parfaitement les paroles de Kora.
C'est quoi cette fichue blague ?
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Vampiresquement
ParanormalSe réveiller dans un endroit inconnu, reprendre sa vie et ne pas savoir où elle était ni ce qu'elle a fait pendant trois mois. Andréa revient au collège, ses amis la rejettent. Ses parents sont en colère contre elle. Personne ne la croit. Pourtant...