Chapitre 20

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-Peut être sortir avec toi. Je me mit à rire mais il reprit. Non plus sérieusement, je voulais juste te prévenir pour que tu te fasses pas trop d'idées.

-Et comment tu sais tout ça ?

-Il fut un temps, Sasha et moi on était meilleurs amis, on s'est connu dans l'agence de Jean-Paul. J'étais venu récupérer des affaires que j'avais emprunté à Jean-Paul et elle était là. On s'est revu plusieurs fois comme ça et ça a créé du lien avant qu'on décide de se voir souvent. Mais quand elle a perdu son frère, elle est devenue une personne complètement différente...

Il fit une pause, prit une grande inspiration et reprenait alors.

-Elle ne sortait plus, ne mangeait plus et ne vivait plus. Elle avait toujours été très proche de Zack. J'ai essayé de l'aider. Ses parents l'ont envoyé voir un psy, après quoi elle a commencé à prendre de la drogue. Et puis je ne pouvais plus rien faire pour elle. Elle n'a pas voulu de mon aide, elle n'écoutait pas ce que je lui disais...

Malgré le fait que rien dans cette histoire n'avait de sens, je croyais Ashton. Je ne voyais pas pourquoi il aurait inventé un truc pareil et il n'avait vraiment plus l'air d'être le type que j'avais pensé qu'il était dans les 10 premières minutes que j'avais passé avec lui la fois où on s'était rencontré. Je décidais quand même de poser plus de questions, après tout, plus j'en savais, mieux c'était pour en parler après avec Sasha. Si elle était comme il le disait, il serait compliqué d'avoir les informations de sa part à elle...

-Bon, si on suit ton raisonnement, pourquoi ne m'a-t-elle jamais parlé de cet accident ? Et pourquoi depuis un mois que je vis avec elle, j'ai jamais rien noté d'anormal ?

-Il me semble qu'il y a beaucoup de temps de tes journées où tu es avec Jean-Paul, mais crois moi, la drogue qu'elle prenait n'est pas le plus gros du problème. Il regarda sa montre puis dit. Je dois y aller maintenant, mais s'il te plaît n'en parle pas avec elle, ça pourrait être dangereux pour toi. Elle saurait que c'est moi qui te l'ai dit, pas grand monde connaît cette facette de l'histoire. Essaie juste de voir si j'avais raison. Observe la plus attentivement et si t'as besoin de quelque chose, même d'un hébergement, n'hésites pas à demander mon numéro à Jean-Paul.

Il se leva, se dirigea vers le comptoir et paya nos boissons avant de s'en aller avec un air préoccupé sur le visage. Je savais que je ne pouvais pas rester là parce que je devais retrouver Jean-Paul pour rentrer à l'agence et travailler mais n'avais pas envie de me lever. Je ne m'en sentais pas encore la force.

Après avoir attendu un certain temps, je finissais par rejoindre Jean-Paul sur la plage en présence de Marion et du manager de l'équipe dont j'avais (encore et toujours) oublié le nom, puis, après leur avoir dit au revoir à tous les deux, nous nous dirigions de nouveau vers la voiture de Jean-Paul et nous en allions pour retourner à l'agence. Il était déjà 18h30 et nous n'avions donc que 30 minutes de travail avant de rentrer chez nous.

Je n'avais rien de spécial à faire ayant fait mon travail avant de partir puisque je ne savais pas si nous reviendrions et attendais juste de voir si je recevais des appels pour prendre des rendez-vous dans la dernière demie-heure tout en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire de ma vie. Alors que tout s'était finalement bien arrangé dans celle-ci, il fallait qu'Ashton débarque avec cette bombe pour tout remettre en cause. Je pensais enfin avoir fini par rencontrer quelqu'un qui en valait la peine et qui allait être sincère avec moi mais finalement, il semblait que non.

Les mois passaient et je n'avais pas noté qu'Ashton ait eu raison. Sasha était normale. Nous avions mit un mot sur notre relation que nous avions définie comme étant une amitié avec avantages. Ou comme on aimait appeler ça, une amitié ++. Ça nous faisait bien rire mais on était heureuses de ça.

En théorie on était qu'amies, comme l'indiquait le titre qu'on donnait à la chose, mais en pratique, on savait très bien qu'il y avait plus que ça. On ne voulait juste pas avoir peur de se dire si un jour on avait besoin d'aller voir ailleurs. Elle et moi savions pour autant que c'était pas prêt d'arriver. On avait trouvé un équilibre plutôt stable autant sexuellement qu'émotionnellement et notre routine nous plaisait. Ou du moins, elle me plaisait et avait l'air de plaire à Sasha. Notre quotidien était devenu naturel et j'aimais aussi la façon fluide qu'on avait de se dire les choses quand il le fallait.

Tous les soirs nous partagions sur notre journée, qu'elle ait été très bonne ou très mauvaise et le week-end, on prévoyait ensemble ce qu'on allait faire durant la semaine suivante, pas de réunions tard le soir, pas de cachoteries, pas d'imprévus et ça me convenait.

Sasha avait le temps, j'avais maintenant largement le temps à mon tour et on s'en sortait vraiment bien.

L'histoire s'arrangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant