Partie 4

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Partie 4

PDV de Nadia

Après cette pensée, ma main à commencer à trembler, dois-je ouvrir ce drap ? Suis-je prête à assumer ce que je vais voir ? Non ! Je ne pense pas !

Je me rappelle du jour du décès de ma grand-mère. C'était pareil sauf que devant la dépouille de mamie j'ai tant pleuré et invoqué mais là je n'y arrive pas. Les gens penseront que je suis sans coeur. Ça c'est c'est qu'ils penseront mais moi je sais ce que je ressens.

Le drap était si frais et la main toujours tremblante, j'ai ouvert sur son visage. J'étais attentive à tout et tous, ma mère a éclaté en sanglots et j'ai entendu des femmes lui dire de faire des invocations et non pleurer. Je me pensai fragile ou même m'évanouir cependant la douleur était plus insoutenable, elle était totalement muette ma douleur.
La scène avait l'air tellement irréel, l'atmosphère était comment dirais-je ? Anormale, si singulièrement et ridiculement déplacée que j'eus retenus un rire nerveux. Razak avait l'air endormi. J'ai tenu sa main, malgré la fraîcheur de la salle, son corps était encore chaud. Je perds la tête ou il venait de me sourire ?

- Razak ? Razak ? Le tapotai-je pour vérifier mais non c'était ce que je voulais voir que je voyais.

Aucune réponse, il n'avait pourtant pas le sommeil lourd, c'était de ses hommes qui réfléchissaient trop tout en prenant les côtés positifs de chaque situation.

- Mon amour ? Tu dors n'est-ce pas ? C'est une blague ?

Étendu sur ce brancard dur et frais, il ne présentait aucun signe particulier, juste l'odeur de son parfum "gentleman" de chez Givenchy, son préféré. C'était bizarre de sentir cette odeur malgré cette situation. Il peut se séparer de tout sauf ce parfum, je me suis rappelé de notre première dispute à cause de sa façon exagérée de mettre du parfum.

Il était venu en congé et moi j'étais enceinte de 6mois, J'avais naturellement peur qu'il ne voit d'autres femmes à part moi car j'avais physiquement changé.
Ce jour-là, il s'était sérieusement fâché en sortant mais avant de partir, il m'avait dit ceci :

- Si seulement tu pouvais te voir à travers mes yeux, si seulement tu pouvais voir combien je te trouve toujours aussi séduisante que belle, belle ? Non tu es magnifique, tu es l'une de ses merveilles du monde même si tu ne le vois jamais. Pourquoi t'inventer une rivale qui n'existe pas ? Même si la grossesse peut te rendre grosse et moche, si cette situation peut atteindre des mois voire années moi je serai là, je n'irai jamais voir ailleurs parce que je suis l'auteur de cette grossesse. D'ailleurs, ton état t'embellit mais ça, tu ne le vois pas. Nadia ? T'avoir dans ma vie est mon plus grand bonheur et je ne veux jamais que nos mains se séparent. Je ne suis peut-être pas là physiquement mais dis toi que quand j'ai l'occasion de te voir chaque 24h dure qu'un instant à mes yeux. Je ne te dirai pas que si tu ne vois pas alors tant pis non ! Je te dirai de me dire ce que tu veux pour que tu vois à quel point je t'aime ! Je ne partais voir personne, j'ai d'ailleurs dit à celle qui t'aide à la cuisine de partir. Je sors oui mais pas pour aller voir des gens, je sors pour aller payer tout ce qu'il faut afin de te préparer ton plat préféré qui est devenu le nôtre. Laves-toi, fais-toi belle et viens m'attendre au salon.

Je me suis sentie bête et pas reconnaissante du tout. Il est sorti fâché mais était rentré avec le sourire au visage. Quel homme de cette génération l'aurait fait ?
Ah la vie ! comme elle peut être méchante. Chacun de nous à sa façon d'être dans son couple mais la nôtre était juste spéciale. Je me surprends à rire aujourd'hui en face de la "dépouille de l'homme de ma vie"

- Razak ? Chuchotai-je ! Razak ? Mon amour ? Comment la mort peut me séparer de toi ? Comment ? Tu te rappelles de toutes nos promesses ? Qu'est-ce que je vais devenir sans toi ? Tu m'as appris plein de chose mais jamais à vivre sans toi. Nous étions constamment en contact Razak ! Tu as décidé de t'en aller alors que notre bébé n'a même pas 4mois, je peux voyager, je peux me remarier, je peux tout faire c'est vrai et je sais que ce sont les choses que tu dis en ce moment mais je ne pourrai jamais avoir quelqu'un comme toi. Je pensais que même après la mort on aurait été ensemble. Je suis égoïste de ne pas pleurer face à ta dépouille ou de ne pas invoquer pour toi, depuis ce matin c'est ce qu'on me dit. Tu as besoin que d'invocation mais moi, moi, qui dit que je n'ai pas besoin d'extérioriser mes mots ? Je sais que tu m'entends, lèves-toi et allons-nous en ! Lèves-toi s'il te plaît. Tu n'as pas le droit de me faire cela, et nos projets ? Et notre vie ? Qui va éduquer mon fils ? Tu veux que je sois de ces femmes qui deviennent mère et père à leurs enfants ? Je suis prête à tout pour que tu reviennes en vie. Razak ? Réponds-moi au moins pour que je puisse me sentir un peu à l'aise.

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