La révélation

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— Andréa, c'est pas drôle. Ma mère va s'inquiéter si je ne rentre pas tout de suite, râle Kora.
Je roule des yeux, déterminée. Je serre plus fermement la lanière de mon sac à dos. Si ils n'arrêtent pas leurs commentaires, je vais exploser.
La main de Mao saisit la mienne, je tourne la tête vers lui.
— Cette histoire te monte à la tête sérieux. Si tu veux je te ramène chez toi, dit-il d'un ton qui se veut rassurant.
Je ne veux pas rentrer chez moi, merde !
Je lâche sa main brutalement, comme si elle me brûlait et les regarde tous les trois. Mon visage est déformé par la colère.
— Je vous croyais être mes amis. Mes meilleurs amis. Je vous dis que je l'ai vu hier soir ! Il était assis juste en face de moi et il me contrôlait ! Il est entré dans mes pensées pour me montrer ce cauchemar. C'est lui !
— Non, non et non ! On rentre. Tu délires là ! Tu l'aurais vu entrer. C'est des conneries. On te fait confiance mais là c'est trop ! s'énerve Hyuna.
Je fulmine, mes poings se contractent le long de mes hanches. J'accélère alors le pas vers le parc. Ils me courent après en me hurlant d'arrêter mes conneries, que je devrais rentrer chez moi et me calmer, d'en parler à mes parents. Je me positionne au même endroit que d'habitude. J'attends ce frisson et ce pouls qui s'accélère. J'attends la peur et l'angoisse. J'attends le flash habituel de mon cauchemar. J'attends de le voir, lui. Et de me faire dévorer par cette tornade.
Mais tout ce que j'aperçois pour le moment, c'est mes trois amis qui me fixent, les bras croisés comme si j'étais timbrée. Et ça me fait mal de voir ça. Ça me fait mal que je tombe à genoux pour hurler. Je pleure, le visage enfoui dans mes paumes de mains. Rien ne se passe. Il n'y a rien. Les gens continuent à se balader, à rire, à parler et rien ne se passe.
— Montre-toi !
Je hurle à m'en bousiller la voix. Il m'entend, je le sais. J'en suis persuadée.
Mes gestes se figent lorsque mes poils se hérissent. Oui, il est là. Ça y est.
— Andréa... tu fais flipper là..., Mao tente de s'approcher.
— Tout le monde te regarde, lève-toi..., geint Hyuna.
Je rampe à quatre pattes où la tornade à normalement lui. Mais les nuages restent blancs et le ciel bleu. Les passants me fixent avec horreur. Mon souffle devient si puissant. Je murmure des râles, j'ai mal aux dents et ma tête me lance. J'ai l'impression d'être en transe.
Ce n'est que quand la main de Mao touche fermement mon épaule que j'en sors. Je regarde autour de moi, je suis devenue folle. Je touche du bout des doigts mes gencives, du sang en ressors. Et ma tête, elle est si lourde.
Je me relève avec l'aide de Mao, je le fixe. Lui, me regarde étrangement. Hyuna et Kora laissent apparaître la peur sur leur visage. Qu'est-ce que j'ai fait ?
— Allez viens, on rentre, me murmure-t-il.
Je respire doucement, chamboulée. Le bras de mon meilleur ami me maintient. Si il ne serait pas là, je m'écroulerai. Mes jambes flageollent.

Dans mon lit, je me roule en boule. Je me sens horriblement mal. Les nausées me secouent, mes maux de tête sont insoutenables. Je gémis en me tenant le crâne. Ma mère arrive avec un torchon humide et le dépose délicatement sur mon front. De sa main, elle caresse ma joue en me regardant tendrement. C'est la première fois depuis que je suis rentrée qu'elle me regarde de cette façon.
— Le médecin a dit que tu as eu des hallucinations.
Mensonge.
— Quelque chose te tracasse ? Tu peux me le dire..., souffle-t-elle.
Je secoue la tête négativement.
Sa main parcourt ma chevelure, et faiblement, j'avale le cachet qu'elle me tend.
— Il faut que tu te reposes. Tu es épuisée.
Elle dépose un baiser sur mon nez, ce qui me fait esquisser un sourire.
Elle se lève et disparaît.

Il doit être deux heures du matin quand j'ouvre les yeux. J'ai dormi cinq bonnes heures. Je vais mieux, les cachets ont fait effet. Je me lève en tirant la couette, m'habille d'un sweat et d'un jean. Mes baskets feront l'affaire si j'ai besoin de courir.
Oui, je retourne au parc. Il était là. Et il le sera toujours.
Je laisse mes cheveux pendre et je file en catimini de la maison.
La lampe torche de mon téléphone m'aide à voir clair, les lampadaires sont pourris ici. Le bruit de la brise contre les arbres me glace le sang. C'est si effrayant.
J'ai pris soin d'apporter un couteau, que j'ai planqué dans ma manche. Simple défense. J'aperçois au loin les néons rose et bleus du panneau du cinéma. Je prends mon temps. Rien ne presse.
Ma colonne vertébrale se glace. Ça y est. J'éteins ma lampe. Je serre les poings et respire profondément. Le ciel se couvre de nuages noirs. Le ciel s'assombrit beaucoup plus qu'il ne l'était. Je tourne la tête face au chêne. Il est là. J'avance, le défiant du regard. Ses cheveux se battent dans les airs, j'aperçois son regard pour la première fois. Il me terrifie. Le bleu glacial de ses iris me stoppe. Je suis figée.
— Qui es-tu ?
Il ne scille pas. Il s'en fiche. Il continue de me transpercer du regard.
— Qui es-tu ?!
Je crie un peu plus fort. Il s'avance lentement. Toujours sans rien dire. Il commence à m'agacer, mais j'ai surtout peur qu'il m'arrive quelque chose.
— QUI ES-TU ?!
Je suis propulsée dans la tornade, retenue et serrée par deux grandes mains laiteuses. Son toucher me brûle.
Nous tournons un bon moment dans cette tempête, quand mon dos heurte le sol. Du parquet, aïe... je me redresse et me masse le bas du dos.
Ses longues jambes sont repliées, il est assis sur le lit. Le lit rouge sang. Celui dans lequel je me suis réveillée. Cette pièce me perturbe. Ses coudes posés sur ses genoux, ses mains soutiennent son menton. Il pince les lèvres.
— Nickaël.
Sa voix est rauque, mystérieuse et attirante. J'en suis saisie.
— Quoi ?
— Tu m'as demandé qui j'étais. Je te réponds, répond-il dans le plus grand des calmes.
Je le comtemple un moment. Il se paye ma tête, ses yeux sont moqueurs.
— Pourquoi tu me suis ? Qu'est-ce que tu me veux ?
Il ricane. Mes poils se dressent. Puis dans la demi-seconde qui suit, il est à l'autre bout de la chambre. Sa vitesse est inhumaine. Mes yeux s'écarquillent. Comment a-t-il fait ?
Il est maintenant à côté de moi. Et il n'arrête pas. Son ombre se déplace à vitesse lumière dans la pièce. Il veut me rendre folle. Je me prends la tête entre les mains.
— Arrête ça !
Il ricane à nouveau, puis se retrouve au-dessus de moi. On dirait un animal chassant sa proie. Il a l'allure d'un fauve, d'un prédateur.
Il sourit à vous donner une effroyable peur. Ses canines grandissent, ses yeux deviennent noirs de désir, des veines ressortent autour de ses yeux. Je crie lorsqu'il s'approche encore plus de moi.
Il se recule, et un sourit narquois s'affiche sur ses lèvres charnues et rosies.
— Je suis un vampire. Tu en es un.
Un rire de nervosité surgit de ma gorge. Je me tords de rire. Mon ventre me fait mal tellement je ris. Puis la nouvelle atteint mes neurones.
— Quoi ?

VampiresquementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant