Ⅱ-tOuTeS lEs ChOsEs

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Je vais sur mes vingt-cinq ans. Mes parents m'ont lâché à moi-même et je me suis retrouvé obligé de trouver un travail à plein temps afin de commencer ma "propre vie".

Je suis brillant, ils le savent.

Et il n'y a aucun doute, ceux-ci ne sont au courant de rien. Pas même d'un détail de cette... double face. Pour eux je ne suis que le glandeur qui préfère disparaitre du jour au lendemain et qui ne refait que surface lorsque ça l'arrange... Pour manger par exemple. Mais je me tais. Ils ne doivent rien savoir.

C'est mieux ainsi...



Je pénètre dans la batiste. Le balourd au visage patatoïde m'incite à prendre place. Je le toise d'un balayement de regard avant d'enfin m'installer sur la chaise qu'il m'a proposée.

— La visite a été à ton goût ―heu... Le temps que je m'en souvienne... Je suis désolé, hmm―

— Nurarihyon, Monsieur.

— Ah, oui... Donc la visite t'a plus ? Et si je peux me permettre, m'autoriserais-tu à te surnommer Nurari ? Je retiendrais mieux ainsi.

Je soupèse chaque lettre du surnom. Tout compte fait, il n'est ni trop affectueux ni trop froid puisqu'il s'agit seulement des trois premières syllabes de propre nom. Que cela puisse me permettre à entrer dans un terrain d'entente avec Enma, je n'en doute pas. Il me faut à tout prix le brosser dans le sens du poil.

— Non, cela ne me dérange pas. Appelez-moi comme bon vous semble. Pour ce qui en est de la visite, permettez-moi, à mon tour, d'insinuer qu'il ne s'agit pas de faire du tourisme dans le cas présent.

— Ha ha, ricana-t-il penaud.

Mince, je l'ai mis mal à l'aise.

— Enfin, pardon, repris-je, Au contraire, j'ai trouvé le lieu charmant et très apaisant.

— Tant mieux puisque ce sera ici que tu exerceras ton métier. D'ailleurs, serais-tu prêt dès maintenant à te mettre à la tâche ? J'ai pas mal de document à boucler et j'attendais justement l'aide de quelqu'un e―

— Ne vous inquiétez pas, j'y compte bien.

Pour continuer sur la bonne voie, je laisse éclore un petit sourire —presque invisible ; mais Enma le remarque et répond à son tour en explosant presque ses zygomatiques. Je suis pris d'un léger recul en tirant contre mon gré une grimace d'étonnement. Mais il ne me fait aucune remarque sur ce point car il se lève aussitôt.

— Suis-moi, Nurari.

J'emboite son pas.

Nous traversons des couloirs, des ruelles à foison, et croisons un panel de gardes figés comme des statues. S'il n'en tenait qu'à moi, je les virerais tous afin de me procurer uniquement deux garde du corps compétents ―mais rien ne dépend de moi, malheureusement.

Enma, ses énormes mains dans le dos, fini par en poser une sur mon épaule, bien qu'elle recouvre la totalité de mon buste. Puis me demande :

— Tu ne ferais pas parti d'une prestigieuse famille d'Oni ? Je ne me souviens pas non plus de leur nom... Tiens, c'est mon jour !

— Hein ? De quoi ?

— Ho... Heu, non. Oublis Nurari.

Il y a de nouveau un long silence de marbre.

— Ah ! Je vois mon bureau au bout de la venelle.

Enfin, pensais-je. Mes pieds commençaient à me faire souffrir, je dois avoir des ampoules.

𝙥𝙊𝙡𝙥𝙊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant