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La route fut plus longue que je ne l'avais imaginé. Nous quittâmes la ville en activité et continuâmes dans la campagne. Je pensais qu'Edmond était un garçon plutôt de ville, mais maintenant il semblerait que mon intuition soit fausse. J'observai à travers la vitre pour essayer de trouver quelque chose d'intéressant mais il n'y avait rien, juste des champs d'herbe verte. Pas de maisons et pas d'activité. Juste quelque points blancs parmi les champs qui, je pense, devaient être des moutons.

"Dans quel intérêt l'as-tu acheté? Je crois que tu sais que nous avons pleins de gens dans notre maison d'été qui peuvent prendre soin de toi." Dit finalement son père.

"Ce n'est pas ton problème papa. Je l'ai acheté parce que je la voulais. Comme je l'ai dit, elle sera mon animal de compagnie."

Ils parlaient tous les deux comme si je n'existais pas.

"Raah.... Peu importe. Mais rappelle toi que tu en auras toute la responsabilité. Je ne pourrai pas moins m'en faire de qu'il pourrait lui arriver."

"Tu parles comme si tu en as déjà eu quelque chose à faire de trucs comme ça." Remarqua Edmond, mais son père n'en eut pas l'air affecté.

Je m'attendais à ce que son père se mette en colère après tant d'insolence de la part de son fils, mais il n'eut même pas l'air d'avoir entendu. Comment peut-il parler comme ça à son propre père? N'as-t-il aucun respect pour lui? Je ne pouvais rien comprendre à leur relation en si peu de temps, mais on pouvait croire qu'Edmond était la figure paternelle et son père, le fils. Très bizarre.

Je sentis la route sous les roues du carrosse être plus lisse, moins cahoteuse. Nous passâmes sur le pont de métal pour rentrer dans le jardin.. Je ne voyais pas ce qu'il y avait devant, ma vue étant bloquée sur ce qu'il y avait derrière. Un mur gris s'étendait de chaque côté, orné de sculpture de plantes peu communes, d'animaux et de démons.

Le carrosse s'arrêta et le père d'Edmond fut le premier à partir. Nous restâmes donc seuls. Il me regarda pendant un moment, sans essayer de sortir et rentrer chez lui.

"Bienvenue dans ta nouvelle maison, Théa." dit-il sérieusement.

L'instant d'après, il ouvrit la porte et sortit. J'entendis ses pieds cogner contre de fins graviers. Je le suivis dès qu'il me fit signe de sortir à mon tour. Des petits morceaux de cailloux écorchèrent mes pieds et je me demandais comment je allais faire pour arriver à la maison sans gémir de douleur.

Devant moi se tint une bâtisse que je n'imaginais pas. Ce n'était pas une maison, enfin pas une maison habituelle. Ça ressemblait plus à un château. La pierre polie était plus brillante que celle des murs. Un immense escalier menait à l'entrée avec des énormes doubles portes gardées de chaque côté. Il y avait beaucoup de sculptures détaillées mais elles étaient trop loin pour que je puisse les voir précisément. Il y avait aussi des vitres colorées, des arches et des piliers plus gros que ce que je n'avais jamais vu.

Je me souvins les avoir entendu dire que c'était une maison d'été. Je ne veux même pas imaginer à quoi ressemble leur maison principale. Ils étaient riche, très riche. Je n'avais jamais travaillé pour des gens aussi haut socialement, ce qui m'effrayait un peu. D'après mon expérience, j'ai appris que plus ils ont d'argent, plus ils sont cruels. Cette famille était beaucoup trop riche. J'espérais juste que mes attentes de la manière dont ils traitent les gens comme moi -les esclaves- étaient fausses.

Je suivis ce garçon plus loin à l'intérieur du château. J'avais affaire à la même luxure, c'était magnifique. Les peintures, les meubles, la décoration...

"Efface cet air stupéfait et dépêche toi. Je n'ai pas toute la journée." Dit Edmond me sortant de ma torpeur.

C'est partit.

Je m'attendais à ce que quelque chose de ce style sorte de sa bouche. Comment un garçon si jeune peut-il agir de la sorte? C'était sont juste mes premiers pas dans ce nouvel environnement, mais je vis déjà les ébauches d'attitude que je m'apprêtais à recevoir dans le futur.

Je le suivis en me dépêchant, mes petits pieds me faisant horriblement mal à chaque pas. Pour un si petit garçon, son rythme était rapide.

"FIONA! Fiona!" Cria Edmond dans tout le hall, ce qui me fit sursauter.

Une plus vieille femme sortit d'une des pièces autour entendant Edmond.

"Dis à Fiona de venir dans ma chambre maintenant et de se dépêcher."

"D'accord, jeune maître." dit-elle immédiatement.

Elle se précipita alors à l'autre bout du hall.

En quelques minutes, nous atteignîmes une chambre qui, je supposais, était la sienne. Il faisait sombre, dans des teintes différentes que le reste de la maison. Un lit gigantesque se tenait au centre collé contre un mur, avec des couvertures soyeuses et des coussins colorés. Le sol sous nos pieds était presque noir, fait d'une sorte de pierre et tellement poli que je me voyais presque dedans. À côté de son lit se trouvaient une couverture en peau d'animal inconnu, quelques armoires et des peinturent sur la nature. Il y avait aussi une porte menant.... qui sait où. Globalement ça ressemblait plutôt à une chambre de garçon.

Edmond me poussa un petit peu dans la direction de la porte à laquelle je pensais il y a quelques secondes. La poignée en or brillait intensément en face de moi et pendant un court instant, j'eus peur de la toucher à cause de la préciosité de ce bien insignifiant. Edmond m'ouvrit la porte et la maintint pour moi, avant que j'eus le temps de le faire moi même.

Une salle de bain.

Il faisait si sombre, des teintes de noir accentuaient tout, les jantes en or des meubles et de la pièce brillaient. Des grandes et minces fenêtres faisaient entrer juste assez de lumière, pour ne pas se faire engouffrer dans l'obscurité totale. Ça avait l'air plutôt jolie, quand on imaginait les rayons de soleil y rentrer pendant un jour ensoleillé. Au centre se dressait un bain de couleur or. Il était seul, comme une relique précieuse interdite d'être touchée.

Edmond, qui se trouvait désormais en face de moi, me toisa de haut en bas.

"Tu es dégoûtante. Je ne peux pas t'avoir autour moi comme ça."

J'avais déjà entendu des remarques de la sorte auparavant, et avec le temps je m'y étais habituée, mais les entendre de ce garçon me blessa. Le ton qu'il avait emprunté était dur et plein de jugement.

Je sentis une larme s'échapper et couler sur le long de ma joue.

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Née Pour Etre EsclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant