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Il faisait froid. Ma peau était gelée sous ma tunique sale et déchirée. Je pouvais sentir de fines gouttes d'eau tomber sur moi. C'était plus comme du brouillard, qui rend tout triste et gris. Et qui me faisait grelotter dans mes vêtements humides. Je pense qu'on était en milieu de journée. Je ne sais pas. Je n'ai pas levé mes yeux pendant des heures. La seule chose qui me l'indiquait était le constant brouhaha des discussions autour de moi. Les gens venaient au marché pour trouver de bons légumes, fruits, outils et esclaves. Et je faisais partit d'eux. Une esclave. Je crois que c'était ma seule utilité dans ma courte vie. Depuis que je peux m'en souvenir, j'ai travaillé comme une esclave. Il me semble que ça va faire 7 ans. Mais parfois je n'en suis même pas sûre. Je ne suis jamais allée à l'école, ni n'ai appris quelque chose d'utile comme lire ou compter. Juste le travail basique, mais pas assez pour que je puisse me débrouiller seule. J'étais donc assise sur une petite botte de foin, attendant que quelqu'un m'achète. Je refusais d'aller dans un autre endroit. Je voulais juste ne pas exister. Personne n'a jamais prit soin de moi. J'ai du endurer le travail plus que difficile, n'importe où j'allais. Différents propriétaires, différentes maisons de riches. Mais la même attitude partout... froide et cruelle. Comme si je n'étais pas humaine. Ils me battaient, me donnaient à manger mais juste assez pour rester en vie. Je vivais pire qu'un chien. Je voulais juste mourir. Rien dans ma vie ne me gardait ici. Je ne survivrai pas à un autre endroit. Cette fois je ne tiendrai pas.

J'entendais des personnes parler derrière moi, discutant des prix d'autres qui se tenaient à mes côtés. Je gardais ma tête basse et ne croisais le regard de personne. Je ne voulais pas être choisie.

Je sentis la main de quelqu'un examiner mes cheveux noirs et graisseux. Je ne m'embêtai pas à le regarder. Je voulais juste qu'il parte.

"On achète celle là!" Dit un petit garçon.

"Pourquoi! Regarde, elle est tellement petite, juste la peau sur les os. Elle ne va pas tenir longtemps. Tu n'as pas besoin d'elle. On peut trouver quelqu'un de mieux si tu veux." Lui répondit une voix grave.

"Papa, j'ai dit que je la veux." Le garçon avait l'air si sûr de lui. Comme s'il détenait du pouvoir sur tous les gens. Même sur son propre père, je suppose. Sa demande était claire, sa voix sévère et exigeante. Je sentis sa petite main toucher mon épaule, pendant qu'il la bougeai pour avoir mon attention, que je ne lui donnai pas. Je ne voulais pas être choisie.

"Eh, regarde moi!" M'ordonna-t-il.

Je ne bougeais pas.

"Tu vois, elle totalement désobéissante. Tu vas le regretter si tu la prends." Lui dit de nouveau son père.

Le petit garçon ne lui répondit pas. Il se pencha, un peu plus proche de moi, et repoussa quelques mèches de mes cheveux pour pouvoir mieux me regarder. Mes yeux étaient clos. S'il vous plaît pas moi, pas moi. Je répétais dans ma tête. Il caressa tout doucement mon menton de ses doigts, puis le releva pour que je sois face à lui. Comme je ne répondais pas, il releva ma tête plus brusquement et avec plus de force pour que je le regarde enfin.

"J'ai dit, regarde moi!" Dit-il en arborant une voix plus menaçante.

J'ouvris mes yeux bleus et pleins de larmes pour regarder le garçon qui m'embêtait.

Il n'avait pas l'air plus âgé que 10 ou 12 ans, avec des obscurs cheveux bruns parfaitement peignés en arrière. Ses vêtements étaient ceux d'un riche. Une chemise blanche entourait son cou, une veste bleue foncée couvrait son corps fin et le gardait au chaud. Et une écharpe noire était lâchement autour de son cou. Mais la chose la plus captivante fut ses yeux. Ils étaient presque blancs, avec une touche de violet dedans. Ils avaient l'air tellement étranges. Je n'avais jamais rien vu de pareil. Mes yeux ne pouvaient pas quitter les siens. Soudainement la réalité me rappela et je lui tourna le dos. Je ne suis pas censée le regarder. Pas comme ça. Je me mit en boule et regarda le sol en face de moi.

"Comment tu t'appelles?"

.....

"Comment tu t'..."

"Théa." Lui répondis-je, presque inaudiblement.

"Bien. C'est mieux. Tu ferais mieux de t'habituer à mes ordres."

"Edmond, tu vas vraiment l'acheter?" Demanda son père énervé

"Oui. Elle sera mon esclave personnelle. Seulement la mienne."

Mes yeux les regardèrent de nouveau. Je ne peux pas croire qu'ils vont m'acheter. Ce garçon va être mon maître?

Née Pour Etre EsclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant