La journée avait pourtant bien commencé

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La journée avait pourtant bien commencé.

C'était la seule pensée cohérente du jeune professeur de défense contre les forces du mal, nommé Albus Dumbledore.

La journée avait pourtant bien commencé.

Il aurait dû se douter que c'était trop beau pour durer.

Albus posa son journal et embrassa son bureau du regard. Il y régnait un désordre apocalyptique. Ses chers instruments, tous plus étranges les uns que les autres, étaient éparpillés aux quatre coins de la pièce, des copies pas encore corrigées voletaient doucement, des livres gisaient sur le sol. Dans la cheminée, on pouvait distinguer une bague à moitié fondue, qui semblait être arrivée là dans un accès de rage.

Mais le plus étrange était sans aucun doute la pile impressionnante de journaux et la diversité de leurs langues. Ici en allemand, là en russe, à côté en français... Albus songea distraitement qu'il devrait inventer un sort de traduction. Il n'en comprenait pas un mot. Il fit un geste un peu trop brusque en essayant de saisir celui en anglais, et l'intégralité de la pile atterrit par terre.

- Merde ! jura le professeur. Merdemerdemerde. Merde ... La journée avait pourtant bien commencé...

Le matin même...

Albus frappa à la porte de son ami. Heureusement, il n'eut pas à attendre très longtemps.

- Albus ! Comment vas-tu ? s'exclama Elphias Doge en le serrant dans ses bras.

Albus lui rendit son étreinte un peu crispée avant de reculer. Le jeune homme le jaugea puis acquiesça d'un air approbateur.

- Ça te réussit plutôt bien d'être prof ! Tu as l'air...

Elphias hésita. Quel mot employer pour ménager son ami ?

- Heureux. Tu as l'air bien.

Le professeur lui adressa un sourire reconnaissant. Elphias avait toujours été extrêmement prudent dans sa façon de parler. La peur de vexer, de blesser l'amenait souvent à se taire, passant pour insensible. Albus savait que c'était tout le contraire. Et il l'appréciait pour cela.

Ils entrèrent dans la maison bras dessus bras dessous en entamant une discussion animée. Elphias fit assoir Albus sur un fauteuil et celui-ci en profita pour contempler la pièce, ignorant délibérément le regard scrutateur de son ami.

- Depuis le temps qu'on ne s'était pas vu ! Raconte-moi tout !

Le jeune professeur écarta les bras en riant.

- Que veux-tu que je te dise ? demanda-t-il.

Elphias leur servit deux tasses de thé.

- Eh bien... pour commencer, parle-moi de ton travail. Comment parviens-tu à supporter autant de mioches ? Citron ou menthe ?

- Pardon ? Ah oui le thé. Au citron, bien sûr. Et tu te trompes. Les élèves ne sont pas aussi horribles que tu le penses. Ils sont... bruyants, épuisants, têtes brûlées, roublards, farceurs, condescendants, naïfs et extraordinaires.

Ils me mettent face à mes faiblesses, ils me font sourire, ils pansent mes blessures, j'apprends d'eux mille fois plus qu'ils n'apprennent de moi, continua Albus dans sa tête. Ils me permettent d'être ce que je n'ai pas été pour Aria. Je n'ai pas changé, Elphias. Je suis toujours l'égoïste que seul mon frère a su voir. Je ne le fais pas pour eux. Je le fais pour moi.

Des coups frappés à la porte le tirèrent de ses pensées. Elphias se leva en marmonnant:

- Ah. Ça doit être Abelforth.

Le temps d'un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant