𝙥𝙊𝙡𝙥𝙊

Ⅴ-lE gRaNd MaNiToU

Ce matin-là, Enma aussi semblent beaucoup plus reposé. Je ne sais pas d'où il sort cette pêche... Mais je le soupçonne de profiter du retrait de Noruka et Soruka qui, apparemment, devaient y compris tourmenter ses nuits.

— Étrange... Je n'ai ni entendu Noruka... Et encore moins Soruka de la journée. Ils n'ont pas non plus touché à leurs gamelles. Tu saurais où ils se trouvent Nurari ?

— C'est drôle. Je pensais à eux.

— C'est beaucoup trop calme.

— Ah bon ? maugréais-je en examinant le fond de ma tasse, le menton appuyé contre ma main.

— Bon... Je ne vais pas m'en plaindre pour autant.

— C'est sûr... Ne vous faites pas des cheveux blancs pour ça.

Je pouffais au fond de mon esprit ; d'une façon si imperceptible que moi-même je peinais à m'en rendre compte. À charge de revanche ; les jumeaux avaient payé de leur existence les cataclysmes qu'ils causaient partout où ils posaient leurs petites quilles fragiles. Maintenant, je ne vais pas m'apitoyer sur leur sort. Ce qui est fait est fait, je dois juste prendre garde à ce que personne ne découvre le pot aux roses. Encore moins Enma et Shien...

Enma hausse les épaules puis me délaisse au milieu de ma mer de feuille. C'est drôle, mais j'ai l'impression que la taille de cette montagne empire de jour en jour.

J'expire.

C'est Shien qui vînt à moi.

Je tressaillis en le voyant venir, croyant qu'il allait me faire une mauvaise blague. Mais apparemment, ce n'était pas le but premier du jeune prince. Il me toisa de ses grands yeux pourpres avant de s'assoir sur l'un des coussins qui trainaient à même le sol.

— J'ai soif.

Je le dévisage un moment. Puis en voyant les traits de son visage se durcir, je comprends ce qu'il attend de moi... Le petit veut que le lui serve proprement sa boisson ―surement faute d'avoir la flemme de devoir se débrouiller de lui-même.

— J'ai soif, insiste-t-il.

Je me mets hâtivement à la tâche. Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi soudainement j'obéis au doigt et à l'œil de ce gamin. Surement à cause de mon stresse causé par ma crainte d'être mis à nu...

— J'ai soif.

C'est bon, j'ai compris ! hurlais-je dans ma tête. Il se veut oppressant.

Je me retourne face à lui, doté de l'expression la plus neutre que je puisse faire.

— Qu'est-ce que tu veux boire au fait ?

Il fait mine de réfléchir, surtout dans le but de me faire perdre patience.

— Du jus de litchi.

— Nous n'en avons pas...

— Je m'en fous... Je veux du jus de litchi !

Il fait maintenant son caprice.

Je souffle désespéré, puis sort du domaine royal pour assouvir les besoins du prince. Et c'est uniquement après avoir acheté le péché mignon de celui-ci que je revins à lui et eux la surprise de découvrir qu'il n'avait absolument pas bougé... Ne serait-ce même pas d'un poil.

— Tu es... resté là tout ce temps ?

— Non... Je suis allé me rouler dans l'herbe, j'ai tapé un arbre avec mon épée, puis je suis allé boire de l'eau au puit.