Mon père me regardait mal. Il me fusillait du regard. La dernière chose dont j'avais besoin, c'était d'une engueulade avec mon père. Et il devait avoir bu, encore. Tout ce que je voulais, c'était que ma mère me prenne dans ses bras, me berce jusqu'à ce que je tombe dans les bras de Morphée.
Mais il ne l'entendait pas de cette oreille. Il se leva et me gifla tellement violemment qu'il me poussa en arrière. Mon dos heurta le meuble d'entrée dans un bruit sourd et ma tête frappa le mur. Ma tête bourdonnait et mon père me criait dessus que je n'aurais jamais du partir et il commença à m'insulter et à me tirer par les cheveux. Je n'écoutais pas ce qu'il me disait. J'essayais de calmer la douleur dans mon crane et le bourdonnement dans mes oreilles.
J'avais oublié que ma mère avait assisté à cette scène jusqu'à ce qu'elle crie à mon père d'arrêter et le tire par le bras. Je crus le voir la pousser et la faire tomber au sol puis repartir au salon comme s'il n'avait rien fait.
Je redressai la tête et courus vers ma mère. Elle se releva, me prit par la main et monta avec moi à l'étage. Une fois assises sur mon lit, elle me prit dans ses bras et me serra tellement fort, comme j'en avais besoin. Elle me chuchotait, sa tête posée sur la mienne, qu'il ne s'en prendrait plus à moi comme ça, qu'il ne me toucherait plus. Dans ses bras, je me sentais protégée, en sécurité.
Elle avait mis du temps à se souvenir qu'elle avait encore une fille mais elle l'avait compris, elle s'occupait de moi. Ma pseudo-disparition lui avait peut-être un peu ouvert l'esprit.
Mais mon père, lui, l'avait complètement perdu, l'esprit. Il était embué dans son alcoolisme. Il n'était plus le père que j'adorais, que j'admirais. Il me décevait tellement. Je le détestais pour ce qu'il venait de faire. Décharger son chagrin par l'alcool passait encore, mais liberer sa colère sur moi comme il l'avait fait, aucun parent n'avait le droit de faire ça.
Mais ce qui m'avait fait le plus mal, c'étaient ses mots. Il m'avait salie, deshonorée. Je me sentais tellement hahie par lui. Il ne m'aimait plus du tout. Il voulait absolument me faire comprendre que j'étais responsable de la mort de mon frère et que c'est le mauvais enfant qui était là. Je me voyais a sa manière de me parler, de me regarder, mais pour la première fois de ma vie, il avait levé la main sur moi. Je ne pouvais plus que le détester.
J'étais déjà mal à cause de Lucas, mais a présent que mon père avait complètement pété un cable, j'avais terriblement mal au cœur. Je ne savais pas quoi faire pour faire taire cette douleur. Ma mère me lâcha au bout d'un moment en prenant mon visage dans ses mains.
- Je dois descendre Lena, je te remonte à manger ?
En temps normal, elle m'aurait obligé a descendre manger mais je crois que ce soir on avait tous atteint un point de non-retour. Elle avait décidé de changer, peut-être. Elle comprenait enfin que j'avais besoin d'elle, qu'elle ne pouvait pas laisser son second enfant qui est encore là. On souffrait tous mais on a pas tous réagi pareil à la mort de Justin. Alors que j'avais besoin qu'on me soutienne, ils m'avaient complètement laissée, étaient devenus complètement indifférents.
- Je sais pas, j'ai pas très faim maman. Et ne descends pas, il est peut-être encore fâché.
- Je te ramène quelque chose au cas où. Tu n'es pas obligée de le manger.
Elle s'en alla et me laissa seule recroquevillée sur mon lit. Je continuai a pleurer silencieusement. Je me levai chercher mon téléphone lorsque j'entends le bruit de ma sonnerie.
- Salut, c'est Thomas. J'ai eu des nouvelles de l'hôpital. Je voulais te prévenir. Il a été opéré dans l'après-midi. L'opération s'est bien passée et son état est stable même si il reste très faible.
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Tous nos jours comptés
RomanceL'on dit toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Mais lorsque ça vous tombe dessus, vous n'avez rien auquel vous acrocher, sauf ce petit brin d'espoir qui vous tient en vie dans cet océan de chagrin. Je suis une jeune fille ordinaire, avec une vie s...