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Il devait-être quatre heures du matin. Naturellement, personne n'était réveillé. C'était en outre ce que je recherchais.

J'enfilai autre chose que ma tenue de conseillé ; un vêtement plus guindé que j'avais gardé en réserve, tassé au fond de ma valise.

Après avoir brossé et noué en queue de cheval basse mes longues mèches argentées, je m'extirpai à pas de velours de ma case.

Je partis en volant du palais telle une ombre qui passe.


Don Morleone et pas mal d'autres de ses bras cassés siégeaient en demi-cercle dans la presque totalité de la pièce. La grande table au milieu disposait bon nombre de bouteilles déjà sifflées et de boites à cigares presque vides.

On m'aida à retirer mon manteau et me présenta la place où je devais être. Don Morleone, toujours fidèle à lui-même, m'accueillit les bras ouvert en poussant un cri d'exaltation. Je remarquai au passage qu'il n'y avait aucune vitre sur aucun des murs... Après tout, nous étions dans un sous-sol du New Yorkai.

— Nous nous inquiétions. Pourquoi n'es-tu pas venu l'autre jour ?

— J'avais à faire.

— À faire, oui...

Je sentis son bras se resserrer autour de mon cou. Mon cœur s'accélère et mes tempes se remplissent de sang chaud au passage.

— Pourquoi ne bois-tu pas un coup ?

Cymballine se leva subitement.

— Je vais en chercher. Pour l'instant nous sommes assèche.

Les volutes de fumée qui imbibaient le sous-sol me faisaient tourner la tête. Je me retenais pour ne pas tousser... D'habitude, l'odeur du cigare ne me dérange pas... Je pense que je ne suis tout simplement pas disposé à entrer en contact pour l'instant, j'ai l'impression d'être ailleurs.

Étrangement, je n'avais qu'une hâte... Rejoindre le palais Enma pour continuer mon travail.

Je ne comprends pas ce retournement excessif. Cela me donne légèrement l'impression d'un T-shirt que l'on tourne et retourne, de tel à repasser l'envers.

On me sert un verre en m'allumant un cigare que je pince entre mes doigts. Je le pose discrètement à côté, ce, uniquement après l'avoir gratté contre ma semelle pour l'éteindre, tandis que j'ingurgite rapidement la boisson. On remplit à nouveau ma coupe à ras-bord.

— J'ai été très étonné du papier que tu m'as fait passer par l'intermédiaire de l'Agent X, reprit Don Morleone.

Il perd au passage son sourire factice.

— Alors comme ça, il y a plusieurs gosses dans la maison ?

— Oui.

— Je hais les gosses.

— Et moi donc.

— Et sont-ils particulièrement fouineurs ?

— J'ai des appréhensions pour l'un d'entre-deux... Autant dire que j'ai du mal à m'inquiéter des deux autres.

— Il ne faut croire personne Nurari.

— Je n'ai jamais dit que j―

— Tu baisses ta garde et c'est comme ça qu'ils traversent ta barrière, alarme Don Morleone d'un ton monotone.

— Je...

— En fait, tu dois imposer tes limites. Tu dois te rapprocher d'eux sans pour autant entrer dans un contact puissant afin qu'ils saisissent tes intentions.

𝙥𝙊𝙡𝙥𝙊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant