3 - Confidentiel

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Mardi 16 avril 2019

18h30, je prends la ligne 1 à la Défense. Comme toujours, je vise une place assise, et dans le bon sens. Viennent s'assoir, à côté de moi, une jeune femme, et en face, un homme. Ils sont dans leur bulle, plus rien, ni personne n'existe pour eux. Ah ! l'amour, quand tu nous envoûte ! Ils sont jeunes, élégants, bien payés, le monde leur appartient.

Allergique à la jeunesse amoureuse, je me plonge dans la lecture de mon roman, une histoire d'amour qui se termine mal, les meilleures. A côté de moi, il parle, il parle, il parle...elle écoute.

Soudain, dans leur conversation, ou plus exactement, son monologue, je surprends un nom qui m'est familier. Celui d'un haut responsable de la banque où je travaillais avant, et que je connais bien. Beaucoup de gens le connaissent, d'ailleurs. Et je comprends alors qu'il est en train de faire un compte-rendu très détaillé d'une réunion censée être confidentielle. Beaucoup de points sensibles sont exposés avec force et passion, notamment les luttes de pouvoir, les enjeux stratégiques, la situation de la banque. Il faut dire que le goût du détail est particulièrement apprécié dans les banques... la passion et l'enthousiasme, un peu moins. Il est évident que ces informations n'auraient jamais dû sortir de l'enceinte de la salle de réunion, et maintenant, tout Paris est au courant.

Franchement, jeune homme, comme parade amoureuse, tu aurais pu trouver mieux. Là, non seulement tu as perdu la jeune femme (depuis un moment déjà), mais tu vas aussi perdre ton job. Parce que ton nom est sur le badge que tu portes fièrement à la ceinture, et que je vais tout rapporter à la personne concernée, c'est-à-dire le haut responsable, ton chef, quoi... allez, je suis dans un bon jour, alors je ne vais pas donner ton nom.

Chroniques d'une Parisienne dans les Transports en CommunWhere stories live. Discover now